de-là feuilles charnues et plantes grasses. Elle était
tellement occupée à manger qu'elle ne remarqua pas
à quel point elle s'écartait de l'eau. Elle s'éloigna
encore et encore. Le soleil monta dans le ciel et la
température devint de plus en plus élevée.
A midi, la chaleur était intolérable. Tortue-d'eau ne
supportait pas la chaleur - elle habitait un frais
ruisseau - et elle était sur le point de mourir. Elle tenta
de regagner l'eau, mais elle marchait très lentement et
son ruisseau était bien trop éloigné. Elle réussit à se traîner jusqu'à un trou et se mit à crier :
- Ouille, ouille, ouille !
Coyote passait par là. Il entendit Tortue-d'eau crier et se dit :
- Voilà quelqu'un qui chante.
Il se dirigea vers l'endroit d'où provenaient les
cris et trouva Tortue-d'eau dans son trou.
- Ton chant est très agréable...
- Je ne chante pas, le coupa Tortue-d'eau, je
crie
- Ca n'a pas d'importance, rétorqua Coyote.
Tu vas m'apprendre quelques chants de
tortue, puis j'allumerai un feu, je te ferai
cuire et je te mangerai.
- Tu n'es qu'un ignorant, sinon tu saurais que
les tortues résistent au feu. Les flammes
ne peuvent rien contre nous. On ne peut pas
nous faire cuire.
- Alors je vais te mettre sur le dos en plein soleil.
Quand tu seras fatiguée, tu relâcheras tes
défenses et ta carapace s'ouvrira. A ce moment-là, je pourrai te manger.
- Tu es vraiment stupide, autrement tu saurais que nous, les tortues, ne sommes jamais
fatiguées et que notre carapace ne s'ouvre que si nous le voulons bien.
- Alors je te monterai en haut d'une falaise et je te laisserai tomber de là-haut sur les
rochers. Ta carapace éclatera en mille morceaux, et je n'aurai plus qu'à me régaler
de ta chair.
- Tu es décidément le plus bel imbécile que j'ai jamais rencontré ! Ne sais-tu pas que
notre carapace est plus dure que la pierre, plus résistante que tout au monde ? Il est
impossible de la briser.
- Alors, je vais te jeter dans le ruisseau le plus proche et l'eau fera fondre ta carapace !
Tu te noieras et il ne me restera plus qu'à te manger !
- Ouille, ouille, ouille ! Par pitié, ne fais pas ça ! s'écria Tortue-d'eau. J'en mourais. Je
me noierais et ma carapace fondrait. L'eau serait ma mort. Par pitié, cher, très cher
Coyote, ne me jette pas dans le ruisseau !
- Quel est le plus stupide de nous deux ? ricana Coyote. Tortue-d'eau, pauvre idiote,
tu t'es trahie !
Coyote prit Tortue-d'eau dans sa gueule, courut aussi
vite qu'il put jusqu'au ruisseau le plus proche, et la jeta
dans le courant. Tortue-d'eau refit surface, arborant un
large sourire, et cria :
- Merci, merci beaucoup, cher, très cher coyote, de
m'avoir ramenée chez moi. Tu m'as sauvé la vie !
Coyote s'éloigna, secouant la tête et grommelant :
- Tortue-d'eau a plus de cervelle que je ne le pensais.
Elle s'est montrée plus maligne que moi, mais j'aurai plus de chance la prochaine fois !
Mon Pemier Larousse - Histoires du Soir Les Animaux (Larousse)
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