publicité

vendredi 9 mars 2012

La brique et la cire

Il était une fois une brique et un morceau de
cire qui étaient posés côte à côte sur une
étagère de cuisine. La brique y était à sa
place : la maîtresse de maison s'en servait
régulièrement pour affûter les couteaux.
Comme les couteaux étaient tranchants
après être passés sur la brique ! Quant à
la cire, personne ne savait ce qu'elle faisait là.
Quelqu'un l'avait posé il y a bien longtemps sur l'étagère,et puis on l'avait oubliée. La nuit,quand la cuisine était vide, la cire et la brique avaient de longues discussions. Un soir, la cire demanda à la brique :

- Dis-moi, voisin,pourquoi es-tu si dur ?
- Je n'ai pas toujours été ainsi. Mes frères et moi sommes fabriqués à
   partir d'argile bien souple. L'argile est mélangée à de l'eau, elle est
   longtemps malaxée, on en fait ensuite des briques qui sont cuites au
   four. C'est comme ça que nous devenons durs et résistants.
- Ah, comme j'aimerais devenir comme toi ! soupira la cire. Quand tu
   te mets à affûter un couteau, ça fait plaisir à voir. Zig-Zig, des
   étincelles volent de tous les côtés ! Alors que moi, si je m'avisais de
   glisser mon dos sous la lame, je serais immédiatement découpé en
   petits morceaux. Non, il n'y a pas à dire, ceux qui sont mous ont la
   vie dure.

Le matin, la maîtresse de maison alluma du
feu dans la cheminée, et les flammes se
mirent à danser devant les yeux du morceau
de cire. Il se rappela alors que la brique
était devenue dure en passant par le feu. Il
s'approcha du coin de l'étagère et se laissa
glisser devant la cheminée. Oh, comme il
faisait chaud ! La cire se ramollit tout à fait
et commença à fondre. En vérité, elle aurait
sûrement fondu jusqu'au bout, si le maître
de maison n'était pas entré dans la cuisine à
ce moment-là. Or, ce dernier était
marionnettiste. Il allait de cour en cour pour
amuser les enfants avec ses marionnettes de
bois et de tissu.

Le maître de maison se pencha pour allumer sa pipe avec un charbon du
foyer, quand il aperçut tout à coup le morceau de cire qui était sur le point
de fondre en essayant de devenir aussi dur que la brique.

- Splendide ! s'écria l'homme. Je vais fabriquer une nouvelle marionnette avec
   cette cire.

C'est ce qu'il fit : il modela une marionnette et la nomma Pulcinello. La
marionnette était si drôle, avec son nez retroussé, son sourire jusqu'aux
oreilles et ses yeux espiègles, que tous ceux qui la regardaient ne pouvaient
s'empêcher de rire. A la fin du spectacle, le marionnettiste faisait sortir Pulcinello
devant le rideau. Pendant que Pulcinello saluait de tous les côtés, son maître
disait d'une voix fluette :

- Cher amis ! Il fut un temps où j'enviais la brique parce
   qu'elle était dure. Avec une brique cuite au four, on
   peut construire des maisons, mais on ne peut pas
   fabriquer de Pulcinello. Moi, bien sûr, je ne peux pas
   servir à bâtir une maison, et puis il vaut mieux me
   garder loin du feu. Mais en revanche, je suis joyeux et
   je vous fait rire. Ainsi, voyez-vous, grands et petits,
   chacun est bon comme il est.

Puis pulcinello disparaissait derrière le rideau et les
spectateurs rentraient chez eux ravis. Mais au fait, comment le marionnettiste a-t-il fait pour savoir ce que la brique et la cire se disaient la nuit sur l'étagère ? C'est très simple : il a inventé ce conte lui-même et nous l'a raconté. Et nous vous l'avons raconté à notre tour.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire