Conte écrit par Hans Christian Andersen (1846)
de neige venaient tapisser les trottoirs. Une
petite fille marchait dans le froid, la tête et les
pieds nus. Sa mère lui avait bien donné des
pantoufles mais elles étaient trop grandes pour
elle.
Elle les avait perdues en traversant la rue et un
garçon était parti avec en courant... Ses pieds
gelés lui faisaient mal et ses mains étaient
rouges et toutes engourdies. Mais la pauvre fillette n'osait pas rentrer chez elle. Elle n'avait pas vendu une seule boite d'allumettes et son père la battrait sûrement.
Le vent glacial lui pinçait les joues et s'engouffrait dans son cou. Épuisée et transit
par le froid, elle alla se blottir contre un mur au coin d'une rue. Elle avait si froid,
la pauvre, si elle osait craquer une allumette, elle pourrait se réchauffer les doigts !
"Juste une, pensa-t-elle, papa ne s'en rendrait pas compte".
petite entoura la flamme de sa main et il lui sembla
qu'elle se trouvait devant un gros poêle en fer où
crépitait un bon feu. Elle voulut étendre ses jambes
pour les réchauffer mais tout à coup le poêle disparut.
L'allumette s'était éteinte. Alors la fillette en craqua
une autre. Cette fois-ci, elle éclaira le mur et put
voir à travers ! Il y avait une grande table avec une
jolie nappe et des bougies; de la vaisselle en
porcelaine et au milieu, une belle oie rôtie fourrée de marrons et de pommes. Comme elle sentait bon !
La petite fille tendit le bras pour y goûter mais ne toucha que le mur gris et froid. Le
festin avait disparu. Il ne restait qu'un bout d'allumettes noir et brûlé entre ses
doigts. Elle alluma encore une allumette et là, elle vit un immense sapin de noël. Le
plus beau qu'elle avait jamais vu. Il scintillait et ses branches étaient garnies de
mille petites lumières.
Mais l'allumette s'éteignit. Le sapin disparut et ses lumières se changèrent en
étoiles. En levant les yeux au ciel, la petite vit une étoile filante et pensa à sa
grand-mère qui était morte et qui lui avait dit :
- Quant une étoile s'éteint, c'est une âme qui monte au ciel.
Elle frotta une autre allumette et sa grand-mère apparut.
- Oh grand-mère ! s'écria la fillette, emmène-moi, je sais que tu partiras quand
l'allumette s'éteindra, comme le poêle, l'oie rôtie et le sapin !.
encore une autre pour retenir sa grand-mère. Elle en
frotta toute une poignée et sa grand mère parut
encore plus belle et plus grande. Alors elle prit la
fillette dans ses bras et toutes deux s'envolèrent vers
les étoiles où il ne ferait plus jamais froid.
Le lendemain matin, on retrouva la fillette morte de
froid, son petit corps à demi enseveli sous la neige.
Elle avait le sourire aux lèvres et personnes ne sut
ce qu'elle avait vu cette nuit-là, ni comment avec sa
grand-mère elle avait rejoint les étoiles.
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