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samedi 31 décembre 2011

Le lièvre et le hérisson

Personne ne voudra croire à cette histoire,
elle est pourtant véridique. Mon
grand-père, qui me la racontait, disait
toujours :

- Elle doit être vraie, mon enfant, sans
   quoi on ne pourrait la narrer.

Voici donc ce qu'il arriva. C'était un dimanche matin. Le sarrasin commençait
tout juste à fleurir. Le soleil était déjà haut dans le ciel et un vent tiède faisait
doucement onduler les chaumes. Les alouettes chantaient, les abeilles
bourdonnaient et, vêtus de leurs habits du dimanche, les gens allaient à la
messe. Tout le monde était heureux - le hérisson aussi.

Il se tenait devant sa porte, les bras croisés, regardant au loin. Il chantonnait
un petit air, aussi bien qu'un hérisson est capable de chantonner par un dimanche
matin. Pendant que son épouse lavait et habillait les enfants, il se dit tout à coup
qu'il pourrait aller se promener dans les champs et voir où en étaient les rutabagas,
qui se trouvaient tout près de là. Aussitôt dit, aussitôt fait.

Il ferma derrière lui la porte d'entrée et prit le chemin qui menait aux champs. Il
n'était pas encore bien loin, lorsqu'il aperçut le lièvre sorti avec les mêmes
intentions que lui : il allait voir où en étaient ses choux. Dès que le hérisson vit le
lièvre, il le salua aimablement. Mais le lièvre, bien que fort distingué, était
terriblement vaniteux, et il ne prit pas la peine de répondre aux salutations du
hérisson.

- Que fais-tu donc dans ce champs de si bon
   matin ? demanda-t-il d'un ton méprisant.
- Je me promène, répondit le hérisson.
- Tu te promènes ? ricana le lièvre. Il me
   semble que tu pourrais bien mieux utiliser
   tes jambes.

Cette réponse vexa terriblement le hérisson. Il pouvait supporter toutes les
plaisanteries, hormis celles ayant trait à ses jambes que la nature lui avait faites tordues.

- Penses-tu être capable d'accomplir plus de choses que moi avec tes jambes ?
   rétorqua-t-il.
- En effet ! affirma le lièvre.
- Dans ce cas, je voudrais te donner le loisir de le prouver, reprit le hérisson. Je
   parie que, si nous faisons la course, je serai plus rapide que toi.
- Toi ? Avec tes jambes tordues ! s'exclama le lièvre. C'est à mourir de rire !
   Mais puisque tu en as tellement envie, je relève le défi. Que parions-nous ?
- Un louis d'or et une bouteille d'eau-de-vie, dit le hérisson.
- Pari tenu, rétorqua le lièvre. Topons là et allons-y !
- Non, ce n'est pas pas si urgent que cela, répliqua le hérisson. J'ai encore le ventre
   creux. Je vais tout d'abord m'en retourner chez moi prendre mon petit déjeuner.
   Dans une heure, je serais de retour.

Sur ces mots, il s'en alla. Chemin faisant, le hérisson se dit : Le lièvre se fie à ses
longues pattes, mais je l'aurai ! C'est peut-être un monsieur distingué, mais surtout
un sacré idiot... Lorsqu'il arriva chez lui, il dit à sa femme :

- Habille-toi vite, il faut que tu m'accompagne
   aux champs.
- Et pourquoi donc ? demanda-t-elle.
- J'ai parié un louis d'or et une bouteille
   d'eau-de-vie avec le lièvre. Je veux le battre
   à la course et pour ce faire j'ai besoin de ton
   aide.
- Oh, mon dieu ! s'écria dame hérisson.
   Aurais-tu donc totalement perdu la raison ?
   Comment veux-tu courir plus vite que le lièvre ?
- Ca, c'est mon problème ! s'énerva le hérisson. Dépêche-toi et suis-moi !

Que pouvait faire dame hérisson ? Elle suivit son mari, mais ce fut de mauvais gré.

- Voici de quoi il retourne, expliqua en chemin le hérisson à sa femme. C'est sur ce
   champ d'une bonne longueur que nous allons faire notre course. Le lièvre courra
   dans un sillon, moi dans l'autre, et nous partirons d'en haut. Tu n'auras rien
   d'autre à faire que de rester au bout de ce sillon, et lorsque le lièvre arrivera dans
   le sien, tu lui crieras : Je suis déjà là !

Le hérisson montra donc à sa femme où elle devait se tenir, puis il remonta à l'autre
extrémité, où le lièvre l'attendait.

- On peut y aller ? demanda ce dernier.
- Je suis prêt ! répondit le hérisson.
- A vos marques ! s'exclama le lièvre en se plaçant dans son sillon.

Puis il compta : Un, deux, trois et détala vers
le bas du champ à la vitesse d'un vent
d'orage. Le hérisson, quant à lui, n'effectua
que quelques pas, puis il s'installa dans le
sillon et y resta tranquillement assis.
Lorsque le lièvre parvint à pleine vitesse au
bas du champs, la femme du hérisson lui
lança :

- Je suis déjà là !

Le lièvre n'en revenait pas, mais cétait bien le hérisson qui se tenait là ! Comme
chacun sait, dame hérisson a exactement la même apparence que son mari...

- Ce n'est pas normal ! s'écria le lièvre. Courons encore une fois dans l'autre sens !

Aussitôt, il s'élança à la vitesse d'un ouragan, les oreilles volant au vent. La femme
du hérisson cependant resta assise à sa place et lorsque le lièvre arriva en haut du
champ, le hérisson lui dit :

- Je suis déjà là !
- Encore ! On refait un tour ! cria le lièvre hors de lui.
- Si tu veux, répondit le hérisson, autant de fois qu'il te plaira.

C'est ainsi que le lièvre courut soixante-treize
fois, et soixante-treize fois le hérisson lui joua
le même tour. Au soixante-quatorzième tour,
le lièvre n'atteignit pas l'arrivée. Il s'effondra
au beau milieu du champ, et ne se releva plus.
Le hérisson prit le louis d'or et la bouteille
d'eau-de-vie qu'il avait gagné, appela sa
femme et tous deux s'en retournèrent chez
eux. Et s'ils ne sont pas morts depuis, ils
vivent encore aujourd'hui.

C'est ainsi que plus aucun lièvre n'osa faire la course avec un hérisson. Morale de
l'histoire : personne, aussi distingué soit-il, ne devrait se moquer d'un plus petit que
soi, même si ce n'est qu'un hérisson. Ensuite, sans doute monsieur hérisson a-t-il eu
raison d'épouser dame hérisson, car elle est du même rang et de même apparence
que lui.

mercredi 28 décembre 2011

Les vagabonds

Coq dit à Poule :

- Voici venue la saison des noix, allons donc
   sur la montagne nous en régaler avant que
   l'écureuil n'ait tout récolté.
- D'accord, répondit Poule, allons-y, ce
   sera un formidable festin !

Aussitôt, ils se rendirent sur la montagne et comme la journée était fort
belle, ils y restèrent jusqu'au soir. Etait-ce parce qu'ils avaient trop mangé
ou parce qu'ils étaient devenus arrogants ? En tout cas, ni Coq ni Poule ne
voulurent s'en retourner chez eux à pied. Coq dut construire une petite
voiture avec des coquilles de noix. Lorsqu'elle fut prête, Poule s'installa
dedans et lui dit :

- Je peux t'atteler maintenant !
- Il n'en est pas question ! répondit Coq, je préfère rentrer à pied plutôt
   que d'être comme un animal de trait. Nous n'avions rien convenu de la
   sorte. Je veux bien être cocher et m'asseoir sur le siège, mais tirer
   moi-même la voiture, jamais !

Tandis qu'ils se disputaient ainsi, dame Canard arriva en caquetant :

- Bande de voleurs ! Qui vous a permis d'entrer chez moi et d'aller sous
   mes noyers ? Attendez un peu ! Il vous en cuira !

Le bec ouvert, elle fonça sur Coq. Mais Coq, qui ne se laissait pas intimider
si facilement, risposta férocement. Il la frappa et lui asséna de tels coups
d'ergot que dame Canard finit par implorer sa pitié et accepta, en guise de
punition, de tirer la petite voiture. Coq s'assit sur le siège du cocher et cria :

- Dame Canard, au grand galop !

Lorsqu'ils eurent déjà fait un bon bout de
chemin, ils croisèrent deux piétons :
Epingle et Aiguille.

- Arrêtez-vous ! arrêtez-vous ! s'écrièrent
   ces dernières.

Elles expliquèrent qu'il allait bientôt faire
nuit noire de sorte qu'elles ne pourraient
plus marcher. Et puis la route était si sale
qu'elles ne pourraient pas non plus s'y
asseoir. Elles s'étaient trop attardées à la tarverne du Tailleur. Comme elles étaient particulièrement minces, elles ne prendraient pas beaucoup de place. Coq consentit donc à les laisser monter. Cependant,  elles durent promettre de ne pas piquer les pattes de Poule.

Tard dans la soirée, l'équipage arriva devant une auberge. Personne ne voulait
poursuivre le voyage de nuit, d'autant plus que, fatiguée, dame Canard n'avançait
qu'à grand-peine. Ils décidèrent donc d'entrer. Voyant que le petite troupe n'était
pas d'une condition très élevée, l'aubergiste émit de multiples objections,
prétendant que son établissement ne comptait plus un seul lit de libre. Finalement,
Coq lui proposa de garder l'oeuf que Poule avait pondu en chemin, et celui que
dame Canard pondrait demain. A cette condition, l'aubergiste accepta de les
héberger pour la nuit.

Les cinq compères dînèrent avec grand appétit, choisissant les mets les plus fins.
Le lendemain, à l'aube, alors que tout le monde dormait encoree, Coq réveilla
Poule. Il alla chercher l'oeuf de dame Canard et l'ouvrit d'un coup de bec.
Ensemble, ils le dégustèrent, puis jetèrent les morceaux de coquille sur le
fourneau. Coq et Poule s'approchèrent ensuite d'Aiguille, qui dormait encore,
l'attrapèrent par la tête et l'enfoncèrent dans le coussin du fauteuil préfére de
l'aubergiste. Puis ils plantèrent Epingle dans la serviette de bain du pauvre
homme avant de s'envoler à tire-d'aile. Dame Canard les entendit partir. Elle
se leva, sortit et trouva bientôt un ruisseau, dont elle suivit le cours à la nage
- inutile de dire qu'elle avançait bien plus vite qu'en tirant la petite voiture !

Quelques heures plus tard, l'aubergiste se leva à son tour. Après s'être lavé, il
s'essuya avec sa serviette, mais voici que l'épingle lui passa sur le visage et l'érafla
d'une oreille jusqu'à l'autre. Il alla dans la cuisine et voulut fumer sa pipe, mais
lorsqu'il s'approcha du fourneau pour l'allumer, les morceaux de coquille d'oeuf lui
sautèrent dans les yeux.

- Le monde entier veut ma peau ce matin !
   s'exclama-t-il tout en se laissant choir
   dans son bon vieux fauteuil.

Mais il se releva d'un bond, en hurlant.
L'aiguille venait de le piquer, et ailleurs que
dans le doigt... Maintenant, l'aubergiste
était fou de rage. Il soupçonna les hôtes
qui étaient arrivés si tard la veille d'être
coupable de ces forfaits. Il alla voir ce qu'il
était advenu d'eux et constata qu'ils avaient
pris la poudre d'escampette. Il jura alors de
ne plus jamais accueillir de vagabonds dans son auberge, car bien souvent ils
mangent beaucoup, ne paient rien et, en guise de remerciement, ne trouvent
rien de mieux que de vous jouer de mauvais tours.

mercredi 21 décembre 2011

Rires de daims et dents de loups

Au printemps, les loups avaient invité les daims à
une fête au bord de la rivière. Dès qu'ils furent
réunis, les fauves se sont mis à rire pour célébrer
la joie d'être ensemble. Mais les daims ont trouvé
leurs ricanements inquiétants et ils n'ont plus osé
bouger. Comme leurs hôtes, surpris, se
demandaient ce qui n'allait pas, les daims confus
se sont entreregardés et puis ils ont souri un peu,
bouche fermée. Cette joie discréte n'a guère plu
aux loups qui aussitôt ont décidé de leur apprendre
à rire.

Pour leur montrer comment faire, ils se sont mis à hurler à gorge déployée.
Les sursauts qui agitaient leurs ventres ont distendu chaque fois un peu plus
leurs mâchoires armées et les daims ont découvert avec effroi les crocs
terribles de leurs hôtes. Le chef des loups lança :

- A vous, les daims! Mais surtout ne fermez
   pas la bouche quand vous riez. Donnez-
   vous-en à coeur joie!

Alors les doux invités ont ri comme on leur
avait dit. Mais leurs gencives étaient nues
car leurs gueules délicates sont faites pour
l'herbe tendre. Quand les loups ont
découvert que les daims étaient dépouvus
de crocs, ils se sont jetés sur eux.

C'est depuis ce temps que les loups et les daims ne rient plus ensemble.

lundi 19 décembre 2011

Fillettes et gros alligator

C'est l'histoire d'une famille en Louisiane : il y
a le père, il y a la mère et leurs trois filles. Ils
habitent une maison, toute simple et tout en
bois. Pas loin de cette maison, il y a une mare,
boueuse et dangeureuse... Un gros alligator
s'y prélasse du matin au soir. La mère et le
père travaillent, travaillent dur du matin au
soir. Ce matin-là, la mère dit à ses trois filles :

- Mes trésors, je pars travailler, gare aux
   alligator ! En mon absence soyez bien sages. tenez-vous tranquilles à l'étage. Quand j'rentrerai, je vous chanterai ceci. Ecoutez bien : C'est moi, vot'mum, vot'mummy, venez venez mes filles chéries, c'est moi vot'mum, je suis en bas j'veux vous serrer dans mes bras. Alors, alors seulement vous descendrez, promis ?
- Promis !

Et la mère, à son travail, s'en va. Dans la mare, gros alligator se prélasse...
Il a tout entendu et il se dit :

- Hum, hum, trois fillettes pour mon dîner, hum, hum !

Il s'entraîne aussitôt à chanter :

- C'est moi, vot' mâchoire chérie, venez venez mes
   p'tites chipies, c'est moi vot'gros alligator je
   vous aime mes trésors !

Mais il n'est pas sûr de ses mots et sa voix, ce n'est
pas encore ça ! Gros alligator recommence :

- C'est moi, vot'mum, vot'mummy, venez venez
   mes p'tites chipies, c'est moi vot'mum, je suis
   en bas j'veux vous serrer dans mes bras.

Les mots, c'est beaucoup mieux, mais la voix, c'est toujours pas ça ! Trop
grosse, pas assez guillerette. Gros alligator s'exerce des heures entières !
Peu de temps avant le retour de la mère, gros alligator sort de la mare. Il se
traîne jusqu'à la maison. Arrivé à la première marche de l'escalier, il chante :

- C'est moi, vot'mum, vot'mummy, venez venez mes p'tites chipies, c'est moi
   vot'mum, je suis en bas j'veux vous serrer dans mes bras.

La toute petite fille se précipite :

- Mummy est en bas, j'descends !
- Soeurette, soeurette, ne descend pas ! C'est pas not' mum, c'est gros alligator
   qui est en bas !

Les grandes soeurs essaient de la retenir, mais la petite dévale l'escalier. Gros
alligator est là, ouvre sa gueule et l'avale ! Gros alligator regagne sa mare et
s'allonge repu sur la berge. Il se prélasse au clair de lune tout en gobant des
moustiques : Yep ! dun, dunk, dink. Chaque fois qu'il en avale, gros alligator
referme ses mâchoires d'un claquement sec : Dunk, dink, dank. La mère rentre
tard à la maison. Pressé de retrouver ses trois fillettes, elle chante sa chanson
toute guillerette :

- C'est moi, vot'mum, vot'mummy, venez venez mes
   filles chéries, c'est moi vot'mum, je suis en bas
   j'veux vous serrer dans mes bras.

Les deux grandes soeurs disent en tremblant :

- Cette fois c'est mum qui a chanté.

Aussitôt, elles descendent l'escalier.

- Mais où est donc mon p'tit trésor ? s'inquiète la mère ?
- Mangée par gros alligator !
- Quoi ? hurle la mère.
- Gros alligator est venu; il a chanté comme toi. Quand p'tite soeur l'a entendu,
   vite elle est descendue bien qu'on lui ait défendu. Après, on l'a plus revue.

La mère se lamente :

- Oh mon bébé ! Gros alligator a mangé mon bébé. Mon pauv'p'tit bébé !

Le père des fillettes rentre à son tour. Il demande à sa femme :

- Qu'est-ce qui se passe ici ?
- Gros alligator a mangé not'p'tit trésor !

Le père court jusqu'à la mare. Gros alligator se prélasse encore sur la berge.
Gueule grande ouverte, il est occupé à gober les moustiques. Le père fonce
droit sur Alligator. Avec son couteau, il lui ouvre le ventre, farfouille jusqu'aux
entrailles. En sort la p'tite ! Elle se jete dans les bras de son père et le couvre
de baisers.

- Oh, mon bébé, j'ai retrouvé mon bébé, crie la mère folle de joie.

Elle serre la petite très fort contre elle. Elle la
câline, elle l'embrasse et lui répète :

- Oh ma chérie, mon trésor, c'en est fini
   d'l'alligator !

Gros alligator ne bouge plus. Une nuée de
moustiques bourdonne autour de lui. Le père,
la mère et la fillette rentrent à la maison. Et ce
soir-là, toute la famille est restée tranquille
sous la véranda à chanter comme ça :

Il est bien mort, gros alligator. Not' poppa, c'est le plus fort !

Dans la gueule grande ouverte de gros gator les moustiques ont fait la fête, et c'est
comme ça qu'l'histoire s'arrête !



samedi 17 décembre 2011

Jour de pluie

Dehors, il pleut... je l'entends. La pluie crépite à
la fenêtre. La pluie clapote sur les toits. Il pleut
partout sur la ville. La pluie coule le long des
toits, elle coule à travers les gouttières, elle
coule dans les rigoles. La pluie coule dans le
caniveau. Demain, mon bateau pourra lever
l'ancre. Il pleut ! Il pleut sur les champs. Il
pleut sur les collines. Il pleut partout sur
l'herbe. Il pleut même sur l'étang. Grenouilles,
tenez-vous coites. Bien à l'abri dans l'eau à
écouter la pluie. Il pleut à verse. Les ruisseaux coulent à flots. Petits ruisseaux deviennent grands, deviennent rivières, puis océan.

La vague roule, éclabousse et déferle; elle
écume, gronde et se déchaîne. L'océan se
gonfle. Il se mélange au ciel. Il pleut.
Demain, de nouvelles plantes naîtront. Les
oiseaux se baigneront dans les rues. On
pataugera pieds nus dans les flaques, pieds
bien au chaud dans la boue. Je bondirai
au-dessus des morceaux de ciel.

Il pleut partout sur la ville. La fleur à ma fenêtre commence déjà de grandir... Je le sais.

vendredi 16 décembre 2011

Mon soleil secret

Dans la poche de Mimi, un soleil brille,
brille, brille. Même quand il neige et
qu'il fait froid, brille, brille, brille. Dans
les mimines il est chaud. Et si elle fait
pipi au lit, il sèche tout. Ensemble, ils
jouent à la corde à sauter, à cache-cache.
Son papa et sa maman n'ont rien
remarqué. C'était son soleil secret :
personne ne le sait. Mais en ce moment,
il n'est pas en forme.

- Soleil, que se passe-t-il ?
- Je veux voir ma maman !
- Soleil, ne pleure pas ! On va chercher ta maman !

Mimi met le soleil dans sa poche et court !

- Si on ne se dépêche pas, le soleil va se coucher !

Arrivés au sommet de la montagne, Mimi et le soleil crient :

- Mamaaann ! maman soleiiiilll !
- Ouiiii, ouiiiii !
- C'est la voix de maman !
- Allons mon petit ! Repartons vers le ciel !

Le soleil repart vers le ciel. Mimi rentre à la maison.
Elle est un peu tristounette, mais... Ca va. Ca va...
Parce que... Le soleil est loin de ces yeux, mais
dans le coeur de tout le monde... Brille, brille, brille !

vendredi 9 décembre 2011

PERE-NOEL

Bonsoir à tous

J'ai rencontré le père-noël sur un site génial qui fait des vidéos messages gratuites
pour vos enfants. Allez voir c'est génial.

http://perenoelmagique.ca/homepage.html

Bonne soirée à tous et merci d'être sur mon blog.
Alexina93

dimanche 4 décembre 2011

Dragon de feu

Le jeune Dong-Dong pense souvent au "grand
dragon", son cerf-volant perdu lors d'un vol
au-dessus de la cité interdite, et qu'il a fallu
remplacer... Un beau jour, il lui vient cette
question :

- Au fait, qu'est-ce que c'est au juste qu'un
   dragon ?

Son grand-père lui répond :

- Un dragon peut déclencher le tonnerre, soufler le feu, libérer les vents
   et déchaîner la tempête. Il peut faire aussi tomber la pluie.

Et sa grand-mère ajoute :

- Un dragon a une tête de lion avec des cornes de cerf et des yeux de tigre,
   un corps de serpent couvert d'écailles et des pattes griffues comme celle
   d'un aigle. Il est le symbole de la force, de la chance et du bonheur.

- S'il vous plaît, une histoire de dragon... Implore Dong-Dong.

Après avoir tiré sur sa pipe, son grand-père commence :

Il était une fois, dans les temps très anciens...
un pays où sévissait la sécheresse. Pas une
seule goutte de pluie n'était tombée depuis
des années, et la rivière qui reliait le Nord au
Sud n'était plus qu'un courant saumâtre. Les
animaux et les plantes mouraient de soif, la
famine faisait des ravages, le peuple se
désespérait. Impuissants, les chefs des
villages s'en allèrent en groupe demander son
aide à l'ermite Fa Shi, qui vivait retiré sur le
mont des immortels. Il s'y nourrissait de la
rosée du matin, dont il tirait de grands pouvoirs.

- O vénérable maître, supplièrent les villageois, le pays n'en peut plus.
   Sauve-nous de ce malheur !

Le maître accepta et dit :

- Revenez dans trois jours pour la cérémonie d'invocation au ciel.

Trois jours plus tard, le maître avait convoqué
beaucoup de moines et avait fait disposer des
lanternes pour éclairer le chemin de l'Esprit.
Les gongs et les tambours résonnaient dans la
fumée des cierges et les chants sacrées. Une
grande foule se pressait. S'étant recueilli, Fa
Shi leva son bâton magique... Aussitôt le ciel
se couvrit, une bourrasque se mit à souffler,
un éclair zébra le firmament et au milieu des
clameurs parut le Dragon de feu. On le pria de
bien vouloir faire tomber la pluie. Mais le Dragon, en ce temps-là, ne commandait pas à la pluie. Il alla donc à son tour demander l'aide de l'empereur de Jade. L'empereur soupira :

- Hélas, je ne peux rien non plus. Pour faire tomber la pluie, un seul moyen :
   posséder une perle précieuse que détient le Dragon de la mer Orientale.
- J'irai la lui prendre, décida le Dragon de feu.
- Je t'avertis que cette expédition est dangeureuse.
- Que m'importe ! Je donne volontiers ma vie pour sauver celle des hommes.

Emu par cet esprit de sacrifice, l'empereur donna au Dragon les indications et les
conseils utiles, auxquels s'ajoutèrent les encouragements des animaux du palais.
Et le soir même, le Dragon s'envolait vers la mer Orientale. Son vol dura des
jours et des jours, long voyage solitaire à travers les ténèbres glacées, dans le
vent et la tempête.

- Je réussirai, se répétait-il.

Et il arriva un matin au royaume de la mer
Orientale, dont l'entrée était gardée par des
monstres marins et de terrifiants
immortels. Le Dragon les affronta. Ce fut
un violent combat, qui dura jusqu'à la nuit,
mais dont il sortit vainqueur. Sans perdre
de temps, il s'enfonça vers les profondeurs
sous-marines. Après quarante-neuf jours
de plongée, il arriva enfin au palais de la
mer Orientale, dont la salle d'honneur était occupée par huit dragons qui dormaient chacun dans une jarre. Parmi eux, était le Dragon souverain, tenant la perle précieuse dans sa gueule ouverte. Le Dragon de feu s'empara adroitement de la perle et s'enfuit avec elle par la porte sud du palais. Aussitôt il reprit son voyage en sens inverse, vers le mont des Immortels. Mais à peine s'envolait-il, le Dragon de la mer Orientale s'éveilla en sursaut et surgit des profondeurs. Ivre de colère, toutes dents et toutes griffes dehors, il se dressait devant le voleur en lui barrant le passage.

- Rends-moi ma perle, sinon je te réduis en miettes !

Le duel fut sans merci. Le Dragon de la mer
Orientale mesurait  trois fois la taille du
Dragon de feu. Celui-ci, dans le combat, ne
put éviter de lâcher la perle précieuse... Par
chance, au moment où son adversaire se
renversait pour l'attraper, le Dragon de feu,
d'un coup de ses griffes pointues comme des
poignards, put lui trancher la gorge. Le
souverain de la mer Orientale mourut sur le
coup. Blessé, affaibli, et craignant de perdre
la perle précieuse durant son retour vers le
mont des immortels, le dragon de feu jugea prudent de l'avaler.

Dès qu'il l'eut dans son ventre, un feu violent se mit à brûler en lui. Et sous l'effet
de la douleur, un torrent d'eau jaillit de la gueule, qui se répandit sur la terre en
un millier de milliards de gouttes : bonne pluie rafraîchissante tant attendue par
les hommes ! Une grande fierté submergea le Dragon : il avait réussi. Mais sa
victoire lui coûtait cher. A bout de forces, dévoré par les flammes et saignant de
ses blessures, il s'abattit sur les vagues et sombra, non sans un dernier regard
pour ces villageois qui lui devaient tant, et qui l'acclamaient. Tandis que son
cadavre à demi consumé s'enfonçait dans les flots fumants, un éclair embrasa
l'horizon.

Grâce au sacrifice du Dragon, la sécheresse
disparut, ainsi que la famine. Les paysans à
nouveau purent cultiver leurs terres, les
arbres recommencèrent à fructifier et la vie
heureuse reprit son cours, pleine de ces
fleurs et de ces parfums qui nous enchantent
aux beaux jours.

Depuis ce temps-là, chaque année, au début du
printemps, quinze jours après le nouvel an, les
Chinois font danser des dragons de papier et de
bambou, jouent du tambour et lancent des pétards. C'est leur façon de célébrer le Dragon sauveur et d'appeler sur eux la bienveillance du ciel.

samedi 3 décembre 2011

La mer si grande

- Tu viens ? dit maman.
- Je viens.

Et nous sortons de la maison dans la nuit
tombante. La lune nous attend, on dirait.
Au bas du pré, derrière la barrière, il y a
les dunes, il y a la mer, et la lune qui
nous suit.


Je cours. Maman court aussi. Courons,
courons sur le sable luisant, courons sur le chemin de lune, courons vers la mer !

- Mettons-nous pieds nus, dit maman.

Je me déchausse, j'entre dans l'eau; je veux aller où
elle brille le plus. Il n'y a que moi dans la mer, la
mer si grande. Allez, la mer, réveille-toi un peu ! Je
brasse l'eau, je barbote, j'éclabousse maman qui
s'approche. Ensemble nous pataugeons plus loin,
plus loin, plus profond. Nous voilà toutes trempées.

Puis nous remontons sur la plage et marchons dans le sable. Nos pieds s'enfoncent avec un petit bruit en laissant de grands trous. Loin, très loin, au fond de la baie, on voit les lumières de la ville et aussi les montagnes. Je me sens toute petite comme une fourmi et je crois que maman aussi.

Nous nous asseyons sur le sable pour écouter la chanson de la mer, la chanson
des vagues. Maman murmure :

- On est si bien, ici.

Moi, je voudrais que cet instant dure, dure encore, dure toujours. J'ai un peu
froid.

- Rentrons, dit maman.

Et elle me porte tout le long du chemin,
comme quand j'étais toute petite, à
travers la plage et les dunes. Un peu
de pain grillé beurré et un bon feu
pour nous réchauffer. Maman me
prend sur ses genoux dans le canapé.

Jamais je n'oublierai cette promenade dans la nuit, rien que maman et moi, la lune, et la mer si grande.

Flon-Flon & Musette

Toute la journée, Flon-Flon jouait avec
Musette; tantôt d'un côté du ruisseau,
chez Musette; tantôt de l'autre, chez
Flon-flon.

- Quand je serai grand, je me marierai
   avec Musette, disait Flon-Flon.

Et Musette ajoutait :

- Quand je serais grande, c'est Flon-Flon qui sera mon mari !

Mais un soir, en lisant son journal, le papa de Flon-Flon dit :

- Mauvaise nouvelle ! La guerre va bientôt arriver.

Le lendemain, la guerre était là. On ne la voyait pas encore, pourtant le papa dit :

- Au revoir, ma femme chérie, au revoir mon petit Flon-Flon ! je reviendrai
   bientôt.

Il les serra contre son coeur, puis il partit à la guerre. Le jour suivant, Flon-Flon dit :

- Je vais au ruisseau, pour jouer avec Musette.

Mais la maman lui montra par la
fenêtre qu'à la place du ruisseau,
il y avait maintenant une haie
d'épines.

- C'est pour que personne ne puisse
   venir chez nous, expliqua maman.
- Même pas Musette ? demanda
   Flon-Flon.

Alors, la maman dit :

- Chut ! Il ne faut plus parler de Musette, c'est défendu !
- Pourquoi ?
- Parce qu'elle est de l'autre côté de la guerre.
- Où est la guerre ? demanda Flon-Flon. Je vais lui dire d'enlever cette haie d'épines.
   Je vais lui dire de s'en aller !
- Ce n'est pas possible ! dit maman.

La guerre était trop grande. Elle n'écoutait personne. On l'entendait aller et venir.
Elle faisait un bruit immense. Elle allumait de grands feux. Elle cassait tout. Cela
dura si longtemp qu'on pensait que c'était pour toujours. Mais enfin, tout d'un
coup, on ne l'entendit plus. Au lieu de son bruit, il y eut un grand silence. Ce
jour-là, le papa revint. Il avait l'air fatigué. Il dit :

- Voilà, la guerre est finie !

Mais Flon-Flon voyait bien que la haine d'épines était toujours là. Il dit :

- Ce n'est pas vrai ! La guerre n'est
   pas morte ! Pourquoi est-ce que
   tu ne l'as pas tuée ?

Le papa soupira.

- La guerre ne meurt jamais, mon
   petit Flon-Flon. Elle s'endort
   seulement de temps en temps.
   Et quand elle dort, il faut faire
   très attention de ne pas la réveiller.
- Est-ce que je faisais trop de bruit en jouant avec Musette ? demanda Flon-Flon.
- Non, répondit la maman. Les enfants sont trop petits pour réveiller la guerre.

Alors, Flon-Flon sortit dans le pré, là où il avait joué avec Musette avant la guerre.
Il marcha le long de la haie et, tout à coup, il entendit Musette qui l'appelait. Elle
avait fait un petit trou dans la haie d'épines et traversait le ruisseau.

jeudi 1 décembre 2011

Le renard et la cruche

Quand un brigand est plus brigand que les autres brigands, on dit qu'il est malin
comme un renard. Mais le renard trouva lui ussi un jour son maître en la personne
d'une cruche, comme nous allons le voir. Rira bien qui rira le dernier.

A propos de cruche, écoutez l'histoire de celle-ci et du renard. Vous avez sans
doute envie de savoir ce qu'il leur arriva.

Un jour, le renard errait par-ci par-là et finit par
entrer dans une maison abandonnée. Tous les
gens du village étaient partis en ville boire de la
bière à l'occasion du carnaval. Sur le poêle de
cette maison, le renard trouva une cruche. Il
s'adressa à elle en ces termes :

- Que fais-tu là, alors que tout le monde est parti ?

Et, comme il voulait s'amuser à ses dépens, il accrocha
la cruche à sa queue, l'emmena avec lui à travers champs et se mit à crier :

- Puisque tout le monde s'amuse, amusons-nous aussi !

Et la cruche fut obligée de la suivre là où il prenait fantaisie de la mener. Il la traîna
à travers monts et forêts et finit par atteindre une prairie où coulait une fontaine.
Là, il songea soudain qu'une cruche servait précisément à puiser de l'eau. Comme il
avait soif, il décida de s'en servir. Il décrocha la cruche de sa queue, la suspendit à
son cou et la jeta dans la fontaine en disant :

- Désaltère-toi, gentille cruche, et rapporte-moi aussi de l'eau.

La cruche s'emplit d'eau, mais quand le renard voulut la
hisser à nouveau, il n'y arriva point. Il s'étonna :

- Que se passe-t-il ? Pourquoi ne veux-tu pas ressortir ?

Alors, il entendit la cruche lui déclarer :

- Tu as bien ri de moi. A présent, ça suffit ! C'est mon tour de m'amuser !

Et la cruche, alourdie par l'eau, attira le renard dans la fontaine et l'y noya.