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samedi 3 août 2013

Maman, tu m'aimes ?

- Maman, tu m'aimes ?
- Bien sûr, je t'aime.
- Beaucoup, beaucoup ?
- Beaucoup, beaucoup et plus encore. Plus que le
   corbeau son trésor, plus que le chien sa queue,
   plus que la baleine ses nageoires.
- Tu m'aimeras toujours toujours ?
- Jusqu'au jour où l'Oumiak s'envolera vers la lune,
   où les étoiles se feront poissons, où le macareux
   hurlera comme un loup.
- Maman, si je transportais des oeufs... nos oeufs de ptarmigan et que je faisais très
   attention, et que je marchais très lentement, mais que je tombais quand même et que
   les oeufs se cassaient ?
- Alors, je serais bien ennuyée. Mais je t'aimerais tout autant.
- Et si je mettais du saumon dans les poches de ta parka ? Des hermines dans tes moufles ?
   Des lemmings dans tes mouklouks ?
- Alors, je me fâcherais.
- Et si je jetais de l'eau sur la lampe ?
- Alors, je me fâcherais tout rouge. Mais je t'aimerais quand même.
- Et si je m'échappais de chez nous ?
- Alors, je me ferais du souci.
- Et si je ne revenais pas ? Si je m'installais dans une caverne pour chanter avec les loups ?
- Alors je serais très triste. Mais je t'aimerais quand même.
- Et si je me changeais en boeuf musqué ?
- Alors, je serais surprise.
- Et si je me changeais en morse ?
- J'aurais un peu peur, aussi.
- Et si je me changeais en ours blanc, le plus féroce
   de la terre entière avec des dents pointues,
   pointues, et que je te courais après et que tu
   rentrais dans la tente en hurlant ?
- Alors je serais très surprise, et j'aurais très peur
   aussi. Mais malgré tout, sous ta peau d'ours, tu
   serais toi et je t'aimerais. Je t'aimerais toujours,
   toujours, encore et encore et toujours, parce que tu es mon enfant à moi.