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lundi 27 mai 2019

Le chêne et le Roseau

Le chêne un jour dit au roseau :
“Vous avez bien sujet d’accuser la nature ;
Un roitelet pour vous est un pesant fardeau ;
Le moindre vent qui d’aventure fait rider la face de l’eau,
Vous oblige à baisser la tête.
Cependant que mon front, au Caucase pareil,
Non content d’arrêter les rayons du soleil,
Brave l’effort de la tempête.
Tout vous est aquilon ; tout me semble zéphyr.
Encor si vous naissiez à l’abri du feuillage
Dont je couvre le voisinage,

Vous n’auriez pas tant à souffrir :
Je vous défendrai de l’orage ;
Mais vous naissez le plus souvent
Sur les humides bords des royaumes du vent.
La nature envers vous me semble bien injuste.
– Votre compassion, lui répondit l’arbuste,
Part d’un bon naturel ; mais quittez ce souci :
Les vents me sont moins qu’à vous redoutables ;
Je plie, et ne romps pas. Vous avez jusqu’ici
Contre leurs coups épouvantables
Résisté sans courber le dos ;
Mais attendons la fin.” Comme il disait ces mots,
Du bout de l’horizon accourt avec furie
Le plus terrible des enfants
Que le nord eût porté jusque là dans ses flancs.
L’arbre tient bon ; le roseau plie.
Le vent redouble ses efforts,
Et fait si bien qu’il déracine
Celui de qui la tête au ciel était voisine,
Et dont les pieds touchaient à l’empire des morts.

Jean de la Fontaine

Le rat des villes et le rat des champs



Autrefois le Rat de ville
Invita le Rat des champs,
D'une façon fort civile,
A des reliefs d'Ortolans.
Sur un Tapis de Turquie
Le couvert se trouva mis.
Je laisse à penser la vie
Que firent ces deux amis.
Le régal fut fort honnête,
Rien ne manquait au festin ;
Mais quelqu'un troubla la fête
Pendant qu'ils étaient en train.

A la porte de la salle
Ils entendirent du bruit :
Le Rat de ville détale ;
Son camarade le suit.
Le bruit cesse, on se retire :
Rats en campagne aussitôt ;
Et le citadin de dire :
Achevons tout notre rôt.
– C'est assez, dit le rustique ;
Demain vous viendrez chez moi :
Ce n'est pas que je me pique
De tous vos festins de Roi ;
Mais rien ne vient m'interrompre :
Je mange tout à loisir.
Adieu donc ; fi du plaisir
Que la crainte peut corrompre.


Jean de la Fontaine

dimanche 26 mai 2019

Le Noël de Thibaud le louveteau

Thibaud le louveteau connaissait peu de monde 
dans cette forêt où ses parents l’avaient amené. 
Par nature, la famille se tenait souvent à l’écart 
des autres habitants, si bien que Thibaud 
n’avait pas encore trouvé de véritable ami. 
Sur les sentiers recouverts de neige, il avait 
déjà croisé deux voisins discrets, François 
le putois et Blandeuil l’écureuil. Après une phase 
d’observation, ils avaient échangé quelques 
paroles. À tous les trois, on avait appris la 
méfiance, ce qui rend les échanges prudents.

Thibaud ne savait pas s’ils apprécieraient de jouer avec lui, il n’osait même 
pas leur demander, de peur d’essuyer un refus. Au moment où il allait se décider 
enfin, les préparatifs de Noël avaient incité chacun à rester chez soi. Ses parents 
lui avaient organisé un beau réveillon. L’heure de se coucher approcha. Sa 
maman se coula près de lui et il fut enveloppé dans son souffle chaud.

- A quoi penses-tu, Thibaud ? lui demanda-t-elle.
- Au Père Noël, maman. C’est vrai qu’il apporte des cadeaux ?
- Oui. Qu’aimerais-tu recevoir ?

La première réponse qui vint à l’esprit de Thibaud 
fut : “Des copains”. Mais il savait qu’on ne met 
pas des copains dans un papier cadeau au pied 
d’un sapin.

- Je ne sais pas, répondit-il.
- Le Père Noël saura trouver ce qui te fait 
  plaisir, dit sa maman avant de l’embrasser 
  sur le front.
- Je le verrai ? fit Thibaud qui sentait le 
  sommeil le gagner.
- Non, chéri, on ne voit pas le Père Noël, 
  sauf avec son cœur. Il faut dormir,
  maintenant. Bonne nuit.

Mais sa maman se trompait… Il n’était pas minuit quand Thibaud entendit du bruit 
près de lui. Il ouvrit les yeux. Un bonhomme barbu se tenait là, vêtu d’un bonnet et 
d’un manteau rouge. Ses yeux bleus débordaient de tendresse.

- Oh, pardon, je t’ai réveillé Thibaud ! s’excusa-t-il.
- Vous connaissez mon nom ?

Le Père Noël sourit. 


- Bien sûr.
- Maman m’a dit que je ne vous verrais pas, dit 
  Thibaud.
- En temps normal, elle aurait eu raison, dit Le 
  Père Noël, mais je suis un peu perturbé.
- Que vous arrive-t-il ? 

- Rien qui te concerne, Thibaud, mais… Le Père 
  Noël hésita, se pencha vers lui et poursuivit : 
  Bon, après tout, je peux te le confier : j’ai perdu 
  un cadeau. Celui de François le putois, que tu 
connais un peu je crois.

C’est ennuyeux. Thibaud n’hésita pas une seconde. Il se redressa et lança :

- Donnez-lui le mien !
- Tu veux dire, que je lui donne le cadeau qui t’était destiné ?
- Oui. C’est vrai, j’aime bien les cadeaux, mais je serais triste de savoir que j’en 
  ai reçu un et pas lui.

Le sourire du Père Noël réapparut, plus large qu’avant. Il s’approcha du louveteau 
et dit :

- C’est étrange ce que tu me proposes là, Thibaud.
- Pourquoi ?
- Je vais te raconter une petite histoire. Avant de 
   venir te rendre visite, je suis passé chez François 
   le putois. Je lui ai avoué avoir perdu le cadeau de 
   Blandeuil l’écureuil. Comme toi, sans hésiter, il 
   m’a suggéré de lui donner le sien. Puis je suis 
   allé chez Blandeuil, et je lui ai dit que j’avais 
   perdu ton cadeau. Sans réfléchir, 

   il m’a proposé de te donner le sien… Je crois, 
   mon petit ami, que tous les trois, vous avez des 
   choses en commun. 
   Maintenant, tu vas te rendormir, et demain matin, il est possible que tu trouves près 
   de ton lit un cadeau qu’aurait retrouvé ce Père Noël décidément bien distrait…

Les paupières de Thibaud se mirent à peser lourd 
et le sommeil l’envahit sans qu’il puisse lutter. Le
lendemain, il sut en se réveillant pour de bon que 
le Père Noël avait dit vrai. Un paquet l’attendait. 
En l’ouvrant, il découvrit un énorme sac de billes 
de toutes les couleurs. 
Il s’imagina tout de suite construire dans la neige 
un circuit compliqué, avec des virages, des ponts, 
des tunnels. De quoi faire des courses du tonnerre, 
pour peu qu’on ait des copains avec qui les organiser !

Il sortit en courant de chez lui. Il n’eut pas beaucoup de chemin à parcourir. Deux silhouettes l’attendaient un peu plus loin, 
celles de Blandeuil et François. Ils lui firent un signe de la patte. Il le leur rendit et 
    courut les rejoindre.



Le noël de Thibaud le louveteau - Stéphane Daniel – Illustration Johanna Crainmark.

L'union


Hérisson qui pique,
Veux tu bien venir ?
Près du porc-épic
Tu peux te tenir.

Colibri joli,
Veux tu te poser ?
Va sur le grizzli
Tu peux y nicher.

Girafe si haute,
Veux tu t'approcher ?
Contre le coyote
Tu peux t'installer.

Éléphant si grand,
Veux tu te cacher ?
Sous le goéland
Viens te reposer.

Petits vers de terre ou géants des mers
Désormais sur terre, ne veulent plus de guerre
Il faut expliquer, longtemps insister
Et surtout aux hommes, hauts comme trois pommes,
Que l'on peut s'entendre : il suffit d'apprendre.


Créé par Cactus

Le roi des Singes


Il y a longtemps, en haut de le Montagne aux Mille Fleurs, il y avait un rocher magique, qui se cassa un jour et donna naissance à un œuf de pierre. Et de l’œuf sortit le Singe de Pierre, qui alla vivre avec les autres singes.
Un jour, les singes trouvèrent une cascade, et aucun d'entre eux n'eut le courage de passer derrière pour explorer, sauf le Singe de Pierre. Et il y trouva un pays merveilleux. Les singes vinrent y vivre et nommèrent le Singe de Pierre roi des singes, par reconnaissance. mais un jour, il s'inquiéta de la mort, et décida de partir en quête de l'immortalité. 

Il voyagea pendant dix ans, et finit par arriver en radeau sur un rivage où vivait un sage qui connaissait le secret de l'immortalité, et il se fit accepter comme disciple du patriarche Sudobhi, qui lui donna le nom de Sun Wu-k'ung, le singe qui comprend la vacuité. Grâce à sa très grande intelligence, il apprit rapidement les secrets de Sudobhi, les soixante-douze transformations, et comment voler dans les airs sur les nuages, et enfin le secret de l'immortalité. Mais le singe se vantait de son savoir auprès des autres disciples, et un jour Sudobhi le chassa et lui interdit de faire savoir qu'il était son disciple. 

Le singe s'en moquait bien. Il rentra chez lui sur un nuage et fit savoir à son peuple qu'il avait réussi. Puis il se rendit compte qu'il commençait à devenir vraiment puissant et commença à se préparer à la guerre, au cas où. Il alla voler des armes, mais si son peuple apprit à s'en servir, aucune ne lui convenait. Il décida d'aller prendre une arme magique au dragon qui vivait au fond du lac, et prit d'autorité un bâton magique qui avait servi à niveler le fond de la mer et changeait de taille a volonté, et une armure complète. Le roi des dragons fut furieux et envoya une plainte au ciel. 

Sun Wu-k'ung devint ami avec les chefs des démons et ils firent serment de fraternité. Mais un jour, il se réveilla dans le royaume de la mort. Il se plaint, disant qu'il était immortel et qu'il ne devrait pas être là. Comme on refusait de le laisser repartir en prétextant qu'on avait du confondre avec quelqu'un qui portait le même nom et qu'il fallait attendre le Roi de la Mort, il menaça les bureaucrates du royaume des morts et les força à le rayer de la liste des morts ainsi que tous ceux qui avaient un nom qui lui ressemblait, puis il retourna sur terre. 

Le dirigeant du Ciel, l'empereur de Jade, reçut un jour les plaintes du roi des dragons et du roi de la mort concernant le roi des Singes, et il se fâcha. Mais l'un de ses serviteurs, l'Astre de la longévité, lui proposa plutôt de donner au roi des singes un poste mineur au ciel, afin de le calmer, de l'occuper et d'éviter une guerre. C'est ainsi que Sun Wu-k'ung reçut et accepta le titre de palefrenier céleste, qu'il pensait être très honorifique. Mais un jour, il apprit comme ce poste était bas et se révolta contre l'empereur de Jade. Et il demanda le titre de Grand Sage, l'Égal du Ciel. 

L'empereur de jade, vraiment furieux cette fois, envoya contre lui le Céleste roi Li et son fils Natha. Et Li envoya son général, l'Esprit des Éclaircissements, mais le singe le vainquit sans peine, lui et toute son armée. Puis Natha y alla en personne, mais le singe le vainquit lui aussi, grâce à son bâton et à ses pouvoirs de transformation. 

Ce fut encore l'Astre de la Longévité qui proposa un arrangement à l'amiable, c'est à dire créer un titre officiel de Grand Sage, Égal du Ciel, sans salaire mais sans obligations, pour faire plaisir au singe. Ce qui fut fait. Sun Wu-k'ung était très fier. Pour qu'il ne s'ennuie pas, on lui proposa de s'occuper des pêches de l'empereur de Jade, mais il les mangeait en cachette. 

Un jour, la reine du Ciel voulut organiser un banquet de pêches, mais elle n'invita pas Sun Wu-k'ung. Il l'apprit alors qu'on venait chercher les pêches dans le verger et se mit en colère. Alors il entra en plein milieu du banquet sous une fausse identité, but une grande partie du vin et vola le reste, et, ivre, se goinfra d’élixir d'immortalité. Puis il se rendit compte de ce qu'il avait fait et que l'empereur de jade n'allait pas être content... Alors il rentra chez lui. 

Cette fois-ci c'était la guerre, et les armées de l'empereur de Jade se battirent contre une horde de guerriers que le singe avait créée par magie, mais ne purent rien contre Sun Wu-k'ung lui-même. Alors Kuan-yin, déesse de la compassion, suggéra d'aller chercher Erh-lang le dieu de la vérité, pour combattre le roi des singes en combat singulier. Ehr-Lang était lui aussi maître des transformations, et il réussit à capturer le singe avec l'aide de Li, Natha, Kuan-yin, et du patriarche de la Voie. 

Ils essayèrent de dissoudre le singe dans un four, mais comme il avait appris l'immortalité, rayé son nom de la liste des morts et bu l’élixir d'immortalité, cela ne lui faisait pas grand-chose... Quand ils ouvrirent la porte, le croyant mort, il s'enfuit à nouveau, et cette fois-ci, Ehr-lang ne put le rattraper. Il fallut aller chercher Bouddha lui-même, qui emprisonna Sun Wu-k'ung sous la montagne des cinq éléments...

conte chinois

Les Fées

Il était une fois une veuve qui avait deux filles : l'aînée lui ressemblait si fort d'humeur et de visage, que, qui la voyait, voyait la mère. Elles étaient toutes deux si désagréables et si orgueilleuses, qu'on ne pouvait vivre avec elles. La cadette, qui était le vrai portrait de son père pour la douceur et l'honnêteté, était avec cela une des plus belles filles qu'on eût su voir. Comme on aime naturellement son semblable, cette mère était folle de sa fille aînée, et, en même temps avait une aversion effroyable pour la cadette. Elle la faisait manger à la cuisine et travailler sans cesse.
Il fallait, entre autres choses, que cette pauvre enfant allât, deux fois le jour, puiser de l'eau à une grande demi lieue du logis, et qu'elle rapportât plein une grande cruche. Un jour qu'elle était à cette fontaine, il vint à elle une pauvre femme qui lui pria de lui donner à boire.
- Oui, ma bonne mère, dit cette belle fille.

Et, rinçant aussitôt sa cruche, elle puisa de l'eau au plus bel endroit de la fontaine et la lui présenta, soutenant toujours la cruche, afin qu'elle bût plus aisément. La bonne femme, ayant bu, lui dit: 

- Vous êtes si belle, si bonne et si honnête, que je ne puis m'empêcher de vous faire un don. Car c'était une fée qui avait pris la forme d'une pauvre femme de village, pour voir jusqu'où irait l'honnêteté de cette jeune fille. Je vous donne pour don, poursuivit la fée, qu'à chaque parole que vous direz, il vous sortira de la bouche ou une fleur, ou une pierre précieuse.
Lorsque cette belle fille arriva au logis, sa mère la gronda de revenir si tard de la fontaine.
- Je vous demande pardon, ma mère, dit cette pauvre fille, d'avoir tardé si longtemps;

et, en disant ces mots, il lui sortit de la bouche deux roses, deux perles et deux gros diamants.

- Que vois-je là ! dit sa mère toute étonnée ; je crois qu'il lui sort de la bouche des perles et des diamants. D'où vient cela, ma fille ? (Ce fut là la première fois qu'elle l'appela sa fille.)

La pauvre enfant lui raconta naïvement tout ce qui lui était arrivé, non sans jeter une infinité de diamants.

- Vraiment, dit la mère, il faut que j'y envoie ma fille. Tenez, Fanchon, voyez ce qui sort de la bouche de votre sœur quand elle parle ; ne seriez-vous pas bien aise d'avoir le même don ? Vous n'avez qu'à aller puiser de l'eau à la fontaine, et, quand une pauvre femme vous demandera à boire, lui en donner bien honnêtement. 
- Il me ferait beau voir, répondit la brutale, aller à la fontaine ! 
- Je veux que vous y alliez, reprit la mère, et tout à l'heure.
Elle y alla, mais toujours en grondant. Elle prit le plus beau flacon d'argent qui fut au logis. Elle ne fut pas plus tôt arrivée à la fontaine, qu'elle vit sortir du bois une dame magnifiquement vêtue, qui vint lui demander à boire. C'était la même fée qui avait apparu à sa sœur, mais qui avait pris l'air et les habits d'une princesse, pour voir jusqu'où irait la malhonnêteté de cette fille. 
- Est-ce que je suis ici venue, lui dit cette brutale orgueilleuse, pour vous donner à boire ? Justement j'ai apporté un flacon d'argent tout exprès pour donner à boire à Madame ! J'en suis d'avis : buvez à même si vous voulez. 
- Vous n'êtes guère honnête, reprit la fée, sans se mettre en colère. Eh bien ! puisque vous êtes si peu obligeante, je vous donne pour don qu'à chaque parole que vous direz, il vous sortira de la bouche ou un serpent, ou un crapaud.
D'abord que sa mère l'aperçut, elle lui cria : 
- Eh bien ! ma fille !
- Eh bien ! ma mère ! lui répondit la brutale, en jetant deux vipères et deux crapauds. 
- O ciel, s'écria la mère, que vois-je là ? C'est sa sœur qui est en cause : elle me le paiera; 
et aussitôt elle courut pour la battre. La pauvre enfant s'enfuit et alla se sauver dans la forêt prochaine. Le fils du roi, qui revenait de la chasse, la rencontra et, la voyant si belle, lui demanda ce qu'elle faisait là toute seule et ce qu'elle avait à pleurer ! 
- Hélas, Monsieur, c'est ma mère qui m'a chassée du logis.
Le fils du roi, qui vit sortir de sa bouche cinq ou six perles et autant de diamants, lui pria de lui dire d'où cela lui venait. Elle lui conta toute son aventure. Le fils du roi en devint amoureux et, considérant qu'un tel don valait mieux que tout ce qu'on pouvait donner en mariage à une autre, l'emmena au palais du roi son père, où il l'épousa. 
Pour sa sœur, elle se fit tant haïr, que sa propre mère la chassa de chez elle et la malheureuse, après avoir bien couru sans trouver personne qui voulut la recevoir, alla mourir au coin d'un bois.

Les Fées - Charles Perrault - Les contes de ma mère l'Oye

mercredi 22 mai 2019

Quand la vie...





Quand la vie est un collier
Chaque jour est une perle
Quand la vie est une cage
Chaque jour est une larme
Quand la vie est une forêt
Chaque jour est un arbre
Quand la vie est un arbre
Chaque jour est une branche
Quand la vie est une branche
Chaque jour est une feuille

Jacques Prévert


أنا عندي كورة




أنا عندي كورة

أنا عندي كورة
 ما أجمله
تطير كالعصفورة
 كورتي هاها

كورتي تسلي
 ما أجملها
 تجري مع رجلي
ما أسرعها




Mon ballon

Mon ballon
Il est si beau
Il vole comme un oiseau
Mon ballon, ha ! Ha !

Mon ballon m'amuse
Il est si beau
Il court aussi vite
Que mon pied.

Der Goldvogel







Der Goldvogel

Goldvogel, flieg aus,
Flieg auf die Stangen,
Käsebrode langen;
Mir eins, dir eins,
Alle gute G'sellen eins.



L'oiseau d'or

Oiseau d'or, envole-toi,
Vole et perche-toi,
Porte des gâteaux au fromage,
Un pour moi, un pour toi
Et un pour toutes les bonnes gens.


Kinderlieder (1808) de Ludwig Achim von Arnim

Hurry up

Hurry up, the train is leaving!
If you don't run
You will miss it.
It's too late!You'll take the next one.

Hurry up, the train is leaving!
If you don't run
You will miss it.
It's too late!
You'll take the next one.
Hurry up! Hurry up!


Dépêche-toi !
Dépêche-toi, le train s'en va !
Si tu ne cours pas,
Tu vas le manquer.
C'est trop tard !
Tu prendras le prochain.
Dépêche-toi, le train s'en va !
Si tu ne cours pas,
Tu vas le manquer.
C'est trop tard !
Tu prendras le prochain.
Dépêche-toi ! Dépêche-toi !

A la volette (chanson)

Mon petit oiseau a pris
sa volée (bis)
A pris sa, à la volette (bis)
A pris sa volée.

Est allé se mettre
sur un oranger (bis)
Sur un o, à la volette (bis)
Sur un oranger.

La branche était sèche,
et elle s'est cassée (bis)
Et elle s'est, à la volette (bis)
Et elle s'est cassée.

Mon petit oiseau,
où t'es-tu blessé ? (bis)
Où t'es-tu, à la volette (bis)
Où t'es-tu blessé ?

Me suis cassé l'aile
et tordu le pied (bis)
Et tordu, à la volette (bis),
Et tordu le pied.

Mon petit oiseau,
veux-tu te soigner ? (bis)
Veux-tu te, à la volette (bis)
Veux-tu te soigner ?

Je veux me soigner
et me marier (bis)
Et me ma, à la volette (bis)
Et me marier.

Me marier bien vite
sur un oranger (bis)
Sur un o, à la volette (bis)
Sur un oranger.

partition guitare à la volette

L'accordéon, marchand de bonheur

Tous les soirs, sur la péniche du quai de la tour Eiffel, on danse au son de
l'accordéon. C'est un drôle d'instrument ! On le plie, on le déplie, l'air entre
et sort. On appuie sur les touches et ça fait de la musique. Zzzoin, Zzouin !

Les danseurs virevoltent, c'est la java. Et le 
premier à faire la fiesta, c'est l'accordéon, 
jamais flagada. Ce soir sur la piste, l'accordéon 
gigote entre les bras de Paloma qui flamboie 
dans sa robe à petit pois. 

"On joue La Valse des amoureux ? il demande.
- Ah ! non...
- Ah ! si ! dit l'accordéon. Regarde qui est là, au
  premier rang !
- Rico ! il est revenu !
- Tralala ! Moi, je sais pourquoi…

Et l'accordéon se met à jouer.
Sous le ciel de Paris, chantent les oiseaux bleus...
Tout le monde danse...
... et sur la piste, les pigeons se pavanent et s'ébouriffent tif tif, les souris
frétillent tille tille et les canards se dandinent ding ding.

Un seul fait la tête, au fond de son tonneau : Platron, le crapaud bougon qui
porte un lorgnon. Il n'arrête pas de se plaindre :

- Cessez cette Cacophonie ! je réfléchis, moi !
- Tant pis pour lui ! cancanent les canetons fripons. La vie est belle ! Valsons.


- Regarde Rico ! dit l'accordéon à Paloma, il est tout seul ! Il t'attend.
- Tu crois qu'il est venu pour moi ?
- Mais oui... Il est timide, c'est tout. Il n'ose pas te le dire.
- Je voudrais tellement qu'il m'invite à danser !
- Tu vas voir, ça va s'arranger. Fais-moi confiance, je chante le bonheur,
  j'ai envie que le soleil brille dans le ciel et dans ton cœur.

Mais le soleil n'est pas d'accord...
... Il se cache. Le ciel s'assombrit. Il envoie des
éclairs, des coups de tonnerre, il éteint les
réverbères. La péniche se détache du quoi et
s'éloigne. Elle tangue comme un bouchon sur l'eau.

- J'ai le mal de mer ! gémit le capitaine en
  devenant tout vert.

Le vent souffle, les pots de fleurs tombent,
les chapeaux s'envolent. C'est la panique.
Les danseurs courent dans tous les sens.

- Ils vont nous faire chavirer ! s'exclame l'accordéon.
- Et on va tomber à l'eau ! dit Paloma.
- Jai une idée, s'écrie l'accordéon, je vais jouer une romance qui les
  apaisera.

Il gonfle son soufflet et lance des notes douces et feutrées. Dans le
ciel monte une valse lente, rassurante. Les danseurs se prennent dans
les bras et dansent deux par deux.

Les petits canards s'alignent dare-dare. Les pigeons se mettent en rangs
d'oignons et les souris reprennent en chœur le refrain de l'accordéon.


On dirait que le ciel entend la chanson. Le vent s'apaise, le tonnerre se
tait, les éclairs s'éteignent. La musique a tout enchanté. Le capitaine,
redevenu rose et frais, bombe le torse et ramène la péniche sur le quai.

Le calme est revenu. L'accordéon se penche vers Paloma :

- Regarde Rico, il est ENCORE, tout seul… Décidément, il t'attend !
  Va lui parler.
- Je n'oserai jamais !
- Laisse-moi faire. Je suis l'ambassadeur des cœurs, moi !


L'accordéon se déploie largement et joue…
une Polka.

Rico est ravi. La chanson de l'accordéon
lui chatouille les talons. Il a envie de
danser, danser.

Le bateau est arrivé à quai. Les passagers
descendent. Qui va-t-il inviter ?
L'accordéon s'en donne à cœur joie.

Il pousse Paloma en avant pour que Rico la voie. Ca y est ! Rico l'aperçoit.
Il tend la main vers elle.

- Youpiiiiii ! crient les cannetons qui se dandinent.

Mais… Oh là là ! Rico est trop pressé. Il glisse sur le pont mouillé et
s'emmêle les pieds, se rattrape au tonneau qu'il fait verser. Platon, le 
crapaud, jaillit, très énervé.

- C'est le pompom ! On me dérange alors que je pense ! Passez votre
  chemin, petit écervelé !

Paloma toute émue, vole au secours de Rico qui lui
tombe dans les bras. Au milieu de la piste, Rico et
Paloma dans sa petite robe à pois se regardent en
souriant.

- Alors, je la joue cette Valse des amoureux ? dit
  l'accordéon.

Paloma rougit et murmure que oui. L'accordéon rit
aux éclats. Il a réussi ! Le soleil brille dans le ciel et dans le cœur de son amie.


L'accordéon, marchand de bonheur - Katherine Pancol - Jérôme Pélissier - 
Hachette Jeunesse

A la rencontre de Gustave Eiffel

Magicalibri, magicalibra à la rencontre de Gustave Eiffel

- En quelle année sommes-nous ? demande Cléa?.
- En 1889, l'année de sa construction, explique Yoko en
  admirant la tour.
- Elle est vraiment belle en rouge, répond Medhi, rêveur.
- Et si nous allions rendre visite à M. Eiffel ? propose 
  Georges, il doit être dans son bureau.
- J'espère que l'ascenseur fonctionne… soupire Cléa.

- Bonjour, M. Eiffel, murmurent poliment nos quatre amis,
  fort impressionnés de se trouver en sa présence.
- Bonjour, les enfants, mais que faîtes-vous là ? Qu'importe,
  je n'ai pas le temps de m'occuper de vous, je cherche mes 
  lunettes. Impossible d'inaugurer ma tour demain si je ne les
  retrouve pas ! Ne restez pas là, vous voyez bien que je suis
  aussi occupé que préoccupé ! 
- Nous pourrions vous aider à les retrouver, propose Medhi.
- Essaie de te souvenir de la dernière fois que tu les portais.
  Où les as-tu rangées ? demande Valentine en tentant de 
  réconforter son père.
- Si je le savais, elles ne seraient pas perdue, sapristi !
  Comme toujours, je suppose, dans la poche de ma veste, 
  mais ce matin, elles n'y étaient plus !
- Alors, il suffit de retourner en chacun des endroits où tu 
  es allée hier.
- Cette journée fut sans répit, je n'aurai jamais le temps
  d'aller chercher partout !
- Nous nous le pouvons, M. Eiffel ! insiste Georges.
- Soit, soupire M. Eiffel, votre aide ne sera pas de trop.
  Hier, j'ai travaillé dans mon bureau. Au milieu de 
  l'après-midi, je me suis rendu au jardin du Luxembourg
  pour faire une petite sieste sur une chaise près du bassin, et
  le soir, je suis sorti à l'Opéra.
- Quelle journée ! chuchote Medhi à l'oreille de Cléa. Moi
  aussi j'aimerais bien aller à l'Opéra.

- J'ai un plan, annonce Georges. Medhi, Yoko, vous filerez à
  l'Opéra. Cléa et moi inspecterons le bassin du Luxembourg
  et vous, M. Eiffel et Valentine, vous fouillerez minutieusement
  le bureau.
- Merci les enfants de votre bonne volonté ! Mais l'Opéra et le
  jardin du Luxembourg sont loin d'ici et je ne vois pas comment
  vous pourriez vous y rendre à pied.
- Normal, vous n'avez pas vos lunettes, plaisante Georges.
- Moi je sais comment ! s'exclame Valentine en pointant du doigt
  les deux fiacres.
- C'est bien plus rigolo que de prendre le métro ! se réjouit Yoko.
- Une promenade en fiacre, c'est génial ! s'écrie Cléa ravie. Youpi !
  A nous les rues de Paris !

Yoko et Medhi arrivent les premiers à destination.

- Zut ! l'Opéra est fermé à cette heure, rouspète Medhi.
- Allons à l'arrière, suggère Yoko, il doit bien y avoir une entrée 
  pour les artistes.

Yoko ne s'est pas trompée, elle entraîne Medhi dans une petite cour
et aperçoit une porte ouverte. Les deux amis se faufilent à l'intérieur
de l'Opéra.

- Ouf, il n'y a personne ! murmure Medhi. Maintenant, il faut chercher
  la salle, c'est là que M. Eiffel assistait au spectacle.
- Regarde, des flèches nous indiquent comment rejoindre la scène, 
  nous n'avons qu'à les suivre.
- Comme c'est beau ! souffle Medhi en admirant le plafond de
  l'Opéra.

Yoko ne résiste pas à l'envie de chanter, puis elle mime un salut au
public.

- Pas mal ! rit Medhi, mais concentrons-nous plutôt sur nos
  recherches ! M. Eiffel était assis au troisième rang, a-t-il dit, ses
  lunettes ont dû tomber par terre, suggère Medhi.
- Ou elles auront glissé au fond de son fauteuil, répond Yoko.

Hélas ! Yoko et Medhi ont beau fouiller partout, les lunettes de
M. Eiffel restent introuvables.

- Allons rejoindre Cléa et Georges au Luxembourg, propose Yoko.

Quelle n'est pas la surprise de Yoko et de Medhi en entrant dans le
jardin de découvrir leurs amis en train de participer à une course de
petits voiliers.

- Je peux savoir ce que vous fabriquez ? gronde Medhi.
- C'est ce qu'il y a beaucoup trop de chaises autour de ce bassin, 
  soupire Cléa, nous n'y arriverons jamais tout seuls !
- Et vous n'avez pas pensé à demander de l'aide aux autres enfants ?
- Non, mais c'est une excellente idée, répond Georges un peu penaud.

Tout le monde s'y met, mais hélas ! les lunettes de M. Eiffel ne sont
pas là non plus.

- Il ne nous reste qu'à retourner voir M. Eiffel, soupire Cléa, en espérant
  que sa fille aura eu plus de succès que nous !

Une fois revenus au pied de la tour, nos amis apprennent que Valentine
n'a pas trouvé les lunettes, et M. Eiffel est consterné.

- Je n'y comprends rien, je les mets pourtant toujours dans ma poche !
- Attendez ! s'écrie Yoko, dans votre poche, dites-vous ?
- Oui, mais j'ai déjà regardé, tu penses bien, dit Gustave Eiffel en
  tapotant son veston.
- J'ai une idée, insiste Yoko, allons dans votre bureau s'il vous plaît.
  Vous êtes bien allé à l'Opéra hier soir, n'est-ce pas ? interroge Yoko.
- Oui, je vous l'ai déjà dit, où veux-tu en venir ?
- Laisse-la parler, papa, intervient Valentine.
- Vous ne vous êtes pas changé pour vous rendre à l'Opéra ?
- Bien sûr que si, j'ai enfilé un bel habit, les femmes portaient des
  robes longues et moi une queue-de-pie.
- Alors, c'est dans la poche de ce bel habit qui se trouvent vos lunettes
  et non dans celle du veston que vous portez aujourd'hui !
- Bien sûr ! Comment n'y ai-je pas pensé plus tôt, soupire de
  soulagement M. Eiffel.
  Merci les enfants ! s'exclame Gustave Eiffel, grâce à vous, j'y verrai
  parfaitement demain, l'inauguration sera réussie !
- Tant mieux répondent nos amis en chœur. Nous allons vous laisser
  à présent, nous devons rentrer chez nous…
- Attendez ! s'écrie Valentine Eiffel, acceptez ce petit cadeau en
  remerciement de votre aide.
- Elle est magnifique, remercie Medhi.

- Trois, deux, un, Magicalibri, magicalibra, à nous le présent !

- Quel incroyable aventure, soupire Georges. Et ce joli souvenir
  témoignera que nous ne l'avons pas rêvée !


Pour en savoir plus : La Tour Eiffel compte 1665 marches. Aujourd'hui
la tour Eiffel mesure 324 m de hauteur. Au départ rouge puis ocre, la
tour Eiffel est aujourd'hui peinte en "brun Eiffel".


A la rencontre de Gustave Eiffel - Hachette jeunesse - Marc Levy - Carine Hinder