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lundi 25 juin 2012

Raiponce

Grâce à la fleur d'or magique, la reine donne
naissance à la jolie princesse Raiponce. Mais
la sorcière, mère Gothel, l'enlève car les
cheveux magiques de Raiponce ont le pouvoir
de lui rendre sa jeunesse.

Raiponce grandit dans une haute tour cachée dans la
forêt. Elle voudrait sortir mais mère Gothel le lui interdit car elle a besoin de ses pouvoirs.

Un jour, le voleur Flynn dérobe la couronne royale ! Même Maximus, le cheval du
capitaine de l'armée du roi, veut l'attraper. Vite, Flynn va se cacher dans la tour perdue.

- Aide-moi à sortir ! ordonne Raiponce, ou je garde la couronne !

Raiponce est enfin libre ! Quel bonheur de pouvoir
courir ! Alors que mère Gothel part à leur recherche,
Raiponce et Flynn se réfugient dans une taverne.
Mais l'armée du roi arrive. Vite, ils s'échappent par
un passage secret sous la taverne.

Raiponce et Flynn sont sauvés ! Mais pendant ce
temps, mère Gothel engage les anciens complices
de Flynn pour retrouver le voleur et la princesse. Le
lendemain, il y a une fête à la citadelle. Raiponce va admirer le portrait de la princesse disparue.

Le soir, Raiponce et Flynn contemplent les lanternes flottantes dans le ciel. Quand
elle était dans sa tour, Raiponce regardait ce spectacle de loin chaque année, le soir
de son anniversaire.

- J'ai attendu ce moment toute ma vie ! dit-elle émue.

Malheureusement, Flynn est arrêté par ses anciens
complices ! Abandonnée, Raiponce rentre à la tour.
Mais bientôt, elle comprend qu'elle est la princesse
disparue et que mère Gothel l'a enlevée.

Pendant ce temps, le cheval Maximus qui est devenu
ami avec Flynn réussit à le délivrer. Vite, Flynn
grimpe à la tour pour libérer Raiponce... mais là, mère
Gothel le poignarde !

Pour le sauver, Raiponce promet de ne jamais quitter la tour. Mais Flynn refuse qu'elle
sacrifie sa liberté et coupe ses cheveux magiques ! Mère Gothel se met alors à vieillir
très vite et disparaît en poussière. 

- Comment te sauver maintenant ? pleure Raiponce.

Et une larme roule sur Flynn. Hourra ! Les larmes de
Raiponce possèdent aussi la magie de la fleur d'or et
Flynn guérit aussitôt. Vite, ils vont au château où
Raiponce retrouve avec bonheur ses parents qui ne
sont autres que le roi et la reine.

Raiponce et Flynn échangent un baiser, alors que des
centaines de lanternes sont envoyées dans le ciel pour
célébrer le retour de la princesse en son royaume.


Raiponce - Mon histoire du soir (Disney / Hachette jeunesse)

Le frère de Jean Malpropre

Il y avait une fois un garçon petit qui était si
désordonné qu'on l'appelait Jean Malpropre.
Il laissait ses livres traîner sur le plancher et
mettait ses bottines crottées sur la table; il
fourrait ses doigts dans les confitures et
renversait l'encrier sur son tablier neuf.

Jamais on n'avait vu pareil désordre. Un
jour, la fée Soigneuse entra dans la chambre
de Jean; et si vous aviez vu la figure qu'elle fit !

- Ca ne peut pas continuer comme ça, dit la fée. Il n'y
   a pas de fin à votre désordre. Allez dans le
   jardin et jouez avec votre frère pendant que
   je mettrai les choses en ordre ici.
- Je n'ai point de frère, dit Jean.
- Oh ! si, vous en avez un, dit la fée. Peut-être que
   vous ne le connaissez pas, mais il vous reconnaîtra
   bien, lui. Allez dans le jardin et attendez-le. Il
   viendra certainement.
- Je ne sais pas ce que vous voulez dire, fit Jean;

Mais il descendit tout de même au jardin et commença à jouer avec la boue. Bientôt,
un petit écureuil sauta par terre, remuant sa jolie
queue touffue.

- Est-ce vous qui êtes mon frère ? demanda le petit
   garçon.

L'écureuil le toisa du haut en bas.

- Eh bien ! j'espère que non, dit-il. Ma fourrure est
   bien brossée, mon nid proprement fait et mes
   enfants sont très bien élevés. Pourquoi est-ce que
   vous m'insultez avec votre question ?

Il sauta sur un arbre, et Jean Malpropre attendit. Un petit rouge-gorge arriva en
sautillant.

- Etes-vous mon frère ? demanda Jean.
- Non, vraiment ! fit le rouge-gorge. Il y a des gens d'une
   impertinence !... Vous ne trouverez personne d'aussi
   soigné que moi dans tout le jardin, mon cher. J'ai passé
   toute la matinée à lisser mes plumes, et je voudrais que
   vous voyez ma femme couver nos oeufs ! Ils sont si
   doux et si propres ! Votre frère en vérité ! Vous n'y
   pensez pas !

Il hérissa ses plumes, et s'envola, et l'enfant attendit. Un peu après, arriva un beau chat angora. Il avançait avec précaution pour ne pas se salir les pattes.

- C'est vous qui êtes mon frère ? demanda le petit garçon.
- Allez vous regardez dans la glace ! repartit le chat avec hauteur. Depuis ce matin,
   je me lèche au soleil, et on voit bien que vous ne vous
   léchez pas, vous ! Il n'y a personne de votre espèce
   dans ma famille, je suis heureux de vous le dire.

Il fit le gros dos et s'en alla, et jean se sentit assez
déconcerté. Bientôt après, un cochon arriva en
trottant. Jean Malpropre n'avait pas envie de rien lui
demander, mais le cochon n'attendit pas longtemps.

- Bonjour frère, grogna-t-il.
- Je ne suis pas votre frère, dit l'enfant.
- Oh ! que si, dit le cochon. J'avoue que je ne suis pas
   très fier de vous, mais on reconnaît partout
   les membres de notre famille. Venez vite;
   nous irons prendre un bon bain dans la
   mare, et nous rouler sur le fumier.
- Je n'aime pas à aller vers le fumier, dit Jean.
- Racontez ça aux poules, voulez-vous ? dit le
   cochon. Regardez vos mains, et vos pieds,
   et votre tablier ! Venez, allons ! Nous aurons
   du bon temps, et vous pourrez avoir de la
   lavasse et du son pour dîner, s'il en reste.
- Je ne veux pas de lavasse ! cria Jean, et il se mit à pleurer.

Juste à ce moment, arriva la fée Soigneuse.

- J'ai tout rangé et tout nettoyé, dit-elle, et il faudra que cela reste ainsi, à présent.
   Voulez-vous aller avec votre frère ou venir avec moi et apprendre à être propre ?
- Avec vous ! avec vous ! cria Jean en s'accrochant à la robe de la fée.
- Tant mieux ! grommela le cochon, c'est une petite perte. Il y aura davantage de
   lavasse pour moi !

Et il s'en retourna.

Histoires à raconter - Histoires de souris et de poules
(Sarah Cone Bryant - Jean-Claude Luton / Nathan)

dimanche 24 juin 2012

Le plus rusé n'est pas toujours celui qu'on croit

Tortue-d'eau se promenait un jour, grignotant de-ci
de-là feuilles charnues et plantes grasses. Elle était
tellement occupée à manger qu'elle ne remarqua pas
à quel point elle s'écartait de l'eau. Elle s'éloigna
encore et encore. Le soleil monta dans le ciel et la
température devint de plus en plus élevée.

A midi, la chaleur était intolérable. Tortue-d'eau ne
supportait pas la chaleur - elle habitait un frais
ruisseau - et elle était sur le point de mourir. Elle tenta
de regagner l'eau, mais elle marchait très lentement et
son ruisseau était bien trop éloigné. Elle réussit à se traîner jusqu'à un trou et se mit à crier :

- Ouille, ouille, ouille !

Coyote passait par là. Il entendit Tortue-d'eau crier et se dit :

- Voilà quelqu'un qui chante.

Il se dirigea vers l'endroit d'où provenaient les
cris et trouva Tortue-d'eau dans son trou.

- Ton chant est très agréable...
- Je ne chante pas, le coupa Tortue-d'eau, je
   crie
- Ca n'a pas d'importance, rétorqua Coyote.
   Tu vas m'apprendre quelques chants de
   tortue, puis j'allumerai un feu, je te ferai
   cuire et je te mangerai.
- Tu n'es qu'un ignorant, sinon tu saurais que
   les tortues résistent au feu. Les flammes
   ne peuvent rien contre nous. On ne peut pas
   nous faire cuire.
- Alors je vais te mettre sur le dos en plein soleil.
   Quand tu seras fatiguée, tu relâcheras tes
   défenses et ta carapace s'ouvrira. A ce moment-là, je pourrai te manger.
- Tu es vraiment stupide, autrement tu saurais que nous, les tortues, ne sommes jamais
   fatiguées et que notre carapace ne s'ouvre que si nous le voulons bien.
- Alors je te monterai en haut d'une falaise et je te laisserai tomber de là-haut sur les
   rochers. Ta carapace éclatera en mille morceaux, et je n'aurai plus qu'à me régaler
   de ta chair.
- Tu es décidément le plus bel imbécile que j'ai jamais rencontré ! Ne sais-tu pas que
   notre carapace est plus dure que la pierre, plus résistante que tout au monde ? Il est
   impossible de la briser.
- Alors, je vais te jeter dans le ruisseau le plus proche et l'eau fera fondre ta carapace !
   Tu te noieras et il ne me restera plus qu'à te manger !
- Ouille, ouille, ouille ! Par pitié, ne fais pas ça ! s'écria Tortue-d'eau. J'en mourais. Je
   me noierais et ma carapace fondrait. L'eau serait ma mort. Par pitié, cher, très cher
   Coyote, ne me jette pas dans le ruisseau !
- Quel est le plus stupide de nous deux ? ricana Coyote. Tortue-d'eau, pauvre idiote,
   tu t'es trahie !

Coyote prit Tortue-d'eau dans sa gueule, courut aussi
vite qu'il put jusqu'au ruisseau le plus proche, et la jeta
dans le courant. Tortue-d'eau refit surface, arborant un
large sourire, et cria :

- Merci, merci beaucoup, cher, très cher coyote, de
   m'avoir ramenée chez moi. Tu m'as sauvé la vie !

Coyote s'éloigna, secouant la tête et grommelant :

- Tortue-d'eau a plus de cervelle que je ne le pensais.
   Elle s'est montrée plus maligne que moi, mais j'aurai plus de chance la prochaine fois !


Mon Pemier Larousse - Histoires du Soir Les Animaux (Larousse)

jeudi 21 juin 2012

Comment le sapin devint un arbre de noël

Quand vous vous serrez autour du sapin de noël,
et que vous regardez avec des yeux avides les
jouets suspendus à ses branches, vous êtes-vous
jamais demandé pourquoi c'est cet arbre-là et non
un autre qui est toujours choisi pour faire un arbre
de noël ?

Le beau sapin sombre à l'air si majestueux quand il
est illuminé de mille bougies et chargé du bas au faîte
que vous ne devineriez peut-être pas qu'il est le plus
modeste de tous les arbres ? Mais c'est ainsi, et c'est
à cause de sa modestie qu'il a été choisi pour porter la joie de noël aux enfants.

Voici l'histoire. Quand l'enfant Jésus naquit, toutes les choses animées, dans le monde,
en eurent une grande joie. Et chaque jour des gens venaient voir le petit enfant, et lui
apporter d'humbles présents. Près de l'étable où il reposait se trouvaient trois arbres,
un palmier, un olivier et un sapin.

En voyant les gens aller et venir sous leurs branches, ils furent saisis du désir de donner
aussi quelque chose à l'enfant Jésus. Le palmier dit :

- Moi, je vais prendre ma plus grande palme,
   et je la mettrai près de la crèche, pour
   éventer doucement le petit enfant.
- Et moi, dit l'olivier, je presserai mes olives
   pour oindre ses petits pieds.
- Que puis-je donner à l'enfant, moi ?
   demande le sapin.
- Vous ? dirent les autres. Vous n'avez rien à offrir.
   Vos aiguilles pointues piqueraient le bébé, et vos larmes sont résineuses.

Le pauvre sapin se sentit malheureux, et il dit avec tristesse :

- Vous avez raison. Je n'ai rien d'assez bon pour être offert au petit enfant.

Un ange se tenait là tout près, qui entendit ce qui se passait. Il eut pitié du sapin, si
humble et si dépourvu d'envie, et il résolut de l'aider. Tout en haut, dans le ciel, les
étoiles commençaient à briller. L'ange demanda à quelques-unes de descendre et de
se poser sur les branches du sapin.

Elles le firent volontiers et le grand arbre fut
tout illuminé. De l'endroit où il reposait, le petit
enfant pouvait le voir et ses yeux brillèrent
devant les belles lumières et le sapin en fut tout
réjoui.

Longtemps après, les gens qui savaient cette
histoire prirent l'habitude de faire briller dans
chaque maison, la veille de noël, un sapin tout
garni de bougies allumées, comme celui qui
avait brillé devant la créche.

Et c'est ainsi que le sapin fut récompensé de son humilité. Sûrement, il n'est aucun
arbre qui éclaire autant d'heureux visages !

Histoires à raconter - Histoires de souris et de poules 
(Sarah Cone Bryant / Jean-Claude Luton - Nathan)

mercredi 20 juin 2012

De belles couleurs pour qui le mérite

Autrefois, le geai avait une très vilaine couleur. Mais comme
il vivait près d'un lac, il décida de s'y baigner quatre fois
chaque matin, pendant quatre jours. Tous les matins,
l'oiseau chantait :

- Il existe une eau bleue, là-bas. Je m'y suis baigné. Je suis
   tout bleu.

Le matin du quatrième jour, il perdit toutes ses plumes. Mais
au matin du cinquième jour, il ressortit de l'eau avec des
plumes bleues. Pendant tout ce temps, Coyote était resté à
l'observer. Il avait envie de plonger dans l'eau et de l'attraper, mais en fait il avait peur de l'eau. Le cinquième jour, il lui demanda :

- Comment se fait-il que ta vilaine couleur soit toute partie et que tu sois maintenant
   bleu, gai et magnifique ? Tu es vraiment le plus beau de tous les oiseaux, sans
   exception. Moi aussi j'ai envie d'être bleu.

En ce temps-là, Coyote était vert vif. L'oiseau
lui répondit :

- Je me suis baigné quatre fois, et il lui enseigna
   sa chanson.

Alors, Coyote se baigna quatre fois et la
cinquième fois, quand il ressortit de l'eau, il
était aussi bleu que le petit oiseau. Il en était
très fier. En marchant, il regardait de tous les
côtés pour voir si on remarquait comme il
était beau et bleu. Il regardait son ombre pour voir si, elle ausi, était bleue, et donc il ne voyait pas où il allait.

Ce qui fait qu'il se cogna dans une souche d'arbre, si fort qu'il tomba à la renverse et
se retrouva couvert de poussière de la tête aux pieds. C'est pour cela que, depuis
cette époque, tous les coyotes sont couleur de poussière.


Histoires du soir, les animaux - Mon Premier Larousse (Larousse)

mardi 19 juin 2012

Le Corbeau et le Renard


Maître Corbeau, sur un arbre perché,
tenait en son bec un fromage.
Maître Renard, par l'odeur alléché,
lui tint à peu près ce langage :

- Hé ! bonjour, monsieur du Corbeau,
   que vous êtes joli ! que vous me semblez beau !
   sans mentir, si votre ramage se rapporte à votre plumage,
   vous êtes le phénix des hôtes de ses bois.

A ces mots le Corbeau ne sent plus de joie;
et pour montrer sa belle voix,
il ouvre un large bec, laisse tomber sa proie.
Le Renard s'en saisit, et dit :

- Mon bon monsieur, apprenez que tout flatteur
   vit aux dépens de celui qui l'écoute; Cette leçon
   vaut bien un fromage, sans doute.

Le Corbeau, honteux et confus, jura,
mais un peu tard, qu'on ne l'y prendrait plus.

Jean de La Fontaine


La cigale, le renard et les autres (Jacques Charpentreau - le livre de poche / fleurs d'encre)

Après nous le déluge

Zeus, le dieu des dieux, voulut détruire la race des
hommes. Il déchaîna les vents et les orages. Il fit
pleuvoir des trombes d'eau. Les mers et les fleuves
se soulevèrent. Les hommes, surpris en pleine nuit,
se noyaient dans le flot.

Seuls Deucalion et Pyrrha eurent le temps de
grimper dans une barque. Deucalion était le
fils du titan Prométhée. Il était marié à sa cousine Pyrrha, fille d'Epiméthée. Tous deux respectaient les dieux.

Zeux apitoyé par leurs prières, décida de les épargner. Au bout de neuf jours, il
calma les éléments. Quand l'eau commença à se retirer, la barque de Deucalion et
de Pyrrha se trouvait au sommet de la plus haute montagne.

- Qu'allons-nous faire ? gémissait Deucalion.

Ils aperçurent un temple, dont le toit émergeait.
Quand les eaux eurent encore baissé, ils s'en
approchèrent. Là, ils implorèrent Zeus :

- Dieu des dieux, si tu nous as gardés en vie, ne
   nous laisse pas seuls !

Une voix leur répondit :

- Jetez derrière vous les os de votre mère, et vous aurez une descendance.

Deucalion et Pyrrha se regardèrent, interloqués.

- C'est moi la mère ? s'indigna Pyrrha. Jeter mes os derrière nous ? Ca va pas, non !


Deucalion la reprit :

- Mais non, tu as mal entendu : les os de VOTRE mère.

L'oracle s'adressait à nous deux, et nous deux, c'est toute l'humanité. Et la mère de
l'humanité, c'est...

- Euh...
- C'est la terre, voyons !
- Mais la terre n'a pas d'os !

A ce moment-là, Deucalion trébucha sur une pierre.
Pendant qu'il grognait en se frottant l'orteil, Pyrrha
s'exclama :

- Les os de la terre, ce sont les pierres !

Alors, ils ramassèrent tous les caillous qu'ils purent
trouver, même les plus petits. Puis ils les jetèrent
en arrière, par-dessus leurs épaules, jusqu'à en
avoir mal aux bras.

Des pierres lancées par Deucalion naquirent des hommes; de celles jetées par Pyrrha jaillirent des femmes. C'est ainsi que la terre porta une nouvelle humanité.


Sagesses et malices des dieux grecs (Laure Mistral / Benoît Jacques - Albin Michel)

samedi 16 juin 2012

La petite princesse Ratonne

Il y avait une fois un rat qui prétendait être le roi
de sa tribu. A cause de cela, on l'appelait le roi
Raton, et sa fille se nommait la princesse
Ratonne. Ratonne demeurait avec ses parents
dans une grande rizière, là-bas, au fin fond du
Japon.

Ratonne était fort jolie; et ses parents en étaient
si follement orgueilleux qu'ils ne trouvaient personne d'assez riche pour jouer avec elle. Quand elle fut en âge d'être mariée, ils ne voulurent laisser aucun prince du royaume des rats venir près d'elle et déclarèrent qu'ils n'accepteraient pour gendre que le plus puissant personnage du monde.

Et comme ce puissant personnage ne paraissait pas vouloir se montrer, le roi
Raton s'en alla trouver son oncle, un vieux rat très savant, lequel déclara que le
plus puissant personnage du monde devait être le soleil, puisque sans lui le riz ne
mûrirait pas; de sorte que le roi se mit en marche pour aller trouver le soleil.

Il grimpa sur la plus haute montagne, courut le long d'un arc-en-ciel, et finit par
arriver à la caverne de l'Ouest, où le soleil se reposait.

- Que veux-tu de moi, petit frère ? dit le soleil
   avec bienveillance, quand il le vit.
- Je viens, dit le roi Raton avec beaucoup de
   cérémonie, vous offrir la main de ma fille, la
   princesse Ratonne, parce que vous êtes le
   plus puissant personnage du monde, et que
   personne d'autre n'est digne d'elle.
- Ha ! ha ! fit le bon gros soleil, en riant et clignant de l'oeil. Si c'est comme ça, petit frère, je te suis très obligé, mais la princesse Ratonne n'est pas pour moi; le nuage est plus puissant que moi, car, quand il me cache, je ne brille plus.
- Oh ! alors, fit le roi, en effet, vous n'êtes pas mon homme.

Et, sans même dire bonjour, il s'en alla, pendant que le soleil riait et clignait de l'oeil
de nouveau. Le roi Raton monta, et monta encore, jusqu'à ce qu'il arrivât à la
caverne du Sud où le nuage se reposait.

- Que veux-tu de moi, petit frère ? soupira le nuage
   dès qu'il le vit.
- Je viens vous offrir la main de ma fille, la princesse
   Ratonne, parce que vous êtes le plus puissant
   personnage du monde; le soleil l'a dit, et personne
   d'autre n'est digne d'elle.
- Le soleil s'est trompé, dit le nuage en soupirant de
   nouveau. Je ne suis pas le plus puissant personnage
   du monde. Le vent est plus puissant que moi, car, quand il souffle, je ne puis lui résister,
   et il me faut aller là où il m'envoie.
- Alors, vous n'êtes pas mon homme, dit le roi avec hauteur.

Et il se mit en route pour aller trouver le vent. Il voyagea, voyagea à travers le ciel, jusqu'à
ce qu'il arrivât à la caverne de l'Est où le vent se reposait. Quand le vent le vit arriver,
il éclata d'un rire qui faisait trembler la terre, et lui dit :

- Ho ! ho ! que veux-tu de moi, petit frère ?

Et quand le roi lui eut dit qu'il venait lui offrir la main
de la princesse parce qu'il était le plus puissant
personnage du monde, il gonfla ses joues, fit entendre
un sifflement terrible, et dit :

- Non, non, je ne suis pas le plus puissant ! Le mur que les hommes ont fait est
   plus puissant que moi, car je n'ai pas pu le renverser, malgré mes efforts. Va trouver 
   le mur, petit frère !

Et le roi Raton dégringola du ciel et voyagea, voyagea, jusqu'à ce qu'il arrivât
au pied du mur que les hommes avait fait. Il était tout près de sa propre rizière.

- Que veux-tu de moi, petit frère ? grommela le mur
   quand il le vit.
- Je viens vous offrir la main de la princesse, ma fille,
   parce que vous êtes le plus puissant personnage
   du monde, et personne d'autre n'est digne d'elle.
- Hou ! hou ! grommela le mur; ce n'est pas moi le
   plus puissant; le rat gris qui vit dans la cave est
   plus fort que moi. Avec ses dents, il ronge et il
   ronge, mes moellons s'émiettent, et je finirai par
   crouler. Va trouver le rat gris, petit frère.

De sorte qu'après tout, le roi Raton dut marier sa fille à un rat. Mais la princesse
Ratonne fut très contente, parce que tout le temps, elle avait eu envie d'épouser
le rat gris.

Histoires à raconter - Histoires de souris et de poules 
(Sarah Cone Bryant - Jean-Claude Luton / NATHAN 

vendredi 15 juin 2012

Héraclès sous un ciel de plomb

Zeus, le dieu des dieux, avait condamné le géant
Atlas à une peine très ennuyeuse : il devait porter
la voût du ciel sur son dos pour l'éternité. Un
jour, le demi-dieu Héraclès vint le voir :

- Mon maître m'a chargé de lui rapporter des
   pommes d'or du jardin de tes filles, Les
   Hespérides. Pourrais-tu m'aider ?
- Mais bien sûr, dit le géant. Si tu veux bien te
   charger de ce léger fardeau, je vais de ce pas
   cueillir quelques pommes.

Sans réfléchir, Héraclès souleva le ciel des épaules d'Atlas et le déposa délicatement
sur les siennes. Puis il attendit, en grimaçant.

- Que le ciel est lourd ! gémissait-il.

Atlas revint au bout de plusieurs jours. Malgré sa force
légendaire, Héraclès n'en pouvait plus : tous les muscles
lui faisient mal, les veines de son cou allaient exploser
sous l'effort, il transpirait comme un boeuf.

- Voici les pommes, cher Héraclès, dit le géant, tout
   sourire. Je vais les porter moi-même à ton maître.
   Je ne l'ai pas vu depuis longtemps, et tu sembles t'acquitter fort bien de ta
   tâche.

Héraclès palit. Il comprit que le géant allait
l'abandonner pour toujours avec cette
charge terrible sur le dos. Comment faire ?
Il ne pouvait pas non plus laisser tomber
le ciel comme ça !

- Eh bien, euh... J'ai très mal au cou. Prends
   le ciel cinq minutes pendant que je vais me
   chercher un petit coussin.

Et hop ! Rassemblant ses dernières forces, il
souleva le ciel à bout de bras et l'envoya à Atlas, qui le rattrapa de justesse.

- A tout de suite, l'ami ! Merci pour les pommes.

Et il s'enfuit en courant rejoindre son maître. Atlas ne le revit jamais.


Sagesses et malices des dieux grecs (Laure Mistral - Benoît Jacques / Albin Michel)

Le veau

Il y avait une fois un petit garçon qui avait été bien sage, bien
sage. Alors, pour son petit noël, son papa lui avait donné un
veau.

- Un vrai ?
- Oui, sara, un vrai.
- En viande et en peau ?
- Oui, sara, en viande et en peau.
- Qui marchait avec ses pattes ?
- Puisque je te dis un vrai veau !
- Alors ?
- Alors, le petit garçon était bien content d'avoir un veau; seulement
   comme il faisait des saletés dans le salon...
- Le petit garçon ?
- Non, le veau... Comme il faisait des saletés et du bruit et qu'il cassait les joujoux
   de ses petites soeurs...
- Il avait des petites soeurs, le veau ?
- Mais non, les petites soeurs du petit garçon... Alors, on lui bâtit une petite cabane
   dans le jardin, une jolie petite cabane en bois...
- Avec des petites fenêtres ?
- Oui, Sara, des tas de petites fenêtres et des carreaux
   de toutes les couleurs... Le soir, c'était le réveillon.
   Le papa et la maman du petit garçon étaient invités à
   souper chez une dame. Après le dîner, on endort le
   petit garçon et ses parents s'en vont.
- On l'a laissé tout seul à la maison ?
- Non, il y avait sa bonne... Seulement le petit garçon
   ne dormait pas. Il faisait semblant. Quand la bonne a été couchée, le petit garçon s'est levé et il a été trouver des petits camarades qui demeuraient à côté...
- Tout nu ?
- Oh ! non; il était habillé. Alors, tous ces petits polissons, qui voulaient faire réveillon
   comme les grandes personnes, sont entrés dans la maison, mais ils ont été bien
   attrapés, la salle à manger et la cuisine étaient fermées. Alors, qu'est-ce qu'ils ont fait ?...
- Qu'est-ce qu'ils ont fait, dis ?
- Ils sont descendus dans le jardin et ils ont
   mangé le veau...
- Tout cru ?
- Tout cru, tout cru.
- Oh ! les vilains !
- Comme le veau cru est très difficile à digérer,
   tous ces petits polissons ont été très malades
   le lendemain. Heureusement que le médécin
   est venu ! On leur a fait boire beaucoup de
   tisane et ils ont guéris... Seulement, depuis ce moment-là, on n'a  
   plus jamais donné de veau au petit garçon.
- Alors, qu'est-ce qu'il a dit, le petit garçon ?
- Le petit garçon ?... Il s'en fiche pas mal !


365 Contes de gourmandises (Muriel Bloch - Luda - Hatier)

jeudi 14 juin 2012

L'histoire de Tawots, le petit lapin

Ceci est une histoire qu'une femme peau-rouge
raconta une fois à un petit garçon blanc qui
demeurait avec ses parents tout près des
réserves indiennes. Tawots est le nom indien
du petit lapin.

Mais autrefois, Tawots n'était pas petit; Il était
très grand. C'était le plus grand des animaux à
quatre pieds, et un puissant chasseur. Il avait
l'habitude de partir chaque jour pour la chasse, à l'aube, aussitôt qu'on y voyait assez pour se conduire.

Mais chaque matin aussi, il voyait devant lui la trace d'un grand pied sur le sentier.
Cela le vexait, car son orgueil était aussi grand que son corps.

- Qui est celui-là qui va chasser avant moi et qui fait de si grands pas, cria-t-il ?
   Est-ce qu'il veut me faire honte ?
- Tut ! dit sa mère, il n'y a personne au monde de plus grand que toi.
- Non; Mais, il y a des pas sur le sentier, dit Tawots.

Le matin suivant, il se leva encore plus tôt, mais il vit de nouveau les grandes
empreintes.

- Bon, dit Tawots; Je vais faire un piège pour attraper cette impudente bête !

Et comme il était rusé, il fit un piège avec la corde de son arc et le plaça sur le
chemin. Et quand il alla voir sa trappe le lendemain matin, voilà ! il avait attrapé
le soleil ! Toute cette partie de la terre commençait à fumer, tellement il y faisait
chaud !

- Est-ce toi qui as laissé ces marques sur mon sentier ? cria Tawots
- Oui, c'est moi, dit le soleil; mais dépêche-toi de me faire sortir, si tu ne veux
   pas que toute la terre brûle.

Tawots vit ce qu'il fallait faire; il tira son
couteau et courut en avant pour couper
la corde, mais la chaleur était si grande
qu'il sauta en arrière avant de l'avoir fait, 
et quand il voulut revenir, il était fondu à
la moitié de sa grandeur !

Alors la terre commença à brûler, et la
fumée montait en se tortillant vers le ciel.

- Reviens ! Tawots ! cria le soleil.

Tawots courut de nouveau pour couper la corde. Mais la chaleur était si grande
qu'il sauta en arrière avant d'y être arrivé, et il fut fondu jusqu'au quart de sa
grandeur !

- Reviens, Tawots ! cria le soleil, et vite, ou toute la terre va brûler.

Et Tawots repartit derechef. Cette fois, il coupa la corde, et le soleil put remonter
dans le ciel. Mais le pauvre Tawots était réduit à la grandeur qu'il a maintenant !

Seulement, lorsqu'il court sur une route, vous pouvez voir, par la grandeur de ses
sauts, combien il était immense avant d'avoir attrapé le soleil dans son piège. Et
c'est la seule chose qui lui soit restée de sa grandeur.


Histoires à raconter - Histoires de souris et de poules (Sarah cone Bryant /

Jean-Claude Luton - Nathan)