derrière les montagnes, il y avait un oeuf. Un
oeuf tout petit, tout blanc, presque
transparent. Il s'ennuyait, cet oeuf, et voulut
voir du pays. Il se mit donc en route et, sans
plus se soucier de rien, roulant par-ci, roulant
par-là, il partit sur les chemins. Il roulait
depuis un certain temps lorsqu'il rencontra un
canard.
transparent. Il s'ennuyait, cet oeuf, et voulut
voir du pays. Il se mit donc en route et, sans
plus se soucier de rien, roulant par-ci, roulant
par-là, il partit sur les chemins. Il roulait
depuis un certain temps lorsqu'il rencontra un
canard.
- Je veux voir le monde, répondit l'oeuf.
- Tout comme moi, dit le canard.
Et ils continuèrent de compagnie. L'oeuf roulant, le canard
boitillant, ils allaient depuis un moment, lorsqu'ils
rencontrèrent un coq.
coq.
- Nous voulons voir le monde, répondit le canard.
- Alors, allons de compagnie, reprirent ensemble
l'oeuf et le canard.
Et ils repartirent droit devant eux, l'oeuf roulant, le canard boitillant, le coq
se rengorgeant. Ils allaient tous trois depuis un moment lorsqu'ils rencontrèrent
une écrevisse.
l'écrevisse.
- Nous voulons voir le monde, répondit le coq.
- Tout comme moi, dit l'écrevisse.
- Alors, allons de compagnie, petite écrevisse,
proposèrent l'oeuf, le canard et le coq.
Et les voilà repartis, droit devant eux, l'oeuf roulant, le canard boitillant, le coq se
rengorgeant et l'écrevisse allant à reculons. Tout à coup se dressa devant eux une
alêne.
demandèrent l'oeuf et l'écrevisse,
intrigués.
- Je suis l'alêne du cordonnier, répondit
une petite voix pointue.
- Et que fais-tu toute seule sur la route ?
demanda le canard.
- Je veux voir le monde, répondit l'alêne.
- Tout comme nous, dirent l'oeuf, le canard, le coq et l'écrevisse.
Viens avec nous !
Et les voilà repartis tous les cinq, l'oeuf roulant, le canard boitillant, le coq se
rengorgeant, l'écrevisse allant à reculons et l'alêne cabriolant : pic sur la
pointe, pac sur la tête, pic sur la pointe, pac sur la tête. Un boeuf, cessant
de ruminer, les regarda passer. demanda-t-il.
- Nous voulons voir le monde, répondirent-ils.
- Je vais avec vous, dit le boeuf.
Et il se mit à cheminer derrière eux. Un cheval,
venant à leur rencontre, les arrêta :
- Où allez-vous donc ainsi, joyeuse compagnie ? demanda-t-il.
- Je vais avec vous, dit le cheval.
Ils repartirent tous, droit devant eux.... L'oeuf roulant,
le canard boitillant, le coq se rengorgeant, l'écrevisse
allant à reculons, l'alêne cabriolant, le boeuf et le
cheval suivant derrière. La nuit tomba. Devant eux se
trouvait une petite maison. Là, habitaient trois loups
qui étaient partis chasser.
- On entre ? proposa le cheval.
- On entre, répondirent les autres.
Et chacun trouva un coin à sa convenance : l'oeuf dans les cendres tièdes de l'âtre,
le canard et le coq perchés sur la cheminée, l'écrevisse au fond d'un baquet plein
d'eau; l'alêne se piqua dans l'essuie-mains, le cheval se coucha au milieu de la pièce
et le boeuf s'installa dans la cour. Fatigués d'avoir tant marché, ils s'endormirentvite. Et ce fut bientôt le silence. Mais les trois loups propriétaires de la maison
étaient sur le chemin du retour. Le plus vieux, humant l'air, dit :
maison...
- Qui de nous ira aux nouvelles ? demanda le deuxième.
Et bravement, il entra le premier. Il alla droit à la
cheminée pour chercher des allumettes, car on n'y voyait guère. Mais le coq et le canard se mirent à caqueter, à cancaner à qui mieux mieux, le houspillant du bec.
Effrayé par ce tintamarre, le loup essaya de trouver des braises dans la cheminée.
Mais l'oeuf lui sauta à la figure, le barbouillant de cendres. Aveuglé, le loup se
précipita vers le baquet pour se laver, mais l'écrevisse lui pinça le nez. Il voulut
alors saisir l'essuie-mains, mais l'alêne lui piqua les pattes.
Epouvanté, le loup recula vers le milieu de la pièce, mais le cheval lui
décocha un tel coup de pied qu'il fut projeté dans la cour où le boeuf le
reçut sur ses cornes et le renvoya en l'air. Alors le loup se mit à hurler :
- Les diables sont dans la maison ! La cheminée crie, les cendres vous
sautent à la figure, l'eau du baquet pince, l'essuie-mains pique, des
coups de pied sortent du plancher et des fourches vous jettent en l'air !
Sauvons-nous, mes frères, sauvons-nous !
Et les loups se sauvèrent à travers la forêt. Dans la maison redevenue
silencieuse, nos compagnons se rendormirent et, de bonne heure le
lendemain, se remirent en route. Et qui sait, peut-être les
rencontrerez-vous un beau jour sur le chemin, l'oeuf roulant,
le canard boitillant, le coq se rengorgeant, l'écrevisse allant à reculons,
l'alêne cabriolant, avec le boeuf et le cheval suivant derrière. Ils vont voir
le monde...
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