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vendredi 28 octobre 2011

Princesse rebelle

- Un, deux, trois, quatre. Un, deux, trois, quatre.
   Révérence ! Je vous remercie, mesdemoiselles,
   le cours de danse est terminé. Veuillez ôter vos
   pantoufles de vair. Nous allons maintenant
   passer au chant. Silence ! Trois, quatre : un
   jour, mon prince viendra, un jour il me dira...

Driiiiing ! La cloche vient de sonner et des petites
filles vêtues d'élégantes robes à froufrous courent
vers des carrosses garés en file indienne. Argantel
n'est pas la plus coquette. Sitôt dehors, elle
s'empresse de détacher son chignon et court les cheveux au vent. Dernière arrivée, première partie, telle est sa devise ! Elle s'engouffre dans son carrosse doré qui démarre aussitôt et file bientôt à vive allure. A peine rentrée au château, elle
troque sa tenue de princesse pour un short, un tee-shirt et des tongs. Dans la grande salle de bal, le dîner est servi, et c'est ce moment que choisit Argantel pour faire son annonce.

- Père, mère, j'ai une grande nouvelle : j'arrête l'école des princesses ! J'ai bien
   réfléchi, je ne veux pas devenir reine. Moi, je préfère la tectonique à la valse, et je
   ne veux pas me tourner les pouces en attendant le prince charmant. Ma décision
   est prise : je vais faire ma rentrée dans une vrai classe !

On entendit alors une mouche royale voler,
puis le roi brisa le silence.

- Hahaha, c'est une plaisanterie ! Vous n'y
   penser pas sérieusement, ma chère. Tout
   le monde rêve d'être princesse !

- Peut-être, père, mais moi, je rêve d'être
   comme tout le monde ! La vie de château,
   ce n'est pas pour moi ! rétorqua aussitôt
   Argantel.

- Mais enfin, ma chérie, reprenez-vous, vous perdez la raison, s'exclama la reine.
   Qu'on appelle immédiatement un docteur ! C'est sans doute une poussée de
   fièvre délirante. La pauvre enfant ne sait plus vraiment ce qu'elle dit.

- Ne vous donnez pas cette peine, mère. Je ne suis pas du tout malade, bien au
   contraire. A vrai dire, je ne me suis jamais sentie aussi bien !

Sonnés par cette annonce, le roi et la reine, eux, ne purent avaler une bouchée. Ils
ne pouvaient se faire à l'idée que leur fille abandonne l'école des princesses. Mais
comment faire pour la raisonner ? C'est le roi qui, finalement, trancha.

- Très bien, puisque tu insistes, c'est d'accord, mais tu changeras vite d'avis, tu
   verras, et je suis persuadé que d'ici à quelques semaines, tu me supplieras de te
   réinscrire à l'école des princesses !

Mais ce que le roi ignorait, c'est que, sous ses allures de gentille petite princesse,
Argantel cachait une volonté de fer... Elle fit sa rentrée cartable au dos et, aussitôt,
les filles vinrent vers elle.

- La vie de princesse, ça doit être merveilleux ?

- Oh ! non, c'est ennuyeux ! Et puis princesse, ce n'est pas un métier ! Moi, je veux
   étudier pour avoir un vrai métier !

Le soir, Argantel rentra épuisée mais toujours motivée. Les années passèrent. Puis
un jour, elle déclara :

- J'ai trouvé ma vocation : acrobate de cirque !

La géographie lui avait donné le goût de la
découverte, et elle rêvait de sillonner les
routes du monde entier. Incollable en
mathématiques, elle saurait calculer sa
trajectoire pour ses numéros de voltige,
et sa passion pour le sport lui donnerait des
ailes. Après la vie de château, place à la vie
de chapiteau !  Argantel devint célèbre.
Personne ne savait qu'elle était née princesse,
enfin presque... car avant la représentation,
quand Argantel se maquillait face à son miroir,
une étrange voix répétait :

- Princesse, vous n'êtes peut-être pas la plus belle, mais vous êtes assurément la
   plus rebelle !



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