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mardi 30 août 2011

La pomme d'or

Il était une fois un roi qui était très riche. Comme il
était très riche, il avait tout. Et comme il avait tout,
il s'ennuyait. Il passait son temps à inventer toutes
sortes de canulars. Un jour, il fit annoncer que
celui qui lui raconterait le plus gros mensonge
gagnerait une pomme d'or. Une pomme tout en or,
c'est quelque chose de très cher, voilà pourquoi
du matin au soir des foules de gens se pressèrent
au château pour mentir. Ils disaient tous des
histoires à dormir debout. Le roi, sur son trône,
les écoutait en jouant avec la pomme d'or. Il riait et
disait :

- Presque incroyable ! Mais ça pourrait presque être vrai. En tout cas ce n'est pas
   le mensonge le plus gros !

Les gens s'en allaient alors tout déconcertés, mais le roi s'était bien amusé et ne
s'était pas ennuyé de toute la journée. Un matin, voilà qu'un jeune homme entra
d'un bond dans la salle du trône et mit une cruche sous le nez du roi.

- Très révéré roi, dit-il, je suis venu
   chercher mes pièces d'or !

- Quelles pièces d'or ? demanda le roi.

- Comment vous ne savez plus ? dit le
   jeune gaillard. Il y a quelques jours,
   je vous ai prêté cette cruche pleine
  de pièces d'or, et vous avez dit
  qu'aujourd'hui je pourrais venir les
  chercher !

Alors le roi sauta sur ses pieds, furieux :

- Quelle impudence, cria-t-il, moi, je t'aurais emprunté des pièces d'or ? C'est
   bien le plus grand mensonge que j'aie jamais entendu !

Le jeune homme se mit à rire :

- Si c'est le plus grand mensonge, vous devez me donner la pomme d'or !

Mais le roi n'était pas seulement très riche, il était aussi très avare. En vérité, il
n'avait jamais eu l'intention de donner la pomme à personne. Ni la pomme,
ni rien d'autre d'ailleurs. Alors, il répondit :

- Ne nous précipitons pas ! Si je réfléchis bien, il
   se pourrait que tu dises la vérité. En tout cas,
   ce n'est pas le plus grand mensonge !

- D'accord, ça me va, dit le jeune homme. Si
   c'est vrai, ce que j'ai dit, donnez-moi cette
   cruche pleine de pièces d'or !

Alors le roi s'aperçut que le jeune homme avait joué au plus fin avec lui.
Il fallut donner la pomme d'or...

lundi 29 août 2011

La tour jusqu'à la lune

Dans un pays lointain vivait une fois un roi
qui dormait que le jour. La nuit il voulait
rester éveillé, car il se mettait à sa fenêtre
et regardait la lune. Il se demandait si la
lune était chaude ou froide. Finalement, il
décida d'aller y voir lui-même. Il ordonna
à ses gens de bâtir une tour si haute qu'il
puisse y monter pour toucher la lune.

- Mais comment allons-nous construire cette tour ? demandèrent les
   gens très inquiets.

Le roi cria :

- N'importe comment ! trouvez une idée ! dans sept jours je veux pouvoir
   monter en haut de cette tour !

Les gens tinrent conseil. Personne ne savait
comment commencer. Finalement,
quelqu'un eut l'idée d'entasser des caisses
et des boîtes les unes sur les autres et de
faire ainsi une tour. Les autres trouvèrent
que c'était une bonne idée.

Partout dans le pays, on fit donc annoncer
que tous ceux qui avaient des caisses ou
des boîtes devaient les apporter à la cour du
roi. Dès le premier jour, la tour était déjà
bien haute, mais il en aurait fallu beaucoup plus pour qu'elle touche la lune !

Alors on donna l'ordre d'abattre tous les arbres du royaume et d'en faire des
planches. Avec ses planches, on menuisa des caisses et des boîtes. Au quatrième
jour, la tour était déjà très haute, mais elle n'arrivait toujours pas jusqu'à la lune.

Alors les gens durent apporter leurs lits, leurs tables, leurs armoires et leurs portes.
Cela fit encore beaucoup de caisses et de boîtes. Si bien que le sixième jour, la tour
était si haute qu'elle arrivait presque à la lune. Les gens du roi se demandaient bien
avec quoi ils pourraient encore fabriquer des caisses et des boîtes. Il n'y avait
plus de bois dans tout le pays ! Au septième jour, le roi arriva :

- Place ! dit-il, je veux enfin monter sur ma tour !

Et il se mit à escalader. Les gens en bas le
voyaient devenir de plus en plus petit.
Cela dura longtemps. Mais le roi finit par
arriver tout en haut. Il se mit sur la pointe
des pieds et étendit le bras : bientôt il allait
savoir si la lune était froide ou chaude.
Pourtant, il n'arriva pas à toucher la lune, il
ne manquait que quelques centimètres... Alors le roi cria :

- Oh, en bas ! Montez-moi encore une caisse pour que je monte dessus !

En bas les gens était perplexes. Il n'y avait de caisse nulle part. Et dans tout le
pays, il n'y avait plus un seul morceau de bois pour en construire encore une.

- Alors ? Dépêchez-vous ! cria le roi.

- Nous n'avons plus de caisse, crièrent les gens du royaume.

Impatient, le roi hurla :

- Eh bien ! retirez-en une d'en bas de la tour !
  Dépêchez-vous !

C'est ce qu'ils firent. La tour de caisses et de
boîtes s'écroula à grand fracas. Et le roi n'a
jamais su si la lune était froide ou chaude, car
il dégringola avec sa tour et se cassa le cou.


40 Petits contes (Margret et Rolf Rettich - Bayard Editions)

Chapeau-à-sou

Il était, une fois un pauvre homme que tout le
monde appelait Chapeau-à-sou. Car il ne
possédait rien d'autre au monde qu'un vieux
chapeau. Il le tendait sous le nez des gens
pour leur demander de l'argent. Les gens y
jetaient de petites pièces d'argent et,
quelquefois, ils lui donnaient une assiette de
soupe. Ainsi Chapeau-à-sou vivait-il bon an,
mal an.

Un jour, il frappa à la porte d'un homme riche. Il lui tendit son chapeau mais
l'homme riche n'y mit rien du tout. Alors Chapeau-à-sou demanda une assiette
de soupe. L'homme riche se mit à rire :

- Assieds-toi là et regarde-moi manger, cela te nourrira.

Chapeau-à-sou s'assit par terre et regarda l'homme manger, celui-ci était
installé dans un fauteuil, à une grande table. Sur la table il y avait un plat de
boulettes, une marmite de haricots et un beau poulet.

Tout d'abord l'homme se servit de boulettes et prit sa fourchette.
Chapeau-à-sou se souvint tout à coup qu'il connaissait quelques tours de
magie. Il leva son pouce et voilà que les boulettes s'envolèrent de l'assiette,
passèrent par la fenêtre et allèrent se piquer dehors sur les cornes des vaches.
L'homme riche était effrayé. Il ne savait pas que Chapeau-à-sou avait ensorcelé
ses boulettes.

L'homme remplit son assiette de haricots et prit sa cuillère. Chapeau-à-sou leva le
pouce et hop, les haricots se mirent à bourdonner
en l'air. Ils étaient devenus des mouches.
L'homme riche sauta de son siège et grimpa sur la
table pour attraper les mouches. Lorsque enfin il
les eut toutes tuées, il se remit à table. Il était
épuisé et ne savait toujours pas que
Chapeau-à-sou avait ensorcelé ses haricots.

L'homme riche s'occupa alors du poulet qu'il mit
dans son assiette. Il prit son couteau, et Chapeau-à-sou leva encore le pouce. L'homme essayait bien d'enfoncer son couteau, mais il n'y parvenait pas. Le poulet était devenu aussi dur et lourd que de l'acier. Bientôt la sueur perla et se mit à couler sur le front de l'homme riche.

Chapeau-à-sou se leva et dit :

- Tu as dit que je serais nourri à te regarder manger, mais tu manges pas du tout
   et moi, je ne suis pas nourri ! Je vais m'en aller.

Il leva encore le pouce. Alors le poulet vola jusqu'à lui et il partit en se régalant
à pleine bouche. L'homme riche, lui, resta assis devant son assiette vide, et il
n'avait toujours pas compris que Chapeau-à-sou était magicien.

dimanche 28 août 2011

Barbe-bleue

Il était une fois un homme qui avait de belles maisons à la ville et à la campagne, de la vaisselle d'or et d'argent, des meubles en broderie, et des carrosses tout dorés; mais par malheur cet homme avait la barbe bleue : cela le rendait si laid et si terrible, qu'il n'était ni femme ni fille qui ne s'enfuit devant lui. Une de ses voisines, dame de qualité, avait deux filles parfaitement belles. Il lui en demanda une en mariage, et lui laissa le choix de celle qu'elle voudrait lui donner. Elles n'en voulaient point toutes deux, et se le renvoyaient l'une à l'autre, ne pouvant se résoudre à prendre un homme qui eût la barbe bleue. Ce qui les dégoûtait encore, c'est qu'il avait déjà épousé plusieurs femmes, et qu'on ne savait pas ce que ces femmes étaient devenues. Barbe Bleue, pour faire connaissance, les mena avec leur mère, et trois ou quatre de leurs meilleures amies, et quelques jeunes gens du voisinage, à une de ses maisons de campagne, où on demeura huit jours entiers. Ce n'était que promenades, que parties de chasse et de pêche, que danses et festins, que collations : on ne dormait point, et on passait toute la nuit à se faire des malices les uns aux autres ; enfin tout alla si bien, que la cadette commença à trouver que le maître du logis n'avait plus la barbe si bleue, et que c'était un fort honnête homme. Dès qu'on fut de retour à la ville, le mariage se conclut.

Au bout d'un mois Barbe Bleue dit à sa femme qu'il était obligé de faire un voyage en province, de six semaines au moins, pour une affaire de conséquence; qu'il la priait de se bien divertir pendant son absence, qu'elle fit venir ses bonnes amies, qu'elle les menât à la campagne si elle voulait, que partout elle fit bonne chère :

-     - Voilà, lui dit-il, les clefs des deux grands garde-meubles,
            voilà celles de la vaisselle d'or  et d'argent qui ne sert
            pas tous les jours, voilà celles de mes coffres-forts, où
            est mon or et mon argent, celles des coffrets où sont
            mes pierreries, et voilà le passe-partout de tous les
            appartements. Pour cette petite clef-ci, c'est la clef du
            cabinet au bout de la grande galerie de l'appartement
            bas : ouvrez tout, allez partout, mais pour ce petit 
           cabinet, je vous défends d'y entrer, et je vous le
défends de telle sorte, que s'il vous arrive de l'ouvrir, il n'y a rien que vous ne deviez
attendre de ma colère.
 
Elle promit d'observer exactement tout ce qui lui venait d'être ordonné; et lui, après l'avoir embrassée, il monte dans son carrosse, et part pour son voyage. Les voisines et les bonnes amies n'attendirent pas qu'on les envoyât chercher pour aller chez la jeune mariée, tant elles avaient d'impatience de voir toutes les richesses de sa maison, n'ayant osé y venir pendant que le mari y était, à cause de sa barbe bleue qui leur faisait peur. Les voilà aussitôt à parcourir les chambres, les cabinets, les garde-robes, toutes plus belles et plus riches les unes que les autres. Elles montèrent ensuite aux garde-meubles, où elles ne pouvaient assez admirer le nombre et la beauté des tapisseries, des lits, des sofas, des cabinets, des guéridons, des tables et des miroirs, où l'on se voyait depuis les pieds jusqu'à la tête, et dont les bordures, les unes de glace, les autres d'argent et de vermeil doré, étaient les plus belles et les plus magnifiques qu'on eût jamais vues. Elles ne cessaient d'exagérer et d'envier le bonheur de leur amie, qui cependant ne se divertissait point à voir toutes ces richesses, à cause de l'impatience qu'elle avait d'aller ouvrir le cabinet de l'appartement bas. Elle fut si pressée de sa curiosité, que sans considérer qu'il était malhonnête de quitter sa compagnie, elle y descendit par un petit escalier dérobé, et avec tant de précipitation, qu'elle pensa se rompre le cou deux ou trois fois. Etant arrivée à la porte du cabinet, elle s'y arrêta quelque temps, songeant à la défense que son mari lui avait faite, et considérant qu'il pourrait lui arriver malheur d'avoir été désobéissante; mais la tentation était si forte qu'elle ne put la surmonter : elle prit donc la petite clef, et ouvrit en tremblant la porte du cabinet. D'abord elle ne vit rien, parce que les fenêtres étaient fermées ; après quelques moments elle commença à voir que le plancher était tout couvert de sang caillé, et que dans ce sang gisaient les corps de plusieurs femmes mortes et attachées le long des murs (c'était toutes les femmes que Barbe Bleue avait épousées et qu'il avait égorgées l'une après l'autre). Elle pensa mourir de peur, et la clef du cabinet qu'elle venait de retirer de la serrure lui tomba de la main. Après avoir un peu repris ses esprits, elle ramassa la clef, referma la porte, et monta à sa chambre pour se remettre un peu, mais elle n'en pouvait venir à bout, tant elle était émue. Ayant remarqué que la clef du cabinet était tachée de sang, elle l'essuya deux ou trois fois, mais le sang ne s'en allait point ; elle eut beau la laver, et même la frotter avec du sablon et avec du grès, il y demeura toujours du sang, car la clef était magique, et il n'y avait pas moyen de la nettoyer tout à fait: quand on ôtait le sang d'un côté, il revenait de l'autre.

Barbe Bleue revint de son voyage dès le soir même, et dit qu'il avait reçu des lettres en chemin, qui lui avaient appris que l'affaire pour laquelle il était parti venait d'être terminée à son avantage. Sa femme fit tout ce qu'elle put pour lui témoigner qu'elle était ravie de son prompt retour. Le lendemain il lui redemanda les clefs, et elle les lui donna. Mais d'une main si tremblante, qu'il devina sans peine tout ce qui s'était passé.

- D'où vient, lui dit-il, que la clef du cabinet n'est point avec
   les autres ?
- Sans doute, dit-elle, que je l'ai laissée là-haut sur ma table.
- Ne manquez pas, dit la Barbe bleue, de me la donner tantôt.

Après l'avoir retardé le plus possible, il fallut apporter la clef. Barbe Bleue, l'ayant examinée, dit à sa femme :

- Je n'en sais rien, répondit la pauvre femme, plus pâle que la mort.
- Vous n'en savez rien, reprit Barbe Bleue, je le sais bien, moi; vous avez voulu 
   entrer dans le cabinet ! Hé bien, Madame, vous y entrerez, et irez prendre 
   votre place auprès des dames que vous y avez vues.

Elle se jeta aux pieds de son mari, en pleurant et en lui demandant pardon, avec toutes
les marques d'un vrai repentir de n'avoir pas été obéissante. Elle aurait attendri un rocher,
belle et affligée comme elle était ; mais Barbe Bleue avait le coeur plus dur qu'un rocher :

 

-        
 - Il faut mourir, Madame, lui dit-il, et tout
    à l'heure.
-    - Puisqu'il faut mourir, répondit-elle, en le
          regardant, les yeux baignés de larmes,
          donnez-moi un peu de temps pour prier Dieu.
-    - Je vous donne un quart d'heure, reprit Barbe
          Bleue, mais pas un moment de plus.


Lorsqu'elle fut seule, elle appela sa soeur, et lui dit :

- Ma soeur Anne (car elle s'appelait ainsi), monte, je te prie, sur le haut de la tour, pour voir si
   mes frères ne viennent point; ils m'ont promis qu'ils viendraient me voir aujourd'hui, et si tu
   les vois, fais-leur signe de se hâter.

La soeur Anne monta sur le haut de la tour, et la pauvre affligée lui criait de temps en temps :

- Anne, ma soeur Anne, ne vois-tu rien venir ?
Et la soeur Anne lui répondait :
- Je ne vois rien que le soleil qui poudroie, et l'herbe qui verdoie.

Cependant Barbe Bleue, tenant un grand couteau à la main, criait de toute sa force à sa
femme :

- Descends vite, ou je monterai là haut



Et la soeur Anne répondait :

Je ne vois rien que le soleil qui poudroie, et l'herbe qui verdoie.
Descends donc vite, criait la Barbe bleue, ou je monterai là-haut.
Je m'en vais, répondait sa femme, et puis elle criait : Anne, ma soeur Anne, ne vois-tu rien
   venir ?
Je vois, répondit la soeur Anne, une grosse poussière qui vient de ce côté-ci.
Sont-ce mes frères ?
Hélas! non, ma soeur, c'est un troupeau de moutons.
Ne veux-tu pas descendre ? criait la Barbe bleue.
Encore un moment, répondait sa femme; et puis elle criait : Anne, ma soeur Anne, ne vois-tu
   rien venir ?
Je vois, répondit-elle, deux cavaliers qui viennent de ce côté-ci, mais ils sont bien loin
   encore. Dieu soit loué, s'écria-t-elle un moment après, ce sont mes frères; je leur fais
   signe tant que je puis de se hâter.

Barbe Bleue se mit à crier si fort que toute la maison en trembla. La pauvre femme descendit, et alla se jeter à ses pieds toute éplorée et toute échevelée.

Cela ne sert de rien, dit Barbe Bleue, il faut mourir.

Puis la prenant d'une main par les cheveux, et de l'autre levant le couteau en l'air, il allait lui trancher la tête. La pauvre femme se tournant vers lui, et le regardant avec des yeux mourants, le pria de lui donner un petit moment pour se recueillir.

Non, non, dit-il, recommande-toi bien à Dieu;
   et levant son bras...

A ce moment on heurta si fort à la porte, que Barbe Bleue s'arrêta tout court : on ouvrit, et aussitôt on vit entrer deux cavaliers qui, mettant l'épée à la main, coururent droit à Barbe Bleue. Il reconnut que c'était les frères de sa femme, l'un dragon et l'autre mousquetaire, de sorte qu'il s'enfuit aussitôt pour se sauver ; mais les deux frères le poursuivirent de si près, qu'ils l'attrapèrent avant qu'il pût gagner le perron : ils lui passèrent leur épée au travers du corps, et le laissèrent mort. La pauvre femme était presque aussi morte que son mari, et n'avait pas la force de se lever pour embrasser ses frères. Il se trouva que Barbe Bleue n'avait point d'héritiers, et qu'ainsi sa femme demeura maîtresse de tous ses biens. Elle en employa une partie à marier sa soeur Anne avec un jeune gentilhomme, dont elle était aimée depuis longtemps ; une autre partie à acheter des charges de capitaine à ses deux frères; et le reste à se marier elle-même à un fort honnête homme, qui lui fit oublier le mauvais temps qu'elle avait passé avec Barbe bleue.

Le chevalier parfait

- Petit chevalier, qu'as-tu fait en premier pour
   être parfait ?

- Belle demoiselle, j'ai appris à monter un
   cheval plus grand que moi. J'ai galopé
   sans peur à travers la forêt, l'été, l'hiver,
   sous la pluie, dans le vent, et même
   quand il y avait des brigands ! Mes
   chiens m'ont conduit loin, au fond des
   bois. Avec mon arc, j'ai visé des ours,
   des daims, des sangliers. Mon épervier
   apprivoisé s'est perché sur mon épaule pour se faire caresser.

- Petit chevalier, qu'as-tu fais après pour être parfait ?

- Belle demoiselle, un beau matin, sans chagrin, j'ai quitté mes parents.
   Je suis parti voir le seigneur dans son château pour devenir son damoiseau.
   Le jour, la nuit, du matin jusqu'au soir, je l'ai servi. Je lui ai passé ses habits.
   J'ai fait luire ses boucliers. J'ai soigné ses chevaux. Il m'a montré comment
   on se sert d'une épée. Il m'a emmené avec toute sa maisonnée dans ses
   grandes chevauchées. Il m'a guidé avec bonté et je l'ai aimé comme mon père.

- Petit chevalier, qu'as-tu fait ensuite pour être parfait ?

- Belle demoiselle, j'ai prêté serment. J'ai promis d'aider les pauvres, les faibles
   et les enfants. J'ai juré de servir mon seigneur, de rester son ami et son allié, 
   dans les bons et les mauvais jours. Sur la grand place, on a sonné le carillon.
   Il y avait belle assemblée avec les barons et les gens des environs. A genoux,  
   j'ai reçu des mains de mon sire le heaume à mettre sur ma tête, l'écu pour me
   protéger contre les coups, l'épée pour en donner ! Ainsi, j'ai été fait chevalier.

- Petit chevalier, qu'as-tu fait encore pour
   être parfait ?

- Belle demoiselle, dans le domaine qu'on m'a
   donné, j'ai fait construire mieux qu'une
   maison, des tours fortifiées aux quatre coins
   de la cour, un chateau entouré d'un fossé
   profond. Alors, j'ai invité mes amis à un
   festin. Je leur ai fait servir des plats
   délicieux, de l'oie rôtie et du bon vin. Les
   jongleurs ont lancé leurs balles pour nous amuser, et au son de la viole, les troubadours ont raconté les exploits des chevaliers.

- Petit chevalier, qu'as-tu fait en plus pour être parfait ?

- Belle demoiselle, j'ai choisi une dame et j'en ai fait la dame de mes pensées.
   je l'ai aimée sans rien lui demander, sauf le droit de la regarder quand elle 
   passe dans son jardin. J'ai composé des poèmes pour célébrer sa beauté.
   J'ai fait venir de loin des musiciens. Avec leurs flûtes et leurs tambours, ils 
   ont joué de beaux airs sous sa fenêtre. Ma dame a gardé les yeux baissés.
   Elle m'a fait donner trois de ses rubans. Depuis je les porte, attachés à mon
   épée.

- Petit chevalier, qu'as-tu fait alors pour être parfait ?

- Belle demoiselle, avec ma bannière et mes plus beaux habits, je suis allé au
   tournoi, mon jeu préféré. J'ai affronté Clotaire, mon plus grand adversaire,
   devant le seigneur, sa dame et leurs amis. Dressé sur mon cheval, ma lance
   droit devant, je l'ai fait tomber vingt fois, il s'est relevé. Il a bien failli me
   renverser. Au grand galop, je l'ai de nouveau visé. Il est tombé, j'ai gagné !
   Tout le monde a crié : vive le petit chevalier !

- Petit chevalier, qu'as-tu fait enfin pour être parfait ?

- Belle demoiselle, au printemps, mon seigneur m'a
   appelé pour aller à la guerre. Nous sommes
   partis pour combattre les ennemis. Nous avons
   brûlé des villages, fait peur aux paysans ! Dans
   un grand pré, nous avons vu arriver les soldats.
   Ils étaient bien cent, à foncer sur nous comme
   des loups ! Dans la bataille, j'ai perdu ma lance,
   mais pas mon épée, et j'en ai tué beaucoup !
   Drapeaux en tête, comme des guerriers, nous
   sommes revenus au château avec nos prisonniers.

- Petit chevalier, si c'est la guerre que tu as fait, si tu as incendié, pillé, tué, tu n'es
   pas, pas du tout, pas du tout, du tout parfait.

- Mais, belle demoiselle, que faut-il donc faire pour être parfait ?

- Ce qu'il faut faire ? Tout le contraire...

- Le contraire, belle demoiselle ? Et quel est le contraire de la guerre ?

- C'est la paix, cher petit chevalier, c'est la paix

La grande panthère noire

La grande panthère noire a une faim
terrible. Elle sort de la jungle pour
chasser. Elle rencontre un lapin : elle
le mange. Elle rencontre un cochon :
elle le mange. Elle rencontre une vieille
chèvre : elle la mange. Elle rencontre
une grande vache : elle la mange.

Alors là, ça na va plus ! Les braves
villageois ne sont pas contents. (Ce
sont des hindous de l'Inde). Ils prennent
leurs fusils et ils partent à la recherche de
la grande panthère noire, en entonnant
leur chant de guerre pour se donner du
courage.

Les jeunes gars du village marchent devant.
Le vieux chef marche derrière. Il découvre bientôt la piste de la panthère en suivant les traces de ses grosses pattes noires sur le sable. Le vieux chef a épaulé son fusil... Pan-Pan ! Il a tiré au hasard. Manquée la panthère noire ! Mais où est-elle donc ?

Les jeunes gars du village se retournent au bruit, et que voient-ils juste derrière le
vieux chef ? La grande panthère noire qui renifle et qui fait "miam miam" en
ouvrant une gueule comme ça.

Alors le plus brave des chasseurs se sauve à toutes jambes et les autres le suivent...
en tirant des coups de fusil à tort et à travers. La grande panthère noire qui n'aime
pas beaucoup le bruit du fusil, se sauve aussi...

Les braves villageois ne vont pas bien loin, car ils ont très envie de la belle fourrure
noire de la grande panthère noire. Ils font un feu et se reposent avant de repartir.
Et puis la chasse continue. La grande panthère noire fait le tour d'un petit bois de
figuiers banians pour surprendre les braves chasseurs, mais les braves chasseurs
courent derrière elle.

Quand les chasseurs sont d'un côté du bois, la grande panthère noire... est de l'autre
côté ! Si bien qu'ils tournent autour du petit bois de figuiers banians un jour, une
nuit, une semaine, des mois... Tout de même, au bout d'un an, la grande panthère
noire se dit :

- Il faut en finir, j'ai maigri de 100 livres à force de tourner en rond sans rien
   manger ! Si ça continue, les chasseurs auront ma peau sans tirer un coup
   de fusil.

Alors, au trot, la voilà partie tout droit vers le nord ! Les braves chasseurs courent
toujours derrière elle, en suivant les traces de ses grosses pattes noires.

La grande panthère noire franchit l'Himalaya, le Tibet, la Mongolie, la Muraille de
Chine et la Sibérie. Et les braves chasseurs franchissent, eux aussi, l'Himalaya, le
Tibet, la Mongolie, la Muraille de Chine et la Sibérie. Enfin, la grande panthère
noire arrive sur la banquise. Elle rencontre un ours blanc, un phoque gris, un
hareng, elle les mange. Les braves chasseurs la suivent toujours. Mais voici que la
neige se met à tomber à gros flocons.

La grande panthère noire devient toute blanche et comme elle est toute blanche sur
la neige, les chasseurs ne peuvent plus la voir; pfft... plus de panthère ! Les pauvres
chasseurs sont bien étonnés; tête basse, et très triste, ils rentrent chez eux...

En arrivant, ils apprennent que la grande panthère noire est déjà revenue et qu'elle
a mangé : un lapin, un petit cochon, une vieille chèvre... Alors là, ça ne va plus !
Mais alors plus du tout, du tout, du tout !

Les villageois ne sont pas contents. Ils prennent leurs fusils et ils partent à la
recherche de la grande panthère noire en entonnant leur chant de guerre pour
se donner du courage.


http://www.dailymotion.com/video/x241ar_pere-castor-la-grande-panthere-noir_fun

samedi 27 août 2011

squelette humain










































Squelette (vue antérieure): Ensemble des os composant la charpente du corps humain.
Maxillaire supérieur: Partie osseuse supérieure de la mâchoire.
Maxillaire inférieur: Partie osseuse inférieure de la mâchoire.
Clavicule: Os de la ceinture scapulaire situé entre le sternum et l'omoplate.
Manubrium: Partie du haut du sternum.
Sternum: Os rejoignant à l'avant les côtes de la cage thoracique.
Côtes (1 à 7): Premiers os formant la cage thoracique.
Fausses côtes (8, 9, 10): Les 8, 9 et 10ème côtes de la cage thoracique protégeant partiellement les poumons.
Côtes flottantes (11, 12): Deux dernières côtes formant la cage thoracique.
Os iliaque: Os de la ceinture pelvienne résultant de la soudure de l'ilion, de l'ischion et du pubis.
Sacrum: Os qui s'articule avec l'os iliaque pour former le bassin.
Ischion: Un des os formant l'os iliaque.
Fémur: Os le plus long du corps humain formant la cuisse.
Rotule: Os rond et plat situé dans le haut du genou.
Tibia: Os formant la partie interne de la jambe.
Péroné: Os formant la partie externe de la jambe.
Tarse: Région osseuse postérieure du pied.
Métatarse: Région du squelette pédestre entre le tarse et les orteils.
Phalangette: Dernière phalange d'un doigt.
Phalangine: Phalange centrale du doigt.
Phalange: Segment articulé du doigt ou de l'orteil.
Métacarpe: Os de la main situé entre le carpe et les phalanges.
Carpes: Parties articulées de la main, situées entre l'avant-bras et les métacarpes.
Radius: Os formant la partie externe de l'avant-bras.
Cubitus: Os formant la partie interne de l'avant-bras.
Humérus: Os formant le bras.
Omoplate: Os de la partie postérieure de l'épaule.
Os malaire ou zygomatique: Os de la joue.
Os propres au nez: Os formant le nez.
Temporal: Os formant la tempe.
Frontal: Os formant le front.

Monsieur squelette

Monsieur squelette dort. Vous pensez qu'il dort les
yeux ouverts, n'est-ce pas ? Mais non. C'est juste
que ce sont pas des yeux mais des trous. Donc,
monsieur squelette dort. Vous vous demandez s'il
dort calmement ? La réponse est encore non, il se
tourne et se retourne. Mais peut-être est-ce le signe
qu'il dort, tout simplement ? Comme vous l'avez
deviné, monsieur squelette ne dort pas bien.
Il se réveille.

- Quelque chose me dérange..., dit-il.

- Qu'est-ce qui vous embête, monsieur squelette ?

- J'ai l'impression d'avoir oublié quelque chose...

- Qu'avez-vous oublié ? il faudrait vous en souvenir pour retrouver le sommeil.

- C'est vrai. Vous avez raison, remarque monsieur squelette. J'ai vraiment le sentiment
   d'avoir oublié quelque chose...

Monsieur squelette réfléchit, assis sur une chaise.

- Est-ce que j'ai oublié de remonter le réveil ? se demanda-t-il.

- Mais non ! vous n'avez pas besoin de réveil !

- C'est vrai. Vous avez raison.

Le jour se lève.

- Laissez-moi sortir de la maison et faire un petit tour...

Monsieur squelette part se promener. Tôt ou tard, forcément, il va se rappeler.
Dehors il fait beau mais, malgré le beau temps, monsieur squelette ne se sent
pas bien.

- Mais qu'est-ce que j'ai bien pu oublier ?

Il réfléchit en marchant. Il marche en réfléchissant.

- Peut-être ai-je oublié de faire la lessive ?

Rien n'est plus désagréable que de se coucher avec des vêtements sales...

- Un squelette a-t-il besoin de faire la lessive ? sûrement pas.

- C'est vrai. Vous avez raison, répond monsieur squelette. Je me demande si j'ai
   oublié de téléphoner à quelqu'un.

- Certainement pas ! vous n'avez aucun besoin d'appeler quelqu'un.

- C'est vrai. Vous avez raison. Est-ce que j'ai oublié de poster une lettre ?
   demande-t-il.

- Mais non ! il y a très longtemps que vous avez posté votre dernière lettre.
   Vous étiez encore vivant, alors.

- C'est vrai. Vous avez raison. Mais qu'ai-je bien pu oublier ?

- Vous devriez demander au policier. Il sait peut-être quelque chose.

- Sauriez-vous ce que j'ai oublié, monsieur l'agent ? interroge-t-il.

- Monsieur, quand on s'adresse à la police, c'est pour des vols ou des délits,
   pas pour faire des courses ou rechercher des oublis...

- C'est vrai. Vous avez raison. J'ai peut-être un rendez-vous chez le médecin.

- Impossible ! comment un squelette pourrait-il être malade ?

- C'est vrai. Vous avez raison, dit monsieur squelette. Alors peut-être un 
   rendez-vous chez le coiffeur.

- Non plus ! comment un squelette pourrait-il se faire couper les cheveux ?

- C'est vrai. Vous avez raison. Peut-être ai-je faim ?

- Absurde ! vous n'avez même plus d'estomac ! Ecoutez même le boucher le dit :

- Vous n'êtes fait que d'os. Vous n'avez pas besoin de vous nourrir.

- C'est vrai. Vous avez raison. Je me demande si... j'ai oublié un autre rendez-vous...

- Mais non ! Personne ne vous attend. Certaines personnes vous ont peut-être
   attendu, mais c'était il y a longtemps, lorsque vous étiez encore vivant.

- C'est vrai. Vous avez raison.

Bien qu'il n'ait rien à acheter, ni pour lui ni pour personne, il se rend dans un grand
magasin.

- Vous vous en souviendrez peut-être en regardant toutes les marchandises du
   magasin, monsieur squelette.

- C'est vrai. Vous avez raison.

1er, 2ème et 3ème étage, il se promene dans tout le magasin. Malgré cela, il ne se
souvient toujours pas de ce qu'il a oublié.

- On se rend dans un grand magasin pour acheter, pas pour réfléchir.

- C'est vrai. Vous avez raison, dit-il.

Monsieur squelette est un peu fatigué, il s'assied.

- Le seul endroit que vous n'avez pas visité, ce sont les toilettes. Vous devriez
   y faire un tour.

- C'est vrai. Vous avez raison. Si ce que j'ai oublié, c'est de faire pipi, ce n'est vraiment
   pas drôle !

- C'est juste. De toute façon comment un squelette pourrait-il faire pipi ?

- J'ai tout de même l'impression que là-bas je pourrais m'en souvenir.

Monsieur squelette entre dans les toilettes et se regarde dans la glace...

- Ca y est. Je me souviens ! s'exclame-t-il.

- Mais oui, bien sûr, c'est ça, ce que vous avez oublié. Une chose aussi importante !
   En fait, vous n'êtes pas un supersquelette !

- Je le reconnais. Cest vous qui m'avez aidé.

Monsieur squelette court jusqu'à la maison.
Monsieur squelette se brosse les dents.
C'est normal qu'il ne puisse pas dormir, il a
oublié de se laver les dents ! Maintenant
qu'il a fini, il s'endort sans prononcer sa
fameuse phrase :

- C'est vrai. Vous avez raison.

- Comment ? vous dites qu'il dort les yeux ouverts ? Eh non ! Comme je le disais,
   ce ne sont pas des yeux, mais des trous. Allez. Bonne nuit, dormez bien.