cire qui étaient posés côte à côte sur une
étagère de cuisine. La brique y était à sa
place : la maîtresse de maison s'en servait
régulièrement pour affûter les couteaux.
Comme les couteaux étaient tranchants
après être passés sur la brique ! Quant à
la cire, personne ne savait ce qu'elle faisait là.
Quelqu'un l'avait posé il y a bien longtemps sur l'étagère,et puis on l'avait oubliée. La nuit,quand la cuisine était vide, la cire et la brique avaient de longues discussions. Un soir, la cire demanda à la brique :
- Dis-moi, voisin,pourquoi es-tu si dur ?
- Je n'ai pas toujours été ainsi. Mes frères et moi sommes fabriqués à
partir d'argile bien souple. L'argile est mélangée à de l'eau, elle est
longtemps malaxée, on en fait ensuite des briques qui sont cuites au
four. C'est comme ça que nous devenons durs et résistants.
- Ah, comme j'aimerais devenir comme toi ! soupira la cire. Quand tu
te mets à affûter un couteau, ça fait plaisir à voir. Zig-Zig, desétincelles volent de tous les côtés ! Alors que moi, si je m'avisais de
glisser mon dos sous la lame, je serais immédiatement découpé en
petits morceaux. Non, il n'y a pas à dire, ceux qui sont mous ont la
vie dure.
feu dans la cheminée, et les flammes se
mirent à danser devant les yeux du morceau
de cire. Il se rappela alors que la brique
était devenue dure en passant par le feu. Il
s'approcha du coin de l'étagère et se laissa glisser devant la cheminée. Oh, comme il
faisait chaud ! La cire se ramollit tout à fait
et commença à fondre. En vérité, elle aurait
sûrement fondu jusqu'au bout, si le maître
de maison n'était pas entré dans la cuisine à
ce moment-là. Or, ce dernier était
marionnettiste. Il allait de cour en cour pour
amuser les enfants avec ses marionnettes de
bois et de tissu.
Le maître de maison se pencha pour allumer sa pipe avec un charbon du
foyer, quand il aperçut tout à coup le morceau de cire qui était sur le point
de fondre en essayant de devenir aussi dur que la brique.
- Splendide ! s'écria l'homme. Je vais fabriquer une nouvelle marionnette avec
cette cire.C'est ce qu'il fit : il modela une marionnette et la nomma Pulcinello. La
marionnette était si drôle, avec son nez retroussé, son sourire jusqu'aux
oreilles et ses yeux espiègles, que tous ceux qui la regardaient ne pouvaient
s'empêcher de rire. A la fin du spectacle, le marionnettiste faisait sortir Pulcinello
devant le rideau. Pendant que Pulcinello saluait de tous les côtés, son maître
disait d'une voix fluette :
qu'elle était dure. Avec une brique cuite au four, on
peut construire des maisons, mais on ne peut pas
fabriquer de Pulcinello. Moi, bien sûr, je ne peux pas
servir à bâtir une maison, et puis il vaut mieux me
garder loin du feu. Mais en revanche, je suis joyeux et
je vous fait rire. Ainsi, voyez-vous, grands et petits, chacun est bon comme il est.
Puis pulcinello disparaissait derrière le rideau et les
spectateurs rentraient chez eux ravis. Mais au fait, comment le marionnettiste a-t-il fait pour savoir ce que la brique et la cire se disaient la nuit sur l'étagère ? C'est très simple : il a inventé ce conte lui-même et nous l'a raconté. Et nous vous l'avons raconté à notre tour.
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