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mercredi 13 avril 2011

L'ogre Babborco

Il y a longtemps, en Sardaine, un ogre vivait dans
les parages d'un petit village. Il s'appelait
Babborco. C'était un ogre énorme et il dévorait
tout sur son passage. Les parents tremblaient de
peur pour leurs enfants. Un jour, de belle humeur,
l'ogre dit aux gens du village :

- Si vous m'apportez chaque jour un bon repas, de
   quoi remplir mon estomac, je ne toucherai plus à
   vos petits. Promis.

Pietrino habitait la maison la plus pauvre du village. Il avait toujours faim.
Ce matin-là, sa mère l'appelle et lui dit :

- Hélas ! c'est notre tour aujourd'hui. Porte ce plat de gnocchis à la sauce
   tomate chez Babborco. Mais attention mon fils, si tu touches un seul de
   ces gnocchis, l'ogre s'en apercevra et ne fera qu'une bouchée de toi.

- Dommage... soupira Pietrino. Ca m'a l'air drôlement bon.

Et le voilà parti. Marche que je te marche, la route est longue pour arriver
jusqu'à la maison de Babborco. La bonne odeur de gnocchis chatouille les
narines de Pietrino. Il en a l'eau à la bouche :

- Si j'en goûte un, rien qu'un, Babborco ne verra rien.

Le petit garçon soulève le couvercle, attrape un gnocchi et l'engloutit. Hum,
c'est bon ! Il regarde de nouveau l'assiette :

- Tiens, un autre gnocchi dépasse du
   couvecle. Et un autre et encore un
   autre !

Miam ! Pietrino les mange.

- Ma parole, les gnocchis veulent tous
   se sauver, on dirait ! Ca ne va pas se
   passer comme ça !

Pietrino les avale tous, sans exception. Quel
régal ! Mais il reste plus rien dans l'assiette.

- Bab... bba... bb... bbo..., Babborco va me manger !

Marche que je te marche, la route est encore bien longue... Pietrino passe devant
un troupeau de chèvres très occupées à faire des petites crottes bien rondes, bien
noires et bien fumantes !

- Chic ! des gnocchis de chèvre ! s'écrie l'enfant tout content.

Il en ramasse plein et remplit son assiette. Marche que je te marche le garçon arrive
enfin à la maison de l'ogre.

- Toc toc toc, tu es là Babborco ? c'est moi Pietrino. Je t'apporte des gnocchis tout
   chauds !

L'ogre ouvre sa porte.

- Merci petit. Mais entre donc !

Pietrino préfère rester à la porte. Dès la première bouchée, l'ogre grogne et
grimace :

- Bizarres, bizarres, ces gnocchis !

Babborco goûte encore et recrache tout. Il est rouge de colère :

- Mais, mais c'est du caca que je mange là !

Aussitôt, Pietrino s'enfuit à toutes jambes en
direction du village. L'ogre crie :

- Cours Pietrino, cours autant que tu voudras.
   Cette nuit tu ne m'échapperas pas !

Arrivé chez lui, Pietrino ne dit pas un mot à sa
maman qui coud dans la cuisine. Il monte vite
se cacher dans sa chambre. La nuit venue,
Babborco est là, au pied de l'escalier. L'ogre grogne et grommelle :

- Pietrino, c'est moi Babborco ! Je suis sur la première marche, j'arrive en haut,
   j'ai grand faim, cache-toi petit malin !

L'enfant se cache sous son drap.

- Pietrinello, c'est moi Babborco ! Je suis sur la deuxième marche, j'arrive en haut,
   je ne suis plus loin, cache-toi dans un coin !

L'enfant se cache sous son matelas.

- Pietronico, c'est moi Babborco ! Je suis sur la troisième marche, j'arrive en haut,
   c'est bientôt fini, cache-toi sous ton lit !

L'enfant tout tremblant se cache sous son lit.

- Pietretto, c'est moi Babborco ! Je suis sur la quatrième marche, j'arrive en haut,
   je vais apparaître, cache-toi sous la fenêtre !

L'enfant claque des dents et se cache sous la fenêtre.

- Pietro, c'est moi Babborco, je suis en haut ! Et pour que je t'emporte, cache-toi
   derrière la porte !

L'enfant obéit. La porte s'ouvre et, mange que je te mange, en une bouchée
Babborco avale Pietrino, tout rond. Le ventre lourd, il s'allonge sur le lit du
petit garçon et s'endort. Il ronfle Babborco, il ronfle fort. En bas dans la
cuisine, la maman de Pietrino entend les ronflements. Inquiète, elle prend ses
grands ciseaux et monte l'escalier sans faire de bruit. Quand elle voit l'ogre
énorme couché sur le lit de Pietrino, elle comprend tout.

Elle s'approche et avec ses ciseaux, clic clic,
elle ouvre le ventre de Babborco. Elle en
sort son Pietrino tout penaud :

- J'te jure maman, plus jamais je n'donnerai
   du caca de biques à Babborco.

- Mais si cretino ! répond sa maman. Prends le
   panier et allez ouste, file me ramasser tout le
   crottin que tu trouveras !

Une heure plus tard, Pietrino est de retour avec un panier plein de crottes de
biques. Il le vide dans le ventre ouvert de Babborco. Vite, sa maman recoud
le ventre de l'ogre, mais Babborco continue de ronfler épouvantablement.
Chut ! Tous les deux quittent la chambre sur la pointe des pieds.

Beaucoup plus tard, Babborco se réveille avec un affreux mal de ventre.
Il se lève, mais il peut à peine marcher. Badaboum patatras ! L'ogre dégringole
l'escalier jusqu'en bas. Basta cosi, Babborco est mort, bon débarras !

Tout le monde au village se réjouit et crie :

- Viva Pietrino !

Pendant trois jours et trois nuits, grands et petits se sont régalés... de gnocchis !
Et le conte est bien fini !

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