non pas de l'eau, mais des liquides de toutes les
couleurs, comme ceux dont on se sert pour la
teinture. En ce temps-là, tous les oiseaux étaient
gris, et le perroquet reçut de Zobé, le dieu de la
création, l'ordre de les peindre selon leurs désirs.
Ainsi, un matin, le perroquet gris (qui demeura gris
parce qu'il ne se peignit jamais lui-même) fit savoir par toute la forêt qu'il était prêt à colorer les oiseaux. Ils se présentèrent, les uns après les autres, et après avoir respectueusement salué le perroquet, chacun lui indiqua quelle couleur il désirait pour son plumage et à quel endroit au juste. Chacun priait le perroquet de le peindre le plus exactement possible selon son souhait : le tourako, par exemple, réclama du rouge partout.
Le pigeon vint pour se faire teindre en vert, mais n'ouvrit pas le bec pour le dire.
Il se contenta de se percher là, sans parler. Je pense qu'il était tout simplement
trop timide, mais le perroquet trouva que c'était de bien mauvaises façons que
d'être venu se poser là sans même le saluer. Quand tous les oiseaux eurent
leurs plumes barriolées à leur idée, le perroquet demanda au pigeon ce qu'il
voulait. Celui-ci enfin ouvrit le bec pour demander :
- Pourriez-vous me peindre aussi, s'il vous
plait ?
Mais le perroquet gris était furieux après le
pigeon :
- Tu ne manques pas de toupet, toi ! Il est
beaucoup trop tard, maintenant ! Que
ne me l'as-tu demandé plus tôt, et
poliment ? Allez, ouste !
Et tout en houspillant le pigeon, il avait pris la touffe d'herbe verte dont il s'était
servi pour peindre, et il en frappa d'un grand coup le pigeon. Il restait, sur le
pinceau vert, une ou deux gouttes de peinture rouge : et c'est pourquoi le
pigeon vert est vert, tout vert comme de l'herbe verte, avec juste le bec et les
pattes rouges.
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