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mardi 29 mars 2011

Elmer

Il était une fois un troupeau d'éléphants. De
jeunes éléphants, de vieux éléphants,
de grands éléphants, des gros et des minces.
Des éléphants comme ci, des éléphants
comme ça ou autrement, tous différents
mais tous heureux et tous de la même couleur.
Tous... sauf Elmer.

Elmer était différent. Elmer était bariolé. Elmer était jaune et orange et rouge et rose et violet et bleu et vert et noir et blanc. Elmer n'était pas de la couleur des éléphants. C'est Elmer qui rendait les éléphants heureux. Tantôt il plaisantait avec les autres éléphants, tantôt les autres éléphants plaisantaient avec lui. Mais c'est toujours Elmer qui amenait le rire.

Une nuit, Elmer n'arriva pas à trouver le sommeil, il se disait qu'il en avait assez
d'être différents. Qui n'a jamais entendu parler d'un éléphant bariolé ? pensait-il.
Pas étonnant qu'ils se moquent de moi. Au matin, avant que les autres se réveillent
tout à fait, Elmer s'esquiva doucement. Son départ passa inaperçu.

Tandis qu'il traversait la jungle, Elmer
rencontra d'autres animaux. Ils lui dirent
tous :

- Bonjour, Elmer ? 

A chacun d'eux Elmer sourit et répondit :

- Bonjour.

Après une longue marche, Elmer trouva ce qu'il cherchait, un arbrisseau
buissonnant. Un arbrisseau couvert de baies, un arbrisseau couvert de baies
de la couleur des éléphants. Elmer attrapa l'arbrisseau et le secoua tant et si
bien que les baies tombèrent sur le sol.

Une fois que le sol fut tapissé de baies, Elmer s'allongea et roula sur lui-même
plusieurs fois d'un côté et de l'autre puis d'avant en arrière. Ensuite il ramassa
des grappes de baies et s'en frictionna le corps jusqu'à ce que le jus de baies
le recouvre entièrement et qu'il n'y ait plus la moindre trace de jaune ou d'orange
ou de rouge ou de rose ou de violet ou de bleu ou de vert ou de noir ou de blanc.
Une fois son travail achevé, Elmer ressemblait à n'importe quel autre éléphant.

Ensuite Elmer s'en retourna vers le troupeau. En chemin il repassa devant les
autres animaux. Cette fois ils lui dirent tous :

- Bonjour, éléphant.

Et à chacun d'eux Elmer sourit et répondit :

- Bonjour ! heureux de ne pas être reconnu.

Quand Elmer retrouva les autres éléphants,
ils étaient tous immobiles et silencieux.
Aucun ne remarqua Elmer tandis qu'il se glissait au milieu du troupeau. Au bout d'un moment, Elmer sentit que quelque chose clochais, mais quoi ? Il regarda autour de lui, la même jungle habituelle, les mêmes nuages chargés de pluie qui traversaient le ciel de temps à autre et enfin les mêmes éléphants. Elmer les regarda.

Les éléphants étaient comme soudés au sol. Elmer ne les avait jamais vus si sérieux.
Et plus il regardait ces éléphants silencieux,
sérieux, solennels et comme soudés au
sol, pluis il avait envie de rire. Au bout d'un
moment, ce fut plus fort que lui. Il leva
sa trompe et il hurla à tue-tête :

BOOOO !

Les éléphants furent si surpris qu'ils firent des
bonds dans tous les sens.

- Nom d'une pipe ! s'exclamèrent-ils.

puis ils virent Elmer qui n'en pouvait plus de rire.

- Elmer, dirent-ils. Ce doit être Elmer.

Alors les éléphants se mirent à rire comme jamais ils n'avaient ri auparavant.

lundi 28 mars 2011

Le mariage du souriceau

Un jour, dans une famille de souris, naquit un
souriceau blanc d'une beauté sans pareille.
Quand il fut grand, ses parents déclarèrent :

- Nous allons chercher la créature la plus puissante
   de l'univers. Et tu épouseras sa fille.

Les parents
souris regardèrent le soleil flamboyant réchauffer la terre et
pensèrent que rien n'était plus puissant que lui. Ils décidèrent de demander sa fille en
mariage.

- Je suis honoré, répondit le soleil, mais vous
   vous trompez, le nuage est bien plus
   puissant que moi. Il me cache à son gré
   et je ne peux rien y faire.

Les souris regardèrent le nuage cacher le soleil, puis cracher de la pluie. Ils virent
que le soleil avait raison et allèrent voir le
nuage pour lui demander sa fille.

- C'est très flatteur, dit le nuage, mais vous
   vous trompez. Le vent qui me pousse
   à son gré est bien plus puissant que moi !

Les parents souris regardèrent le vent
disperser les nuées. Ils virent que le nuage
avait raison et allèrent voir le vent pour lui demander sa fille.

- C'est un honneur, dit le vent, mais vous vous
   trompez. J'ai beau souffler de toutes mes
   forces, le mur me résiste. Il est bien plus
   puissant que moi !

Les
parents
souris regardèrent le mur fièrement dressé et
virent que le vent avait raison. Ils allèrent
voir le mur pour lui demander sa fille, mais
celui-ci leur répondit :

- Vous vous trompez. Regardez, je suis fragile. Les souris qui vivent à mon pied ont
   rongé mes fondations. C'est leur fille qu'il faut demander !

Le souriceau fut donc uni à une charmante
souricette, lors d'une somptueuse
cérémonie à laquelle furent conviées toutes
les souris du pays !

La petite sirène

Il était une fois une petite sirène qui vivait
dans un palais au fond des mers. Un jour,
elle remonta à la surface et vit un grand
navire. Un beau prince se promenait
parmi les matelots. Soudain, une vague
souleva le bateau et le prince tomba à
l'eau. Il ne savait pas nager... La sirène
plongea et le ramena évanoui au rivage.
Puis, elle chanta le chant des tritons pour le
ranimer. Mais honteuse de sa queue de poisson, elle retourna sans attendre au fond
de l'océan. Grâce au chant merveilleux, le prince ouvrit les yeux. Mais il n'y avait
plus personne sur la plage...

De retour dans son palais, la sirène dépérissait. Elle ne
pouvait oublier le beau jeune homme qu'elle avait
sauvé. Mais pour aller sur terre, il fallait des pieds.

- Je peux t'aider, dit la sorcière des mers. Si tu me
  donnes ta jolie voix.

Sitôt dit, sitôt fait. Sur le sable de la plage, la sirène
courait vers le palais et celui qu'elle aimait. Le prince,
émerveillé par sa beauté, l'invita à danser. Mais la
jeune fille ne prononçait pas un mot et le prince, déçut, dansa avec d'autres
invitées. La sirène, désespérée, courut au bord de l'eau. Plusieurs de ses
soeurs étaient là. Par signes, elle les supplia d'aller voir la sorcière : qu'elle lui
redonne sa voix ! La sorcière leur dit :

- Je veux bien rendre la voix, mais donnez-moi en échange
  vos cheveux de soie.

Pour l'amour de leur soeur, les sirènes se sacrifièrent. Et
devant les invités stupéfaits, la petite sirène se mit à
chanter. Le prince reconnut la mélodie et très ému, voulut
aussitôt épouser celle qui l'avait sauvé. La petite sirène,
devenue princesse, vécut heureuse au palais avec son
bien-aimé.

dimanche 27 mars 2011

Le hérisson et le chacal

Un jour, le hérisson emmena le chacal dîner
sur les terres d'un riche paysan, en se glissant
par le trou de la haie.
Le repas était bon. Ce fut un vrai régal.
Mais au moment de quitter le champ,
le chacal avait le ventre si plein
qu'il ne put repasser par le même chemin.
Il demanda au hérisson de l'aider.
Celui-ci, pas plus gros qu'une caille,
nullement gêné par sa taille,
abandonna son compagnon.
Le fermier survint alors,
armé d'un gros bâton,
décidé à tuer le chacal.
L'animal, ventru mais malin,
le supplia de le laisser partir
pour dire adieu aux siens,
jurant tant et si bien,
que le fermier se laissa fléchir
et le poussa dehors.


A l'heure qu'il est, il l'attend encore !

jeudi 24 mars 2011

Le lion élevé par des moutons

Un lionceau abandonné fut recueilli par des brebis.
Avec elles, il apprit à brouter de l'herbe, à bêler,
si bien qu'il se crut mouton. Comme eux, il avait
peur du lion, du loup, de l'aigle et du chacal.

Un jour, un lion s'approcha du troupeau, s'empara de
l'animal et l'emmena au bord de la rivière. La
pauvre bête, affolée, se mit à pleurer, croyant
sa dernière heure arrivée.

- Pourquoi
   pleures-tu ? dit le lion.

- Parce que vous allez me manger.

- Manger un de mes semblables !
   Voyons, je ne t'ai amené ici que pour me
   tenir compagnie.

Le lionceau, alors, se pencha sur l'eau et vit, côte à côte, leurs reflets.
C'est ainsi qu'il apprit quel animal il était

Les singes et le marchand de chapeaux

Un marchand s'était installé sur la place du marché et
vendait des chapeaux aux passants. Un groupe de
singes l'observait. Le voyant mettre un chapeau sur
sa tête pour convaincre un client, ils voulurent en
faire autant.

Ils s'emparèrent des chapeaux et s'enfuirent dans les
arbres en faisant des pirouettes.

Le marchand
agita les bras comme un moulin.
Les singes l'imitèrent.
Le marchand, mécontent, tapa du pied. Les singes eux aussi tapèrent.
Le marchand leur montra le poing.
Les singes aussi le menacèrent.

Le marchand ne savait plus quoi faire, quand, soudain, une idée lui vint :
Il jeta son chapeau à terre. Les animaux le singèrent. Il se dépêcha de les ramasser et les rangea dans son panier. 

mardi 22 mars 2011

Les musiciens de brême

Il était une fois un âne qui avait décidé d'aller à
Brême pour devenir musicien. En chemin, il
rencontra un chien, assis au bord de la route,
qui semblait très malheureux.

- Que t'arrive-t-il, chien ? demanda âne.

- Personne ne m'aime et je m'ennuie, répondit
   chien.

- Viens avec moi à Brême et tu deviendras
   musicien, dit âne. Je jouerai de la guitare
   et toi, tu pourrais jouer du tambour.

Et ils partirent ensemble sur la route de
Brême. Très bientôt, ils rencontrèrent
un chat, esseulé et triste, triste...

- Que t'arrive-t-il, chat ? demanda âne.

- Personne ne m'aime et je m'ennuie, répondit
   chat.


- Viens avec nous à Brême et tu deviendras musicien, dit âne. Je jouerai de la guitare, chien jouera du tambour et toi, tu pourrais jouer du violon.

Et ils partirent ensemble sur la route de brême. Deux kilomètres plus loin,
ils rencontrèrent un coq, perché sur un montant de porte, qui semblait fort
abattu.

- Que t'arrive-t-il, chat ? demanda âne.

- Personne ne m'aime et je m'ennuie, répondit coq.

- Viens avec nous à Brême et tu deviendras musicien, dit âne. Je jouerai de
   la guitare, chien du tambour, chat du violon et toi, tu pourrais être notre 
   chanteur.

Et ils partirent ensemble sur la route de brême. Au crépuscule, ils n'étaient
toujours pas arrivés et ils devaient trouver un endroit où passer la nuit.
Tandis qu'ils traversaient la forêt, coq aperçut une lumière, au loin. En
s'approchant, ils virent qu'elle provenait d'une chaumière.

Avant de frapper à la porte, ils décidèrent de
regarder d'abord à l'intèrieur. Ane posa ses
sabots et jeta un coup d'oeil.

- Que vois-tu ? demanda coq.

- De la nourriture à foison, répondit âne.

- Et quoi d'autre ? demanda chat.

- Des chaises, des chaises confortables.

- Et quoi encore ? demanda chien.

- Du feu, un bon feu de bois.

- Et quoi encore ? demandèrent coq, chat et chien.

- Quatre brigands en train de dîner, répondit âne.

Et les quatre animaux se sauvèrent dans les bois. Rapidement ils établirent
un plan. Ils revinrent près de la chaumière. Ane posa ses sabots sur le rebord
de la fenêtre, chien sauta sur son dos, chat sauta sur le dos du chien, et coq
sauta sur la tête de chat. Alors, ils donnèrent un concert à leur façon :

- Hi-han hi-han ! Ouah, ouah, ouah ! Miaou, miaou ! Cocorico !

Sur ce, ils s'élancèrent et brisèrent la fenêtre, dispersant mille éclats de verre.
Effrayés, les voleurs sortirent de la chaumière et se réfugièrent dans la forêt.
A leur tour, les animaux profitèrent de la nourriture à foison, du bon feu de bois
et des chaises confortables. Ils s'installèrent dans la chaumière pour la nuit.

Ane trouva un lit de paille dans la cour, chien se
coucha derrière la porte, chat se roula en boule
au coin du feu et coq se percha sur le toit.
Bientôt, ils s'endormirent. Quand il n'y eut plus
de lumière, l'un des brigands retourna sur les
lieux pour voir ce qui s'était passé. Il se glissa
dans la pièce, essaya d'enflammer une allumette
avec ce qu'il prit pour les braises du feu.

Ce n'étaient pas des braises mais les yeux
flamboyants de chat qui lui sauta
dessus crachant et griffant. Le brigand
recula et tomba sur chien qui lui mordit
les mollets. Il s'enfuit dans la cour où âne
lui donna une ruade. Enfin, réveillé par le bruit, coq poussa un strident :

Cocorico !

Terrifié, le brigand courut rejoindre ses compagnons dans la forêt.

- Il y a une affreuse sorcière dans la maison ! cira-t-il. Elle a sauté sur moi et m'a
   griffé au visage. Et devant la porte, un homme m'a planté un couteau dans le
   mollet. Dans la cour, un grand monstre noir m'a frappé d'un coup de gourdin.
   Et sur le toit, un policier criait : ris donc, mon coco !

Les brigands s'enfuirent. Ane, chien, chat et coq n'allèrent jamais à Brême mais ils
vécurent heureux dans leur chaumière au coeur de la forêt, sans musique, mais
avec, parfois, grand tapage.

lundi 21 mars 2011

Le grillon

Un pauvre petit grillon caché dans l'herbe fleurie
regardait un papillon voltigeant dans la prairie.
L'insecte ailé brillait des plus vives couleurs;
l'azur, le pourpre et l'or éclataient sur ses ailes;
jeune, beau, petit-maître, il court de fleurs en fleurs;
prenant et quittant les plus belles.
Ah ! disait le grillon, que son sort et le mien sont
différents ! dame nature pour lui fit tout et pour moi rien.
Je n'ai point de talent, encore moins de figure;
nul ne prend garde à moi, l'on m'ignore ici bas : autant
vaudrait n'exister pas.
Comme il parlait, dans la prairie arrive une troupe d'enfants;
aussitôt les voilà courants après ce papillon dont ils ont tous
envie. Chapeaux, mouchoirs, bonnets, servent à l'attraper.
L'insecte vainement cherche à leur échapper, il devient
bientôt leur conquête. L'un le saisit par l'aile, un autre par le corps;
un troisième survient et le prend par la tête.
Il ne fallait pas tant d'efforts pour déchirer la pauvre bête.
Oh ! Oh ! dit le grillon, je ne suis plus faché;
il en coûte trop cher pour briller dans le monde.
Combien je vais aimer ma retraite profonde !

Pour vivre heureux vivons caché.

Le paysan et les deux chats

 
Un paysan avait un
poulailler où
caquetaient des
poules et des
poulets.
Mais, chaque nuit,
en grand secret une
volaille
disparaissait.

- C'est toi le voleur !
   cria-t-il à son chat. C'est dans mon poulailler que tu prends tes repas !

Le chat jura sur l'honneur qu'il n'avait pas touché ni poule ni poulet.

- Non seulement tu voles, mais tu mens ! l'accusa le paysan. Si ce n'est toi,
   allons voir qui donc commet le forfait.

Ce soir-là, lorsqu'il fit bien noir, le fermier tendit un
piège discret à l'entrée du poulailler, pour en avoir
le coeur net. Le lendemain, la preuve était faite :
il trouva, enfermé dans sa cage, un chat sauvage.

Il ne faut pas porter d'accusation sans avoir de bonnes
raisons !

Le noyau de mangue

La fille du lièvre était si jolie que de
nombreux prétendants désiraient l'épouser.
Ses parents demandèrent à chacun des partis
d'apporter la preuve qu'ils avaient de quoi
nourrir leur fille bien-aimée.

Tous présentèrent
alors des régimes de
bananes, du manioc, des carottes, des
ignames, quantité de feuilles et de fruits.

Tous, sauf un, lui, ne possédait qu'un beau noyau de
mangue. Voyant la surprise dans les yeux de chacun,
il expliqua :

- Vos fruits sont
   superbes et bien
mûrs, mais mon noyau deviendra, une fois planté, un bel arbre qui nous fournira de quoi
manger pendant toute notre vie.

Devant un prétendant si sage, monsieur et
madame Lièvre n'hésitèrent pas à lui donner
leur fille en mariage.

samedi 19 mars 2011

Les trois boucs bourrus

Il était une fois trois boucs qui vivaient dans
un champ, à flanc de colline. Le premier
s'appelait Grand Bouc Bourru, le second
Moyen Bouc bourru et le troisième Petit
Bouc Bourru. Un rivière coulait au milieu
du champ.

Un jour, les trois boucs décidèrent de la
traverser pour brouter l'herbe sur l'autre rive.
Mais ils devaient d'abord passer sur le pont, et dessous vivait
le Grand Vilain Troll.

Petit Bouc bourru, le premier s'avança sur le pont. Ses sabots résonnaient,
toc, tagada doc ! taga doc !

- Qui ose gambader sur mon pont ? rugit le troll.

- Ce n'est que moi, Petit Bouc Bourru. Je
   voudrais traverser la rivière, manger
   l'herbe et devenir dodu, répondit Petit
   Bouc Bourru d'une toute petite voix.

- Puisque c'est ainsi, je vais t'avaler ! dit le troll.

- S'il vous plaît, ne me mangez pas, je suis trop petit, supplia le Petit Bouc Bourru.
   Attendez plutôt Moyen Bouc, il est bien plus gros.

- Alors, sauve-toi ! dit le troll.

Bientôt, Moyen Bouc s'avança sur le pont. Ses sabots résonnaient, toc,
tagada doc ! taga doc !

- Qui ose gambader sur mon pont ? rugit le troll.

- Ce n'est que moi, Moyen Bouc Bourru. Je voudrais traverser la rivière,
   manger l'herbe et devenir dodu, répondit Moyen Bouc Bourru d'une
   voix moyenne.

- Puisque c'est ainsi, je vais t'avaler ! dit le troll.

- S'il vous plait, ne me mangez pas ! supplia Moyen Bouc Bourru. Attendez
   plutôt Grand Bouc Bourru. C'est le plus gros.

- Alors, sauve-toi, dit le troll.

Très bientôt, Grand Bouc Bourru s'avança sur le pont.
Ses sabots résonnaient, toc, tagada doc ! tagada doc !
Et le pont gémissait sous son poids.

- Qui ose écraser mon pont ? rugit le troll.

- C'est moi, le Grand Bouc Bourru, tonna Grand Bouc
   Bourru de sa puissante voix.

- Puisque c'est ainsi, je vais t'avaler ! dit le troll.

Affreusement vilain et affamé, il bondit sur le pont. Mais Grand Bouc Bourru était
très fort et très féroce. Il chargea le troll et lui donna un si violent coup de tête que
celui-ci vola dans les airs et retomba... plouf ! au beau milieu de la rivière. Et l'on
ne revit plus jamais le Grand Vilain Troll.

Alors Grand Bouc Bourru rejoignit Moyen Bouc Bourru et Petit Bouc Bourru dans
le champ, sur l'autre rive. Là, ils broutèrent l'herbe et devinrent si dodus qu'ils ne
pouvaient plus se traîner. S'ils n'ont pas maigri, ils y sont encore ! 

Mon conte est terminé, les boucs ne sont pas rentrés.

Jack le paresseux

Il était une fois un garçon du nom de Jack qui vivait
avec sa mère. Ils étaient très pauvre et la vieille
dame gagnait sa vie en filant. Mais Jack était si
paresseux qu'il ne faisait rien excepté se dorer au
soleil en été et s'asseoir au coin du feu en hiver.
Tout le monde l'appelait Jack le paresseux.

Un lundi, sa mère le menaça de le chasser de la
maison s'il ne travaillait pas pour gagner sa soupe.
Le lendemain, Jack sortit et loua ses services à un
fermier pour quelques sous. Mais comme il n'avait 
jamais eu d'argent auparavant, en chemin, il laissa tomber les sous dans le ruisseau.

- Petit imbécile ! lui dit sa mère. Tu aurais dû mettre l'argent dans ta poche.

- Ce sera pour la prochaine fois, répliqua Jack.

Le mercredi, Jack sortit de nouveau et
travailla pour un vacher qui le paya avec
un pot de lait. Jack mit le pot dans la
grande poche de sa veste mais le lait
se répandit.

- Mon dieu ! soupira la mère. Tu aurais dû le
   poser sur la tête.

- Ce sera pour la prochaine fois, répliqua Jack.

Le jeudi, Jack travailla pour un fermier qui le paya avec un fromage crémeux. Le
soir, Jack rentra chez lui, le fromage posé sur la tête. Quand il arriva, une partie
du fromage était tombée et ce qui restait était collé à ses cheveux.

- Oh non ! s'écria la mère. Tu aurais dû le tenir soigneusement entre les mains.

- Ce sera pour la prochaine fois, répliqua Jack.

Le vendredi, Jack travailla pour un boulanger qui lui donna en échange un énorme
matou. Jack essaya de le tenir soigneusement entre les mains mais le matou le
griffa si bien qu'il dut le lâcher. Quand il rentra chez lui, sa mère lui dit :

- Pour l'amour du ciel, Jack, tu aurais dû le traîner au bout d'une ficelle.

- Ce sera pour la prochaine fois, répliqua Jack.

Le samedi, Jack travailla pour un boucher qui le paya avec une épaule de mouton.
Jack attacha l'épaule à une ficelle et la traîna dans la poussière. Lorsqu'il rentra
chez lui, la viande était immangeable. Cette fois-ci, la mère était à bout de patience
car le lendemain, dimanche, il n'y avait que du chou pour dîner.

- Tête de mule ! cria-t-elle. Tu aurais dû porter la viande sur l'épaule.

- Ce sera pour la prochaine fois, répliqua Jack.

Le lundi suivant, Jack travailla pour un
bouvier qui lui donna un âne pour sa
peine. Jack parvint à hisser l'âne sur
son épaule et il revint péniblement au
logis. Par le plus grand des hasards, il
passa devant la maison d'un homme
riche dont la fille unique, très belle, était
sourde et muette.

Selon le médecin, si elle riait simplement une fois, elle serait guérie. Or, elle n'avait jamais ri de sa vie. Fort heureusement, elle regardait par la fenêtre au
moment où Jack passait avec son âne. Le spectacle lui parut si étrange qu'elle
éclata de rire et, aussitôt, retrouva la parole et l'ouïe. Quelle joie dans la maisonnée.

Très bientôt, Jack le paresseux épousa la belle jeune fille. Tous deux vécurent dans
une grande maison où ils ne manquèrent de rien. Quant à la mère de jack, elle
habita avec eux et fut heureuse jusqu'à la fin de ses jours.

vendredi 18 mars 2011

Pinocchio

Un pauvre cordonnier nommé geppetto
fabriqua un jour un pantin de bois qui,
à peine terminé, se mit à parler et à chanter.

- Tu t'appelleras Pinocchio, dit Geppetto tout
   ému, et tu seras le fils que je n'ai jamais eu !

Le lendemain, Geppetto acheta à Pinocchio des livres et des cahiers et l'envoya à l'école. Mais, sur le chemin, le pantin rencontra un renard et un chat qui lui dirent :

- L'école, c'est ennuyeux, va plutôt au pays des jouets, c'est bien plus rigolo !

Pinocchio les crut et partit aussitôt. Avec
d'autres enfants, il s'amusa toute la journée
et mangea plein de bonbons et de gâteaux.
Mais soudain, de longues oreilles se mirent
à lui pousser : il se transformait en ânon !
L'âne Pinocchio fut obligé de travailler pour
un maître cruel. Il était si fatigué qu'il se cassa
une patte. Sans pitié, son maître le jeta à la
mer. Mais à peine Pinocchio eût-il touché
l'eau qu'il redevint un pantin. Il nagea jusqu'au rivage et là, il rencontra la fée bleue.

- Ton père te cherche partout, dit-elle. Qu'as-tu fait ?

Pinocchio mentit :

- Je me suis perdu...

Et là, son nez poussa d'un coup !

- Si tu ne dit pas la vérité, dit la fée, ton nez va encore
   pousser !

Pinocchio raconta alors ce qui s'était passé.
La fée lui rendit son petit nez et le
raccompagna chez lui. Pinocchio apprit que
Geppetto était parti en mer pour le chercher.
Quelle affaire pour le retrouver ! Sa barque
avait chaviré et une énorme baleine l'avait
avalé ! Quand ils rentrèrent enfin à la maison,
Pinocchio soigna son père qui avait pris froid.
Puis, il retourna à l'école. Le voyant si gentil et si sage, la fée bleue transforma le pantin de bois en un vrai petit garçon, pour la plus grande joie de geppetto !

Le chacal, l'hyène et les poissons dérobés

Le chacal cherchait sa nourriture et le hasard lui en fournit. Sur la route qui
venait de la mer, il rencontra une voiture pleine de poissons que le pêcheur
menait au marché de la ville. Ces beaux
poissons alléchèrent le chacal. Mais
comment les attraper : ils étaient bien
empilés dans la voiture et le pêcheur ne
quittait pas son siège. Inutile d'espérer
qu'il en offrît quelques-uns.

Le chacal examina le problème et une idée
lui vint. Il courut en avant de la voiture,
s'étendit sur la route et fit le mort. Le pêcheur
l'aperçut, s'arrêta, sauta de son siège et
s'exclama :

- Tiens ! un chacal mort. Quel beau pelage ! je pourrai en faire quelque chose.

Il ramassa le chacal et le jeta dans la voiture,
sur le tas de poissons. C'était bien ce sur quoi
le chacal avait compté. Sans bruit, il lança l'un
après l'autre les poissons sur la route. Quand
il y en eut assez, il sauta lui-même hors de la
voiture et ramassa vivement tous les
poissons. Le pêcheur ne s'était aperçu de rien.

Le soir, le chacal se gava de poissons grillés. L'arôme de ce mets de choix alerta
l'hyène, sa voisine. Le chacal l'invita fort civilement à partager le festin. Mais il n'en
restait guère et l'hyène s'en plaignit, ce qui ne plut pas au chacal qui lui dit :

- Si tu aimes tant le poisson, que ne vas-tu à la pêche ! Ou bien fais comme moi.
   Va sur la route où les pêcheurs voiturent leur poisson. Mais ne gambade pas, fais
   la morte. Le pêcheur te mettra dans sa voiture avec les poissons et tu pourras en
   prendre autant que tu en voudras.

L'hyène ne le remercia même pas pour l'astucieux conseil et s'en fut vers la mer.
Quand elle vit s'approcher la voiture aux poissons, elle
s'étendit en travers de la route et fis la morte. Le
pêcheur s'arrêta, sauta de son siège et s'exclama :

- Tiens ! une hyène morte. Quelle charogne !
   un pelage tout râpé !

Il assena à l'animal quelques bons coups de
gourdin, le jeta de côté pour dégager la route.
La malheureuse hyène crut en trépasser. Non
seulement, elle n'avait pu attraper le moindre
petit poisson, mais elle avait reçu une bonne
volée.

C'est ainsi qu'il en va de par le monde : deux personnes peuvent faire la même
chose sans que la chose soit la même.

Le roi grenouille

Assise au bord d'une fontaine, une princesse
s'amusait à lancer sa balle d'or. Soudain, le
jouet lui échappa des mains et tomba dans
le bassin. Une grenouille pointa sa tête hors
de l'eau :

- Que me donneras-tu, dit-elle, si je vais
   chercher ta jolie balle dorée ?

La jeune fille tenait beaucoup à son jouet :

- Je te donnerai mes robes, mes bijoux, même la couronne d'or que 
   j'ai sur la tête !

Mais la rainette déclara :

- Je n'en ferai rien. Ce que je veux, c'est être ton amie, manger dans ton assiette et
   loger dans ta chambrette.

La princesse promit :
- Tu auras tout ce que tu voudras !

L'animal plongea et rapporta la balle dorée.
La princesse s'en saisit vite fait et s'enfuit
vers le palais. Elle était trop rapide pour la
grenouille qui coassa, essouflée :

- Attends-moi !

Mais l'autre courut de plus belle, pressée d'être débarrassée de l'animal importun.
Le lendemain, au moment du repas, on entendit :

- Fille de roi, ouvre-moi !

Le souverain demanda :

- Qui t'appelle, mon enfant ?

La princesse raconta ce qui s'était passé.

- Tu dois tenir tes promesses, dit le roi, fais
   entrer cet animal et donne-lui à manger.

Tandis que la grenouille goûtait à tout dans
son assiette, la princesse, dégoûtée, ne
touchait pas au dîner. Enfin, la grenouille
déclara :

- Je suis fatiguée ! Allons dans ta chambrette !

La princesse voulut refuser, mais le roi lui rappela sévérement :

- Tu as promis !

La jeune fille prit la grenouille et sortit en pleurant. Une fois
dans sa chambre, elle jeta avec colère l'animal sur le lit.
Sous le choc, la bestiole resta inanimée. Croyant l'avoir
tuée, la princesse la prit contre elle et l'embrassa :

- Pardon ! cria-t-elle.

Surprise ! Plus de grenouille ! A sa place, se tenait un roi jeune
et beau :

- Tu m'as libéré du sort qui m'enchaînait à la fontaine, dit-il, veux-tu être ma reine ?

Un carrosse d'or emporta les amoureux qui vécurent heureux jusqu'à la fin des temps.