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samedi 13 août 2016

La Cigale et la Fourmi


Il était une fois une cigale qui adorait chanter. Travailler dans un grand magasin
l'ennuyait énormément. Cet été là, elle fit des siestes le jour, car elle voulait être
en forme pour chanter toute la nuit.

Pendant ce temps-là, ses collègues les fourmis, elles, ne chantaient pas. Elles
travaillaient dur à sa place !

Chaque soir, la cigale s'éveillait de sa sieste au rayon lits du grand magasin.
Dans le noir, elle gagnait son étage préféré à pas de loup ...

Quelle excitation de se faufiler sans se faire voir par le gardien de nuit ...
une fourmi pleine de poils qui ne dormait que d'un œil !

Et hop ! la cigale allumait le rayon musique. Ravie, elle jouait de tous les
instruments et chantait à tue-tête dans les micros.

Un soir, elle alla même jusqu'au rayon des caméras pour se filmer. Elle
voulait tourner un clip dans un décor fabuleux. Finaude, elle se servit
d'objet du magasin : un parasol, une machine à bulles, un trampoline, une
maison de poupée ! Avec sa guitare, elle s'en donna à cœur joie, sans voir
que le gardien de nuit approchait...

- Hep ! madame la cigale ! lui lança la fourmi avec sévérité. Que faites-vous donc ?
- Je chante ! répondit la cigale. Et vous ?
- Heu ... Je travaille, pardi !
- Mais quelle drôle d'idée ! s'écria la cigale. Faites comme moi, chantez !

Surprise, la fourmi sérieuse arrêta la caméra :

- Mais enfin, petite cigale ... Ça suffit ! Vous devez avoir un métier comme
  tout le monde.
- Travailler ne m'intéresse pas du tout ! soupira la cigale en recommençant à
  jouer de la guitare. Moi je veux chanter. Puis-je vous faire écouter ma voix ?

Énervée par tant d'insouciance, la fourmi tourna les talons. Et la cigale se mit
à fredonner de plus, sûre que son bonheur durerait toujours.

Le lendemain, la directrice du magasin convoqua la cigale :

- C'est d'une vendeuse dont nous avons besoin, pas d'une chanteuse !
- S'il faut choisir, déclara la cigale, je préfère chanter. Je vous tire ma révérence !

Et elle quitta le grand magasin d'un pas décidé. A elle l'aventure !
Elle allait chanter dans la rue, pour un vrai public, quel bonheur !
Elle s'installa avec sa guitare et donna des petits concerts tous les soirs. Des
papillons en promenade, des cousines cigales, des touristes coccinelles, des
scarabées fascinés et même des fourmis, pourtant sérieuses, s'arrêtaient
pour l'écouter.

Bientôt tout le monde se mettait à danser ... et la cigale commença très vite
à animer les bals partout où elle passait. Ses chansons étaient si pétillantes
que personne ne pouvait y résister : farandoles, rondes, nul ne restait assis.
La cigale, ravie, chantait encore mieux et entraînait tout le monde avec elle !

De bal en bal, de chanson en chanson, elle fit le tour du monde, fière de son
succès. Toutes les fourmis en délire venaient l'applaudir. Jamais on n'avait vu
autant de fourmis devenir fans d'une cigale.

Mais la saison des bals passa avec l'été. A l'automne, tous les insectes retournèrent
à leurs occupations pour préparer l'hiver à venir ...
Mais la cigale continua sans s'en apercevoir.

Bientôt les jours froids arrivèrent, et l'hiver, et la neige ... Grelottante, elle
n'avait plus le cœur à chanter. Et il n'y avait plus rien à manger nulle part.
C'est alors qu'elle se retrouva nez à nez avec la gardien de nuit du grand magasin.

- J'ai froid. Pourriez-vous me laisser entrer ? Juste une nuit ...
- Mais que faisiez-vous pendant que moi je travaillais dur ? lui demanda
  la fourmi poilue.
- Vous le savez bien, je chantais, je m'amusais, répondit la cigale.
- Eh bien, dansez maintenant ! lui lança la fourmi.

Honteuse, la cigale ne répondit rien. Mais comme elle s'éloignait la tête basse,
la fourmi se dit qu'elle avait compris la leçon :

- Allez, pour cet hiver, je vous accueille. Mais faîtes attention l'année prochaine !

La Cigale et la Fourmi (Alexandre Jardin - Fred Multier) Hachette Jeunesse


La Cigale et la Fourmi ( Jean de la Fontaine)

La cigale, ayant chanté tout l'été,
se trouva fort dépourvue quand la bise fut venue.
Pas un seul petit morceau de mouche ou de vermisseau.
Elle alla crier famine chez la fourmi sa voisine,
la priant de lui prêter quelque grain pour subsister jusqu'à la saison nouvelle.

- Je vous paierai, lui dit-elle, avant l'août, foi d'animal, intérêt et principal.

La fourmi n'est pas prêteuse; c'est la son moindre défaut.

- Que faisiez-vous au temps chaud ? dit-elle à cette emprunteuse.
- Nuit et jour à tout venant je chantais, ne vous déplaise.
- Vous chantiez ? j'en suis fort aise : eh bien ! dansez maintenant.