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vendredi 6 janvier 2012

La vie des cailloux

Sur un rivage pas si lointain, se tient un village
de cailloux. C'est là que vivent Pierre, Roc et
Christo. Tout y semble paisible, mais la vie de
ces habitants est rongée par une terrible
malédiction.

Un jour, l'arrière-arrière-grand-père de
Pierre, âgé de plusieurs milliers d'années,
rassembla les habitants du village pour leur
raconter à son tour ce que son propre
arrière-grand-père lui avait révélé :

Il y a de cela très longtemps, nos ancêtres les cailloux étaient un peuple de
marins téméraires. Ils traversaient les mers, depuis l'autre côté de l'horizon,
flottant sur l'eau à la recherche de nouveaux rivages. Ils s'arrêtèrent un jour
sur un rivage où régnait un puissant sorcier. Pour les punir d'avoir troublé sa
tranquilité, il leur jeta un terrible sort, les rendant extrêmement lourds.
Désormais incapables de flotter, les cailloux étaient prisonniers de cette terre
et cherchaient désespérément le moyen d'atteindre l'horizon pour retrouver
leur paradis perdu.

Depuis, les cailloux passaient leur temps en
privations et exercices, cherchant à devenir
assez maigres, assez ronds et plats pour
rebondir à la surface de l'eau et traverser
l'océan pour rentrer chez eux. Malgré leurs
efforts, les cailloux qui jetés à la surface
rebondissaient et rebondissaient encore,
finissaient tous par s'enfoncer dans les
profondeurs de la mer bien avant d'atteindre
l'horizon.

Pierre, Roc et Christo aimaient trop rire et s'amuser et lorsqu'on leur demandait d'être sages et de cesser leurs clowneries, ils faisaient mine de faire des exercices
mais ce n'était que pour mieux jouer. D'une algue ils se faisaient des costumes superbes pour s'inventer des histoires de chevaliers et de princesses. D'un caillou aux formes étranges, ils faisaient une monture pour voyager dans un monde imaginaire. Ce qui ne manquait pas d'agacer les autres cailloux qui n'avaient de cesse de s'user et de se polir, espérant que leurs sacrifices leur permettent un jour de retrouver leur paradis perdu.

Au lieu des mines tristes et sévères des autres
cailloux, Pierre, Roc et Christo avaient, à
force de rire, des visages souriants et drôles.
Si bien qu'un jour, une petite main potelée les
ramassa, les trouva si amusants qu'elle les
emporta dans sa poche. S'ils n'ont jamais
traversé l'horizon, peut-être ont-ils trouvé un
nouveau paradis des cailloux. 

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