marié depuis des lustres. A un âge
avancé, ils eurent un fils. Hélas, quand
leur enfant n'était pas encore tout à
fait un homme, les parents rendirent
l'âme. C'est alors qu'un vieux mendiant
de passage fit à l'adolescent une
proposition étrange :
- Cela te dirait de vaquer avec moi de par le vaste monde pour y chercher
fortune ?
- Cela me dirait, assura le garçon.
- Il faudra venir en aide à quiconque sera dans la détresse... ajouta le mendiant.- Je suis d'accord.
- Alors, tu dois dire à haute et intelligible voix : Que ce vieux mendiant se
métamorphose en cheval fringuant !
fringuant, le garçon de sauter sur son dos, et tous deux de vaquer de par le
vaste monde pour y chercher fortune.
Un beau matin, alors qu'ils sont en route, le garçon ramasse sur la berge d'une
remet à l'eau le gardon, qui le remercie :
- A l'avenir, si tu te trouves dans l'ennui,
appelle-moi. Je saurai me souvenir de
toi.
Le jour suivant, les compères parviennent au pied d'une montagne. Le cheval
recommande :- Ne touche ni n'emporte rien de ce qui lui appartient.
Volette une plume jusque dans la bouche du garçon. Il la recrache, et la recrache,
et la recrache, rien à faire, la plume volette, et volette, et volette jusque dans sa
bouche. Le jeune homme la trouve jolie, l'attrape et la fourre dans sa poche.
Au-delà de la montagne, les voyageurs touchent aux marches d'une forteresse :
y habite un géant solitaire souffrant la faim, à qui le garçon offre le contenu de sa
gibecière. Rassasié, le géant le remercie :
saurai me souvenir de toi.
Chemin faisant, le cheval s'inquiète :
- N'aurais-tu pas emporté une chose qui appartient à la
montagne ?
- Rien que cette plume.
- Cette plume est enchantée et source d'ennuie.
Maintenant que tu l'as, hélas, il te faut la garder,
soupire le cheval.
Après des kilomètres, les tours d'un palais surgissent à l'horizon. Le garçon se
présente à l'entrée :
- Auriez-vous du travail pour moi ?
- Le maître d'écriture a besoin d'un nouvel aide. Si tu es intéressé, tu peux t'inscrire
pour passer les épreuves.
Comme le garçon est engagé, les copistes s'interrogent :
- D'où vient à ce si jeune garçon un tel talent pour l'écriture ?
Un jour un copiste vola la plume et la montre au maître d'écriture :
- Maître, celui qui a obtenu la plume peut obtenir l'oiseau auquel elle appartient.
Aussitôt, le maître d'écriture exige du garçon
qu'il aille lui chercher l'oiseau. Le cheval
lui indique la marche à suivre :
- Réclame trois jours de congé et trois sacs
d'or.
Il s'en vont chercher l'oiseau, qui est laid et
sale, le capturent et le rapportent au maître
d'écriture :
- Maître, cet oiseau n'est pas si mal mais la femme à qui il appartient est bien mieux.
Le maître d'écriture exige du garçon qu'il lui ramène la femme à qui appartient
l'oiseau. Le cheval sermonne le jeune homme :
- Je te l'avais dit que cette plume allait te causer des ennuis. Réclame trois jours
de congé et trois sacs d'or, puis dis à haute et intelligible voix : Que ce cheval
fringuant se métamorphose en bateau sachant voguer !
Chargé de tissus précieux, le bateau vogue jusqu'au château de la femme à qui
appartient l'oiseau. Elle monte sur le bateau, admire les soieries. Le garçon en
profite et lève l'encre. Alors, la femme jette ses clefs à l'eau. A l'arrivée de la
femme à qui appartient l'oiseau, le copiste qui a volé la plume murmure au maître
d'écriture :
- Maître, celui qui a obtenu la femme obtient le château.
Le cheval indique au garçon la marche à suivre :
rappeler au bon souvenir du géant et à celui du gardon.
Venir en aide au garçon ? Le géant et le gardon ne demandent pas mieux.
- Toi, géant, dit le cheval, bloque l'accès du château de la femme à qui
appartient l'oiseau avec une chaîne gigantesque et toi, gardon, frétille dans
les douves et rapporte les clés de la femme à qui appartient l'oiseau.
elle l'interroge :
- Qu'est-ce que tu préfères, avoir la tête
coupée ou que ton maître ait la tête
coupée ?
- Avoir la tête coupée, répond le garçon.
- Tu as bien répondu. C'est celle de ton
maître qui va rouler sur le sol.
C'est ainsi que le garçon qui avait dérobé
à la montagne la plume de l'oiseau qui appartient à la femme épousa cette dernière.
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