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samedi 28 janvier 2012

Un drôle de crime

Il fait nuit noire, une tempête s'est
levée. Il sonne deux heures à
l'horloge du clocher. Le veilleur
de nuit fait sa ronde habituelle, et
sonne le cor dans les ruelles.
Soudain, il entend des
gémissements et des cris, des
plaintes étouffées qui résonnent
dans la nuit. Le veilleur de nuit
s'arrête - effrayé. Doit-il s'enfuir,
ou plutôt rester ? Mais il s'arme de courage et de volonté, et pour plus de sécurité dégaine son épée. Il avance à pas de loup et prudemment vers le lieu d'où proviennent les gémissements.

Soudain, il aperçoit assis sur un banc un homme d'un certain âge plutôt corpulent.
L'homme le regarde d'un air désespéré. Que peut-il bien avoir à se reprocher ? Le
veilleur de nuit se calme, se radoucit, et lui demande pourquoi tous ces cris,
pourquoi tant de plaintes et de gémissements. A cette heure tardive que fait-il sur
ce banc ? L'étranger est blême, prêt à s'évanouir, se détresse est si grande qu'il va
défaillir. Finalement, il parvient à bégayer :

- Mon - Dieu - si - vous - sa - viez !

Pas un mot de plus, l'homme est à nouveau prostré.

- Allez ! dit le veilleur de nuit, allez ! Racontez-moi
   tout, c'est ma doléance car il commence à
   perdre patience.

Le vieil homme gémit, et à grand peine poursuit :

- Mon Dieu, si vous saviez, j'ai liquidé ...

Le veilleur de nuit est terrifié et décide de réagir sans
plus tarder. Il s'en retourne vers le village pour
appeler du renfort, c'est plus sage. Il souffle dans son cor à s'en époumoner pour donner alerte dans toute la cité.

- Il y a un assassin, là-bas, sur le banc ! Venez me prêter main-forte, maintenant !
   Un tel meurtre doit vite être jugé, il faut que cet individu soit arrêté !

Six poignes de fer le saisissent fermement et l'emmènent sans aucun ménagement
au poste, car il doit comparaître, c'est certain, devant la justice dès le petit matin.
Il entre dans le tribunal d'un pas hésitant. Le veilleur de nuit le suit prudemment.
A la table sont assis le juge, le greffier, et à leurs côtés quelques jurés. On fait
asseoir l'inculpé sur un banc. Le veilleur de nuit raconte pendant ce temps tout ce
qu'il sait des événements. L'homme se met à pleurer lamentablement.

Le juge ordonne que le tribunal pénal examine aussitôt cette affaire peu banale.

- Amenez-moi cet homme ! ordonne-t-il.

Ce dernier s'avance, docile. Le
juge se lève et s'adresse à l'inculpé :

- Vous avez entendu ce qu'on
   vient de me raconter. Est-ce
   que vous reconnaissez les
   faits ?

L'homme, en larmes,
recommence à bégayer. Le juge maintenant admoneste le
coquin :

- Allez-vous avouer votre forfait à la fin ?
- Oui... Répond l'homme qui s'est enfin rassaisi. J'ai liquidé huit bouteilles en une 
   seule nuit !

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