Dans un riche parterre où mille et mille fleurs étalaient à l'envi leurs riantes
couleurs, une rose régnait, fière de son calic, où brillait un vif incarnat; Elle
élevait sa tête avec éclat au-dessus de l'oeillet, au-dessus du narcisse. Le
Zéphyre la vit; la voir, c'était l'aimer; il l'aima donc.
élevait sa tête avec éclat au-dessus de l'oeillet, au-dessus du narcisse. Le
Zéphyre la vit; la voir, c'était l'aimer; il l'aima donc.
Le voilà qui caresse de son souffle léger l'objet de sa tendresse, et qui fait
tout pour l'enflammer. A tant de soins la rose fut sensible, (belle n'est jamais
inflexible), elle paya Zéphyre de retour. Heureux s'ils avaient pu conserver
leurs amours !
tout pour l'enflammer. A tant de soins la rose fut sensible, (belle n'est jamais
inflexible), elle paya Zéphyre de retour. Heureux s'ils avaient pu conserver
leurs amours !
ce triste ennemi du printemps, aperçut notre rose et, malgré son âge, lui
présenta son amoureux hommage.
Rose d'abord le reçut froidement, son coeur était tout entier à Zéphyre.
Bientôt pourtant, il se laissa séduire par le pouvoir de ce nouvel amant. Fière
d'avoir sous son empire le terrible Aquilon, le roi des ouragans, elle dit au
pauvre Zéphyre :
- Retirez-vous, vos soins deviennent fatiguants.
Cependant, la rose infidèle prodiguait ses faveurs au superbe Aquilon : elle
goûtait le plaisir d'être belle. Fatal plaisir ! Que tu lui coûtas cher !
Du haut d'un mont hyperborée, un jour, l'impétueux Borée combattait les
tyrans de l'air. Il voit la rose, il l'admire, il s'arrête, et la dispute à son amant
heureux. L'Aquilon défend sa conquête, avec fureur ils s'attaquent tous deux...
Leur combat effrayant épouvanta le monde; tous deux ardents, audacieux, de
leurs longs sifflements font retenir les cieux; Tous deux troublent la terre et
bouleversent l'onde.
De rose en un instant le jardin fut détruit, de ses amants elle fut la victime, ce fut
ainsi qu'elle expia son crime. De l'infidélité tel est le triste fruit. O toi, ma
charmante Glycère, que rose et ses malheurs te servent de leçon. Préfère ton
amant avec une chaumière à l'empire du monde avec un Aquilon.
Victor Hugo
La cigale, le renard et les autres (Jacques Charpentreau - Livre de poche jeunesse)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire