publicité

samedi 25 août 2012

Gâteau au Nutella

Attention : à faire uniquement accompagné d'un adulte.

20 minutes de préparation, 20 minutes de cuisson.

Ingrédients :

- 200 gr de chocolat pralinoise
-   50 gr de sucre
-   70 gr de beurre
-     3 oeufs
-   80 gr de poudre de noisettes
-   80 gr de farine
-     3 cuillères à soupe de nutella
-  1/2 cuillère à café de levure chimique

Préparation :

Faites fondre au bain-marie le chocolat et le beurre. Ajoutez le sucre et les jaunes,
un par un. Mélangez puis ajoutez la levure, la poudre de noisettes, la farine et la
pâte à tartiner. Montez les blancs en neige et incoporez-les délicatement à la pâte.

Versez le tout dans un moule rond et faites cuire 20 minutes à 180°C. Avant de
servir, posez le pochoir Toudou (ci-dessous) au centre du gâteau et saupoudrez
de sucre glace. Retirez ensuite le pochoir délicatement.

dimanche 19 août 2012

Cendrillon

Il était une fois, dans un pays lointain, une très jolie fillette.
Elle vivait avec son père, qui était veuf, dans une agréable
maison. Son père se remaria pour qu'elle ne grandisse pas
seule. Malheureusement son père mourut peu après. La
nouvelle mère de la jeune fille, une marâtre, se mit alors à
la traiter bien durement. Avec ses deux filles, Anastasie et
Javotte, qui étaient aussi laides que méchantes, Lady
Tremaine fit de la douce enfant leur servante.

Elle ne l'appelèrent plus que Cendrillon car elle vidait tous
les jours les cendres des cheminées. Un beau matin, un
messager très distingué apporte une lettre portant le sceau royal. Lady Tremaine s'empresse de l'ouvrir et de la lire. Elle appelle aussitôt ses filles :

- Anastasie ! Javotte ! Le roi donne un grand bal au château, en l'honneur de son
   Altesse le prince... Toutes les jeunes filles à marier devront lui être présentées ce
   soir...
- Puis-je vous accompagner ? demande Cendrillon.

Ses vilaines soeurs pouffent de rire.

- Toi ? Au bal ? Regarde-toi ! Tu n'es qu'une souillon !
   Tu ferais peur même à un monstre !

Cendrillon se défend.

- Mais sa majesté invite toutes les jeunes filles en âge
   de se marier. Donc, je suis invitée !

- Hum ? ! Oui, c'est exact ! reconnaît Lady Tremaine
   avec un sourire cruel. Au fond, je ne vois pas pourquoi tu n'irais pas... Si tu as terminé
   tout ton travail... et si tu trouves une robe convenable à te mettre...
- Oh ! Merci ! répond Cendrillon, reconnaissante.

Et elle se précipite vers sa petite chambre, sous les toits. Là, elle retrouve ses amies les
souris, Gus et Jaq. Comme toutes les souris et tous les oiseaux, elles aiment beaucoup la
gentille Cendrillon.

- Pourquoi es-tu si joyeuse ? lui fait comprendre Jaq en couinant...
- Je suis invitée au bal du château, comme toutes les jeunes filles du royaume ! Le prince
   doit choisir parmi elles sa futur épouse.
- Hourra, semblent dire les souris toutes en choeur.
- C'était la robe de ma pauvre maman... Elle est démodée... Je crois pouvoir l'arranger !
   se dit Cendrillon en mettant la robe devant elle. Avec quelques rubans, elle sera
   convenable !

Mais comme la jeune fille sort sa boîte à couture, une voix impérieuse retentit dans l'escalier :

- Cendrillon ! Descends ici, tout de suite !

Cendrillon, le coeur serré, abandonne à regrets ses projets de couture pour rejoindre la cuisine.

- Tu laveras le carrelage, et puis les fenêtres !
   lui ordonne sa marâtre.
- Mais je l'ai déjà fait hier, proteste Cendrillon.
- Qu'à cela ne tienne, recommence !

Et cendrillon se met tristement à l'ouvrage. Mais la marâtre veille; dès qu'elle termine une
tâche, elle lui en invente une nouvelle. Sans parler des deux soeurs qui la dérangent
continuellement :

- Cendrillon, trouves-moi mes souliers !
- Cendrillon, où as-tu mis mon peigne ?
- Cendrillon, où as-tu rangé mon écharpe ?
- Je crois que je n'irai pas au bal, songe Cendrillon découragée. Elles ne me laisseront pas le
   temps de préparer ma robe !
- Pauvre enfant; comme elles la traitent mal ! Elles lui font faire tout leur travail,
   ronchonne Gus.
- C'est terrible, elle n'aura jamais fini sa robe à temps, ajoute Jaq.

Soudain une souris s'adresse à ses soeurs :

- Retouchons nous-même la robe de Cendrillon ! Nous devrons avoir terminé avant qu'elle
   ne revienne ! Elle n'aura plus qu'à s'habiller !

Les souris s'occupent de trouver les ciseaux, du fil et des aiguilles, tandis que Gus et Jaq se
faufilent dans la chambre des deux soeurs occupées à se pomponner pour le bal. Malgré
leur garde-robe somptueuse, elles se plaignent et le sol est jonché de robes et de parures.

- Ah non ! Je refuse de porter cet affreux ruban de soie, proteste Javotte en le jettant
   rageusement par terre.
- Ce collier de perles ne vas pas du tout à mon cou délicat, grogne Anastasie en le laissant
   tomber négligemment à ses pieds.

Jaq attrape le ruban de soie et Gus le collier de perles.

- Silence, murmure Jaq, si nous réveillons Lucifer, nous sommes perdus.

Ils se hâtent jusqu'à la chambre de Cendrillon où tout le monde s'active gaiement.

- Regardez ! s'écrie Gus, tout fier, voici un ruban de soie et un
   collier de perles !
- Avec ça, la robe de Cendrillon sera sûrement la plus belle de
   toutes, s'extasie Jaq.

Une souris mesure... et un oiseau coupe... Un oiseau plisse... et
une souris coud... C'est un labeur pour de si petits animaux, car
les ciseaux sont bien lourds et les tissus bien grands. En revanche, l'enfilage des aiguilles et la couture sont une vraie partie de plaisir.

Pendant ce temps, Cendrillon doit aider les soeurs à ajuster leurs robes, mais son esprit est
occupé par ce qui l'attend dans sa chambre.

- Vous êtes prêtes, mes filles ? demande la marâtre.

Et toutes trois, hautaines, détournent la tête, laissant Cendrillon rejoindre sa chambre,
le coeur lourd.

- Ce n'est pas grave ! Ce bal sera certainement très long et très ennuyeux... Oh ! J'aurais
   tant aimé y aller !

Elle en a les larmes aux yeux en ouvrant la porte de sa chambre.

- Oh ! Mais... est-ce bien ma robe ? Elle est merveilleuse ! Qui a pu réaliser ce prodige ?
   s'exclame-t-elle ravie.
- C'est nous ! piaillent et couinent tous ses petits amis.

Cendrillon se dépêche de rejoindre ses soeurs. Heureuse de se voir si belle dans sa robe,
Cendrillon descend en hâte l'escalier.

- Attendez-moi ! crie-t-elle. Ma robe est prête !
   N'est-ce pas qu'elle est jolie ?

La marâtre et ses filles fixent Cendrillon avec consternation. Où a-t-elle pu dénicher cette
robe ? Soudain les deux filles reconnaissent leurs parures.

- Oh ! Mon ruban de soie ! hurle Javotte en tirant brutalement sur les pans de la robe.
- Ces perles sont à moi, siffle Anastasie en lui arrachant le collier dont les perles se
   répandent sur le sol.

D'un coup, la robe de Cendrillon se retrouve en lambeaux !

- Cette tenue convient beaucoup mieux à ton rôle de servante, déclare la marâtre. Venez
   mes filles, le prince vous attend !

Et elles partent pour le château, laissant derrière elles Cendrillon en pleurs. Ses petits amis
ont assisté à la scène.

- Comme elles sont méchantes, soupire Gus.
- Et laides, ajoute Jaq. Hélas, il est trop tard pour réparer ce gâchis à présent.

Désespérée, Cendrillon se précipite dans le jardin, suivie des petites souris qui voudraient
tant calmer son chagrin.

- Ce n'est pas juste, j'avais tant rêvé d'aller au bal, sanglote-t-elle. Jamais plus je n'aurai
   cette chance.
- Ne perds jamais l'espoir mon enfant ! murmure une douce voix à l'oreille de Cendrillon.

Surprise, elle lève les yeux et aperçoit près d'elle une vieille dame qui lui sourit tendrement.

- Qui êtes-vous ? s'étonne Cendrillon en séchant ses larmes.
- Je suis ta Marraine, la Fée ! répond-elle. Je suis venue exaucer ton souhait.

Elle regarde attentivement autour d'elle.

- Ai-je bien tout ? Récapitulons... une citrouille, un
   cheval, un chien et... Oh ! J'allais oublier les souris.
- Sauvons-nous vite ! s'écrie Jaq.

Et tout le monde détale dans le jardin. Mais la marraine
de Cendrillon est vraiment une fée. Elle arrête les
fuyard d'un coup de baguette magique.

- Voyons... la formule magique à présent, s'exclame la
   fée en réfléchissant.
   BIDDIBI-BOBBIDI-BIDDIBI-BOO CONDUISEZ CENDRILLON AU BAL DU CHATEAU !

Tout en prononçant les mots mystèrieux, la bonne fée agite avec grâce sa baguette. Une
poussière étincelante éclaire soudain la nuit... Elle retombe d'abord sur les souris, qui se
changent en quatre superbes chevaux, puis sur la citrouille, qui se transforme en carrosse,
et enfin sur le cheval, qui devient un élégant cocher. Quant à Pataud, le chien, le voici
transformé en laquais...

- Monte dans ton carrosse, mon enfant, et amuse-toi bien au bal ! dit la fée.
- Mais... ma robe, marraine ? demande-t-elle dans un souffle.
- Oh, j'oubliais ta robe. Je vais arranger ça !

La baguette magique tournoie maintenant autour de ses haillons, les changeant peu à peu en
une robe féerique. De délicats souliers en verre apparaissent à ses pieds menus, Cendrillon
ressemble maintenant à une princesse.

- Du fond du coeur, je vous remercie, marraine, dit-elle.
- Dieu te bénisse, mon enfant, répond la fée en poussant Cendrillon dans le carrosse. Mais
   n'oublie pas : le sortilège cessera au douzième coup de minuit. Tu redeviendras alors
   Cendrillon.
- Je ne l'oublierai pas, promet Cendrillon.

Et le bel attelage s'élance à vive allure vers le château. Au château, la fête bat son plein, mais
le roi n'a pas l'air satisfait.

- Le prince a déjà dansé avec la moitié des jeunes filles
   du royaume, sans en trouver une seule à son goût. Je
   crains de n'avoir jamais ni bru, ni petits-enfants.
- Votre majesté ne manque-t-elle pas un peu... de
   patience ? réplique le Grand Duc.

C'est alors que Cendrillon entre dans la salle de bal.
Tous les regards se tournent vers la jeune fille, y compris ceux du prince qui se dirige, médusé, vers cette apparition.

- Voulez-vous m'accorder cette danse ? demande-t-il en s'inclinant respectueusement.

A partir de cet instant, le prince subjugué ne danse plus qu'avec elle, oubliant toutes
les autres prétendantes.

- Qui cela peut-il être ? Quelqu'un la connaît-il ici ?

Les invités s'interrogent, tandis que le roi les contemple, un large sourire aux lèvres.

- Comme elle est belle, murmure-t-il au Grand Duc.

Mais le temps passe vite et minuit approche. Hâte-toi,
Cendrillon, il est l'heure de rentrer ! Affolée,
Cendrillon descend en courant le grand escalier... Et y
perd un de ses souliers de verre. Le prince s'élance à
sa poursuite, mais Cendrillon a déjà disparu. Tout ce
qui reste de la jeune fille, c'est ce charmant soulier de
verre qu'elle a perdu et qu'il rapporte au Grand Duc.

- J'épouserai la jeune fille qui chaussera ce soulier. Retrouvez-là, je vous en prie !

Au douzième coup de minuit, le sortilège prend fin. Cendrillon se retrouve assise sur une
citrouille, en haillons, avec quatre souris, un vieux cheval, un chien... et un soulier de verre.

- C'est le plus beaux jour de ma vie, soupire-t-elle.

Dès le lendemain, le Grand Duc commence à parcourir le royaume avec le soulier de verre
qui trône sur un coussin de brocart. Aucune des nombreuses jeunes filles qui se pressent
pour l'essayer ne réussit à y enfiler son pied. Mais Cendrillon apprend la quête du Grand
Duc et laisse éclater une joie qui paraît suspecte à sa belle-mère.

- Je vais enfermer Cendrillon dans sa chambre, décide
   la marâtre inquiète.

Les fidèles Gus et Jaq ont tout vu et entreprennent de
sauver leur amie. La marâtre a beau dissimuler la clé
dans sa poche... rien n'arrête les hardis compagnons. Ils dérobent la clé et la hissent à grand peine jusqu'au sommet de l'escalier, pour la glisser enfin sous la porte de leur amie. Le Grand Duc arrive. La marâtre se réjouit déjà : elle est sûre qu'une de ses filles chaussera le soulier de verre.

Javotte essaie le soulier la première, mais... son pied est bien trop long. Puis, c'est le tour
d'Anastasie, mais... son pied est bien trop large.

- Y a-t-il d'autres jeunes filles dans votre maison ? interroge le Grand Duc.
- Non, répond la marâtre, déçue et furieuse. Mes filles ne peuvent-elles faire un dernier
   essai ?

A cet instant, Cendrillon descend les marches.

- Qui est-ce ? demande le Grand Duc surpris.
- Ce n'est qu'une humble servante, Monseigneur, dit lady Tremaine.

Soudain, le soulier de verre glisse du coussin sur le sol, se brissant en morceaux, au grand
soulagement de l'affreuse marâtre. Cendrillon a-t-elle perdu sa
dernière chance ? Heureusement, Cendrillon sort de dessous
son tablier le deuxième soulier de verre. Il lui va parfaitement.

Enchanté, le Grand Duc annonce alors à Cendrillon que le
Prince désire l'épouser et l'invite à le suivre au château.
Quelques jours plus tard, le mariage princier est l'occasion
de fêtes magnifiques dans tout le royaume. Et naturellement,
tous les fidèles amis de Cendrillon en sont les invités d'honneur.

Cendrillon (Disney - Hachette)

mercredi 15 août 2012

Le koala et le kangourou

De nos jours, le koala vit dans un
grand arbre appelé eucalyptus. Il
n'en descend jamais pour boire,
car il se désaltère en mâchant des
feuilles d'eucalyptus à longueur de
journée.

Pourtant, il y a très longtemps, le
koala vivait à terre en compagnie
de son ami le kangourou. A cette
époque, le koala avait une superbe
queue mousseuse et vaporeuse qui
était plus grande que lui. Il en était
si fier qu'il passait les trois quarts
du temps à la caresser et à la peigner à l'aide de ses longues griffes.

Mais un jour, le koala perdit sa magnifique queue. Dès lors, il resta perché dans son arbre
à tout jamais. Voici son histoire.

Une terrible sécheresse s'était abattue sur le pays. Comme il n'y avait plus une seule goutte
d'eau dans les lacs et les rivières, tous les animaux avaient horriblement soif.

- S'il ne pleut pas bientôt, nous allons mourir, dit le koala au kangourou. Que faire ?
- Je crois avoir trouvé la solution, répondit le kangourou. Quand j'étais tout rikiki et
   encore dans la poche de ma mère, notre région fut frappée de sécheresse. Alors ma
   mère est allée dans le lit de la rivière, elle a creusé un trou à un endroit bien précis et le
   trou s'est soudain remplie d'eau.
- Saurais-tu retrouver cet endroit ? demanda le koala.
- Oui, je crois. D'après mes souvenirs, c'était quelque part où il n'y avait pas de boue
   sèche et craquelée, ni de gros rochers pointus, mais du gravier très menu.

Les deux amis se hâtèrent d'aller à la rivière. Ils parcoururent le lit à sec, sautillèrent sur
la boue sèche et craquelée, escaladèrent les gros rochers pointus et arrivèrent enfin à un
emplacement couvert de fin gravillons.

- Commence à creuser le premier, dit le koala à son compagnon.

Le kangourou commença donc à fouiller le sol avec ses petites pattes de devant, gratt..,
gratt, gratt ! Il travailla dur et longtemps, mais le trou n'était pas encore assez profond. Au
bout d'un moment, il dit au koala :

- A ton tour, maintenant !

Le koala se prélassait à l'ombre, tout en caressant sa superbe queue.

- Je ne sais pas comment m'y prendre, gémit-il.. Montre-moi encore un peu.

Le kangourou se pencha au-dessus du trou et se remit à creuser, creuser, creuser pour
évacuer le gravier, gratt, gratt, gratt ! Puis il se redressa et dit au koala :

- A présent, à toi de travailler !

Le koala était en train de peigner sa superbe queue.

- Ma queue me fait mal, pleurnicha-t-il. J'ai dû m'enfoncer une écharde.

Le kangourou grogna, mais il se pencha de nouveau au-dessus du trou et se remit à
creuser, encore et encore, gratt, gratt, gratt, et les gravillons giclaient hors du trou, tchaf,
tchaf, tchaf ! Au bout d'un moment, le kangourou s'écria :

- Je sens que l'eau n'est pas loin, viens me remplacer !

Le koala s'approcha du trou. Effectivement, l'eau n'était pas loin. Il l'entendit monter et
la vit bientôt affleurer au fond du trou. Aussitôt, il plongea la tête la première et commença
à se désaltérer, glou, glou, glou.

- Sors de là, koala, et laisse-moi boire à mon tour ! cria le kangourou.

Cependant, le koala continua de s'abreuver à longues gorgées, ggllou, ggllou, ggllou.

- C'est moi qui ai fait tout le
   travail ! protesta le kangourou.
   Pousse-toi, je mérite de boire
   le premier.

Le koala fit la sourde oreille et ne
bougea pas d'un poil. Seule sa
longue queue mousseuse et
vaporeuse dépassait du trou. Le 
kangourou l'attrapa mais, lorsqu'il
tira dessus - dans la simple intention de faire sortir le koala de son trou -, elle se brisa net.

Le koala, honteux d'avoir perdu sa superbe queue, fila se réfugier en haut d'un eucalyptus.
Il n'en est plus jamais redescendu. Mais, à mon humble avis, ce vilain paresseux ne l'a pas
volé.

Les vingt contes les plus drôles du monde (Judy Sierra - Gallimard Jeunesse) 

dimanche 5 août 2012

Tresses d'ail

Une femme avait une fille très laide. Elle la maltraitait et la nourrisait mal. Un jour, en
l'absence de sa mère, la fille affamée mangea sept pains entiers. A son retour, la mère
se mit en colère et la frappa. Le fils du roi, passant par là, entendit les cris et demanda :

- Qu'y a-t-il ?
- Rien, rien, Majesté ! J'ai une fille qui est une vraie merveille.
- C'est extraordinaire ! s'exclama le fils du roi. Présentez-la-moi.

La mère refusa, car sa fille était si laide qu'il se serait enfui aussitôt.

- Alors, donnez-la-moi pour épouse, insista le fils du roi.
- D'accord, dit la mère toute heureuse de s'en séparer.
- Dans une semaine j'enverrai mes serviteurs la chercher.

La semaine suivante, un carrosse s'arrêta devant la
maison. Comme d'habitude, la jeune fille était vêtue
de haillons et de tresses d'ail, car elle était si pauvre
qu'elle n'avait rien d'autre à se mettre sur le dos. En
la voyant, les serviteurs du roi murmurèrent :

- Le fils du roi ne va quand même pas épouser une fille
   aussi laide...

Mais ils obéirent à leur maître et installèrent la fiancée dans le carrosse qui se mit en route.
Un peu plus loin, le carrosse passa près d'une fontaine où se trouvaient trois fées. L'un des
serviteurs leur dit :

- Nous conduisons la future princesse. Il faut crier "vive l'épouse !"
- Vive l'épouse ! vive l'épouse ! répétèrent les trois fées.

Mais en apercevant la jeune fille si laide et si mal vêtue, elles éclatèrent de rire. Ha, ha, ha !
La première qui avait avalé quelque chose de travers, rit tellement que sa gorge se dégagea.
Ha, ha, ha ! La deuxième qui avait une poussière dans l'oeil droit, pleura de rire et la
poussière glissa sur sa joue. Ha, ha, ha ! La troisième qui avait une épine plantée dans le
talon, sauta de joie et l'épine sortit.

Quand elles eurent fini de rire, les trois fées réfléchirent :

- Grâce à cette pauvre Tresses d'ail, nous voilà débarrassées de nos ennuis. Il faudrait
   la récompenser.

Alors la première prononça ses mots :

- Qu'elle soit la plus jolie du monde !
- Que tout ce qu'elle porte soit en or !
   dit la deuxième.
- Qu'elle aille tout droit au paradis après
   sa mort ! ajouta la troisième.

La carrosse s'arrêta devant le palais du roi, et les
serviteurs ouvrirent la porte. Quelle ne fut pas leur surprise ! La jeune fille était belle
comme le jour et ses vêtements scintillaient. Le fils du roi l'accueillit somptueusement
et l'épousa.

Quelque temps plus tard, la mère se demanda ce que devenait sa fille. Le fils du roi avait dû
la battre en découvrant la vérité ! Elle se rendit donc au palais. Quand sa fille s'approcha
d'elle et se présenta :

- Maman, je suis Tresses d'ail.

La mère ne reconnut que sa voix. Elle se frotta les yeux et l'interrogea avec jalousie :

- Comment as-tu fait pour devenir aussi jolie et être aussi bien vêtue ?

Tresses d'ail ne savait pas ce qu'il lui était vraiment arrivé, et elle inventa une explication :

- Près d'une fontaine, j'ai rencontré des bargers et je leur ai demandé de me peler la peau, en
   échange d'une peau d'argent.

La mère ne réfléchit même pas. Elle fit demi-tour sans un mot gentil ni un regard pour sa
fille, et elle courut jusqu'à la fontaine. Les fées ne s'y trouvaient plus, mais il y avait des
bergers.

- C'est à vous que ma fille a donné de l'argent pour
   que vous lui peliez la peau ?
- De l'argent ? s'étonnèrent les bergers qui comprirent
   vite la chance qui s'offrait à eux. De l'argent ? Oui,
   c'est à nous, évidement.
- Tenez : voilà tout ce que j'ai ! dit la mère. Faites-m'en
   autant. Je veux devenir aussi jolie qu'elle.

Sitôt dit, sitôt fait... Ils lui pelèrent la peau, et la méchante
femme en mourut. Quant à Tresses d'ail et au fils du roi,
ils vécurent longtemps heureux. 

Contes de France ( Editions Lito - raconté par Ann Rocard)

Les trois pommes

Trois jeunes hommes qui n'avaient pas un sou
en poche, décidèrent d'aller chercher fortune.
Le premier marcha longtemps. Il finit par
rencontrer une vieille femme dont le mouton
était tombé dans un fossé.

- Aide-moi à le sortir, demanda la vieille.
- Sûrement pas ! fit le jeune homme en se moquant d'elle. Je n'ai pas le temps car je cherche fortune.

La vieille femme plissa les yeux et dit :

- Marche ! Comme tu feras, tu trouveras.

Le jeune homme ne trouva rien et il retourna chez lui, aussi pauvre qu'avant. Le deuxième
finit par rencontrer la vieille femme qui essayait de sortir son mouton du fossé.

- Aide-moi, demanda-t-elle.
- Sûrement pas ! fit le jeune homme en se moquant d'elle. Je n'ai pas le temps car
   je cherche fortune.
- Marche ! Comme tu feras, tu trouveras.

Le jeune homme ne trouva rien et il retourna
chez lui, aussi pauvre qu'avant. Pierre, le
troisième, aperçut la vieille femme et il l'aida
à sortir le mouton du fossé. Pour le remercier,
la vieille lui donna trois pommes et elle expliqua :

- Quand tu trouveras de l'eau, tu ouvriras ces trois pommes l'une après l'autre.

Pierre marcha longtemps et ne trouva rien. Au milieu du chemin, il y avait un peu d'eau
dans l'empreinte d'un sabot de boeuf. Il ouvrit donc la première pomme; une belle jeune
fille apparut et murmura :

- J'ai soif.

Il lui offrit les quelques gouttes d'eau qui se trouvaient dans l'empreinte... La jeune
fille les but et disparut. Déçu, Pierre poursuivit sa route. Il marcha longtemps et ne trouva
rien... juste un peu d'eau dans une ornière, un creux dans la terre au bord du chemin. Il
ouvrit la deuxième pomme; une jeune fille, plus belle que la première, apparut et murmura :

- J'ai soif.

Il lui offrit toute l'eau qui se trouvait dans
l'ornière, mais à la dernière goutte, la jeune
fille disparut. Sans doute était-elle encore
assoiffée. Le jeune homme soupira et
continua son voyage. Il marcha longtemps
et arriva près d'une fontaine. Il ouvrit la
troisième pomme; une magnifique jeune fille
aux cheveux dorés apparut et murmura :

- J'ai soif.

Pierre plongea ses mains dans la fontaine et il offrit à la jeune fille autant d'eau qu'elle voulut. Cette fois-ci, la jeune fille ne disparut pas et elle sourit :

- Je m'appelle Isabeau. Suis-moi dans mon château.

Là-bas, ils vécurent longtemps heureux. Mais un jour, Pierre dut partir en voyage. En son
absence, une vieille sorcière du voisinage pénétra dans le château. Comme elle ne
supportait pas de voir le bonheur de Pierre et d'Isabeau, elle avait attendu patiemment que
la jeune fille soit seule chez elle.

La sorcière s'approcha sur la pointe des pieds... Elle prit une épingle et l'enfonça dans la
tête d'Isabeau qui se transforma aussitôt en colombe et s'envola. A son retour, Pierre ne
retrouva pas sa belle aux cheveux dorés. Il devint triste, très triste. Un matin, un
jardinier vint le trouver :

- J'ai aperçu une colombe dans le parc. Elle se
   laisse approcher sans crainte.
- Amenez-la-moi, dit Pierre.

Le jardinier plaça donc la colombe dans une cage
qu'il déposa dans la grande salle du château. Peu
de temps après, Pierre caressait l'oiseau quand il
sentit la tête d'une épingle sous ses doigts. Pauvre
oiseau, comme il devait souffir ! Il ôta l'épingle...
et la colombe redevint la belle jeune fille aux cheveux
dorés.

- Cette sorcière jalouse m'avait jeté un sort, expliqua Isabeau en montrant l'horrible
   femme qui trottinait près de la porte du château.

Sans hésiter, Pierre fit allumer un four et on y jeta la vieille sorcière. Puis il serra Isabeau
dans ses bras... et plus personne ne troubla leur bonheur jusqu'à la fin de leur vie.

Contes de France (Editions Lito - Racontés par Ann Rocard)

jeudi 2 août 2012

Une famille de fous

Depuis sa naissance, Jack vivait dans une famille de
barjos, de brindezingues et de frappadingues. Aussi
fut-il très inquiet lorsque son père décida de
construire une maison. Mais une fois finie, la maison
s'avéra solide et bien bâtie. Elle était même parfaite,
à l'exception d'un léger défaut.

- Il fait beaucoup trop sombre là-dedans, constata le
   père de Jack. Va chercher un seau, mon fils, et
   aide-moi à transporter la lumière du soleil à
   l'intèrieur.

Jack et son père firent en courant plusieurs allers et retours et déversèrent des seaux entiers de lumière sur le plancher. Mais la maison ne devint pas plus claire pour autant.

- Tu sais, papa, dit Jack, il suffirait de percer quelques fenêtres pour laisser entrer le
   soleil.
- Pourquoi ne me l'as-tu pas dit plus tôt ? s'exclama le père.

Il alla chercher une scie et découpa des fenêtres un
peu partout. Ensuite, il posa sa scie par terre et
partit acheter des vitres avec Jack. A leur retour, ils
trouvèrent la mère de Jack en train de pleurer toutes
les larmes de son corps.

- Regardez-moi cette scie qui traîne dans la passage,
   se lamenta-t-elle. Imaginons que notre Jack se
   marie un jour et qu'il ait un bébé, le pauvre petit
   pourrait se couper en rampant dessus !

A ces mots, Tom, le frère de Jack, ne fit qu'un bond.

- Il faut punir cette méchante scie ! s'écria-t-il. Je m'en vais de ce pas la noyer avant
   qu'elle ne blesse le pauvre bébé de Jack.

Il ramassa la scie, l'emporta jusqu'à la rivière et la jeta à l'eau. Jack secoua la tête avec
consternation.

- Tu viens de jeter un outil bien utile, lui dit-il. Je suis vraiment tombé dans la famille la
   plus stupide du monde ! Je m'en vais. Si jamais il m'arrive de croiser trois personnes
   encore plus bêtes que vous, alors je reviendrai à la maison.

Jack prit son manteau, ses bottes et son chapeau, puis il s'éloigna sur la route. A la
tombée du jour, il frappa à la porte d'une auberge et réclama une chambre pour la nuit.

- Désirez-vous manger quelque chose avant de dormir ? lui
   proposa l'aubergiste.
- Je prendrai volontiers un oeuf dur, répondit Jack.

Peu après, des cris épouvantables s'échappèrent de la cuisine.

- Cot ! cotcot ! coooot !

Jack se précipita pour voir ce qui se passait. Il trouva
l'aubergiste tenant d'une main une casserole d'eau
bouillante et de l'autre une poule.

- Cot ! cotcot ! coooot ! hurlait le malheureux volatile.
- Comment voulez-vous que cette poule ponde un oeuf dur si elle refuse de boire de l'eau
   bouillante ? demanda l'aubergiste en secouant la tête.

Jack lui conseilla alors de prendre un oeuf déjà pondu et de le plonger dans la casserole.
"Voilà déjà mon imbécile numéro un, se dit-il en montant se coucher".

Il faisait tellement froid que Jack n'arrivait pas à s'endormir. La couverture lui arrivait à
peine à la taille et, quand il la tirait jusqu'au menton, ses pieds se retrouvaient à l'air. Il
appela la femme de chambre.

- S'il vous plaît, apportez-moi une couverture plus
   grande, dit-il.
- Inutile, répondit la servante. Il suffit de rallonger
   celle-ci.

Sur ce, elle coupa la couverture en deux et cousit la
partie du bas avec celle du haut.

- La voilà plus longue à présent, déclara-t-elle.

"Quelle bécasse ! songea Jack. Voilà mon imbécile
numéro deux." Le lendemain matin, Jack entendit un terrible vacarme au-dessus de sa tête. Bam, bam, bam ! Vlan ! Bam, bam, bam ! Vlan ! Il grimpa au deuxième étage pour voir ce qui se passait et n'en crut pas ses yeux. Il y avait là un homme qui avait accroché son pantalon entre deux chaises et qui traversait sa chambre en prenant son élan, bam ! bam ! bam, afin de sauter dans son pantalon.

Après quoi, il s'étalait sur le plancher, vlan ! Jack lui conseilla de s'asseoir au bord du lit et
d'enfiler ses jambes, l'une après l'autre, dans le pantalon.

- Ah ! C'est donc comme ça qu'on fait ! s'écria l'homme.

Et il remercia chaleureusement Jack de son aide. "Voilà mon imbécile numéro trois", se
dit Jack. Il décida alors de rentrer chez lui comme convenu. J'ai entendu dire que Jack et
Tom avaient ouvert un magasin et que leurs affaires
marchaient fort bien.

Ils vendent des cornets de glace percés, des boules de
pétanque carrées et des allumettes ininflammables
qui remportent un grand succès auprès de tous les
imbéciles du coin !


Les vingt contes les plus drôles du monde (Judy Sierra - Gallimard Jeunesse)