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vendredi 1 avril 2011

Charlotte aux Fraises dans les ténébres de la forêt

Charlotte aux Fraises s'assit sur un banc à côté de Riz
au Lait pour contempler son joli petit carré de
fraises. Elle venait de finir de sarcler et d'arroser ses
fraisiers un par un. Ils étaient bien propres et
coquets et sommeillaient au soleil.
Charlotte aux Fraises était contente d'avoir terminé
si vite. Il lui restait encore une grande partie de la
journée pour s'amuser.

- J'ai une bonne idée, dit-elle à Riz au Lait. Nous
   allons remplir un panier de fraises et inviter tous
   nos amis à venir pique-niquer avec nous dans les bois à midi. 
   Nous pourrons ensuite cueillir de jolies fleurs sauvages pour
   décorer la table du dîner. Ce sera amusant, non ?

Pendant que Charlotte aux Fraises remplissait son panier, Riz au Lait folâtrait.
Sa queue s'enroulait parfois autour du panier de pique-nique et une fois, il faillit
même renverser toutes les fraises !

- Allons-y, je suis prête, dit Charlotte aux Fraises en recouvrant soigneusement
   les fraises d'une serviette blanche.

Et il s'en allèrent. Ils s'arrêtèrent en premier
de l'autre côté de la vallée, devant la
grande maison aux volets bleu métal.
Charlotte aux Fraises frappa à la porte qui
était un peu de travers. Son ami et plus
proche voisin, Clafoutis Myrtille, ouvrit.
Il avait les mains mouillées et dégoulinantes.
Son chien Cornet Pistache vint à ses
côtés en remuant sa jolie queue rayée.

- Tiens tiens, dit-il. Bonjour, Charlotte aux Fraises. J'étais juste en train d'arroser
   un peu mes airelles pour leur donner de la fraîcheur.

Et tu t'es arrosé en même temps, pensa Charlotte aux Fraises. Mais elle ne lui
dit rien. Clafoutis Myrtille faisait vraiment des efforts pour bien faire, malgré
sa maladresse.

- Je vais pique-niquer dans la forêt. Veux-tu venir avec moi ? lui demanda-t-elle.

- Oh que c'est dommage ! Charlotte aux Fraises. Je m'apprêtais justement à aller
   pêcher avec Cornet Pistache dans la rivière du Sirop de Fraise. Il paraît qu'elle
   est pleine de truites en sucre candi. Ce sera pour une autre fois.

Ce fut la même histoire partout. Tout le monde avait autre
chose à faire. Mousse Framboise avait fait la grasse matinée
et avait mille choses à faire.

- J'ai tellement à faire, expliqua-t-elle que je ne peux pas
   sortir. En plus, Cacahuète fait des bétises. Cacahuète !
   appela-t-elle, descends immédiatement du toit.

Confiture d'Airelle non plus ne pouvait pas venir.

- Je dois faire de la pâtisserie expliqua-t-elle. Même quand
   le soleil brille, c'est le jour où je dois mettre tous mes gâteaux aux airelles au four.

Sa souris favorite, Praline, lécha ses moustaches pleines de miettes et hocha la tête.

- Tant pis, dit Charlotte aux Fraises à Riz au Lait en prenant le chemin de la forêt.
   Nous irons seuls. Nous allons cueillir un gros bouquet de fleurs sauvages pour en
   distribuer à tout le monde en rentrant. Cela leur fera une belle surprise.

En peu de temps, ils arrivèrent dans une clairière, au fond des bois. Charlotte aux
Fraises grignota quelques belles fraises bien sucrées et juteuses et donna à Riz au
Lait un petit bol de lait qu'elle avait emporté. Puis elle regarda autour d'elle. Des
marguerites blanches comme la neige se balançaient doucement sous la brise.
Des grappes de boutons d'or jaune citron ouvraient leurs pétales en signe de
bienvenue. De toutes petites jacinthes des bois risquèrent un coup d'oeil de derrière
des fougères fines comme de la dentelle.

Pendant que Riz au Lait donnait la chasse à un
papillon qui voltigeait, Charlotte aux Fraises
remplit son panier à ras bord des plus belles
fleurs. Après tout ce travail, Charlotte aux
Fraises et Riz au Lait étaient bien fatigués.

- Je vais fermer les yeux et faire une petite
   sieste avant de rentrer, dit Charlotte aux Fraises.

Ils s'allongèrent tous deux à l'orée de la clairière sur un matelas moelleux d'aiguilles
de pins. En guise d'oreiller, Charlotte aux Fraises posa la tête sur une touffe de
mousse verte et douce comme du velours. Elle s'endormit très vite. Une brise
fraîche qui lui chatouillait le menton apprit à Charlotte aux Fraises qu'il était temps
de se réveiller. Il était vraiment temps : le soleil avait déjà disparu quelque part
derrière les arbres. De se côté. Ou de celui-ci, plutôt ? Elle n'était pas très sûre.
Au lointain, elle entendit le hululement d'un hibou. Il fallait vraiment rentrer.

Ils partirent dans une direction. Riz au Lait trottina à ses côtés sur le chemin
caillouteux. Ils arrivèrent vite devant une grande colline que Charlotte aux
Fraises n'avait jamais vue de sa vie.

- Nous nous sommes trompés de chemin. Nous ferions mieux de revenir sur nos
   pas, dit-elle.

Ils avancèrent péniblement parce qu'il faisait de plus en plus sombre. Des plantes
rampantes semblaient surgir de partout pour leur faire des croche-pieds. Des
rochers pointus et des troncs d'arbres tombés semblaient pousser au milieu de
leur chemin. Soudain, ils se retrouvèrent devant un lac immense. Il était tellement
grand qu'ils ne voyaient même pas l'autre rive. Charlotte aux Fraises commençait
à avoir un peu peur, mais il fallait qu'elle soit courageuse pour Riz au Lait.

- Nous ne pouvons pas traverser ici, Riz au Lait. Nous allons encore essayer de
   trouver un chemin qui nous permettra de rentrer chez nous. Viens, ajouta-t-elle
   en se baissant pour la prendre dans ses bras. Tu as l'air si fatigué que je vais te
   porter un peu.

Surmontant sa propre frayeur, Charlotte aux Fraises avança dans la forêt noire et
profonde. En marchant, elle pensa qu'ils étaient vraiment perdus. C'est alors
qu'elle entendit un bourdonnement près de son oreille. Dans l'obscurité, elle
réussit tout juste à distinguer le corps et les ailes de Pastille qui se balançait
devant elle.

- Pastille, que je suis contente de te voir ! Tu es venue nous rejoindre ? Tu sais que
   tu es toujours la bienvenue. Mais il fait si noir maintenant. Crois-tu que tu
   pourrais nous montrer le chemin du retour ? demanda Charlotte aux Fraises.

Pastille bourdonna joyeusement, décrivit un cercle et s'envola. Soudain, des
centaines de petits points lumineux apparurent au-dessus du chemin. Pastille
était au mileu. Elle avait rassemblé toutes ses amies les lucioles pour former
une grande boule de lumière. Riz au lait sauta par terre et trotta gaiement
derrière elles. Charlotte aux Fraises suivit en gambadant de joie.
Ils suivirent la lueur dansante à travers les arbres et les buissons obscurs et
arrivèrent vite à l'orée de la forêt. Au loin, à la lueur de la lune cette fois, ils
aperçurent le carré de fraises et la maison confortable de Charlotte aux Fraises.

- J'ai hâte d'arriver pour que nous puissions dîner, dit Charlotte aux Fraises en
   agitant la main pour dire au revoir aux gentilles lucioles.

En un clin d'oeil, elle fut chez elle. Elle ouvrit la porte. Quelle surprise ! Clafoutis
Myrtille, Mousse Framboise et Confiture d'Airelles étaient tous assis à table,
avec des plats de truites au sucre candi, de tartes croustillantes et de gâteaux
tout chauds devant eux.
- Nous avons pensé que ce serait amusant de
   dîner tous ensemble, dit Mousse Framboise.

Riz au lait courut rejoindre Cornet Pistache
et Praline qui jouaient devant la cheminée.
Charlotte aux Fraises se précipita vers ses amis.

- Où étais-tu passée ? Cela fait des heures que
   nous t'attendons. Il t'est arrivé quelque chose ? demanda Confiture d'Airelles.

- Non, pas grand chose, répondit Charlotte aux Fraises en riant. Je suis allée
   ramasser quelques fleurs sauvages dans la forêt et je suis revenue avec de
   nouveaux amis. Et, ajouta-t-elle, j'ai aussi retrouvé une très fidèle amie.

Avec un bourdonnement heureux dans l'oreille, Charlotte aux Fraises s'installa à
table pour fêter son retour. Elle distribua ses fleurs, dégusta les bonnes choses
posées devant elle et termina son repas avec un verre de lait et une grande coupe
de ses fruits préférés : de délicieuses fraises bien rouges.

- J'ai passé une excellente journée, dit-elle. Mais le meilleur moment, c'est celui
  que je passe avec mes amis.

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