sur un terrain vague qu'il entreprit de cultiver.
- Ce terrain longe un ruisseau qui se jette
dans la mer. Et, avec de l'eau, tout est
possible, songea-t-il.
Comme il travailla sans relâche, le terrain
vague fructifia. L'homme garda une partie de
la moisson et vendit l'autre au marché.
Survint une sécheresse telle que le ruisseau menaça de tarir. Il désespérait quand un jeune homme aussi mal peigné que mal vêtu cogna à sa porte.
- Je meurs de faim et de fatigue, gémit le garçon.
pour dormir. Durant trois jours, le jeune inconnu ne prononça pas un mot.
A la fin du troisième jour, comme le voulait la coutume, l'homme lui adressa la parole :
- Tu me sembles accablé par le malheur. Qu'est-ce qui te chagrine à ce point ?
- J'ai été injustement condamné pour vol, chuchota le garçon.
- C'est triste mais, maintenant, tu es libre. Reprends une vie normale au
lieu de te laisser abattre, conseilla l'homme.- Avec quel argent ?
champ... proposa l'homme ?
- C'est impossible, s'excusa l'hôte, mais je
dois retrouver ma femme et mes enfants.
Voilà quatre ans que je ne les ai pas vus.
Au petit matin, l'homme remplit le sac à
provisions du jeune voyageur et lui dit :
- J'aurai aimé te donner plus afin que tu ne
manques de rien durant ton voyage mais
les temps sont durs à cause de la
sécheresse.
- C'est très bien comme ça, le rassura le
garçon en s'éloignant. Et la pluie ne vas pas tarder.
A peine s'en était-il allé que le ciel s'assombrit. Un grondement de tonnerre
résonna, des pluies dégringolèrent, ranimant la végétation. L'homme laboura
et sema avec acharnement. Du coup, il obtint une excellente récolte. Il put acheter
une mule, un boeuf et une charrue, et agrandir sa plantation. L'été suivant, la
sécheresse frappa à nouveau, encore plus terriblement que l'année d'avant.
L'homme se lamentait quand on cogna à sa porte.
- Qui est-ce ? demanda-t-il.
- Je suis un pèlerin qui cherche un refuge.
aucune question, puis, le troisième jour,
il s'enquerra :
- Je me rends aux lieux saints, répondit le
pèlerin.
- Alors, prie pour moi.
- Je le ferai, sourit le pèlerin, car tu es un
homme généreux. Grâce à ma prière, même l'eau de la mer deviendra douce.
A peine s'en était-il allé qu'il se mit à pleuvoir à verse, comme si toutes les écluses
du ciel s'étaient ouvertes. L'homme ne manquait plus jamais d'eau. Même lorsqu'il
ne pleuvait pas, il s'approvisionnait en eau de mer, devenue douce. Ses affaires
prospéraient. Il se maria, eut un garçon et une fille, et vécut heureux avec sa
famille. Un soir, alors que l'homme arrosait son jardin, un vieil homme chétif
implora son hospitalité.- Désolé, maugréa l'homme. Il n'y a pas de place chez moi.
- Je suis fatigué et affamé, supplia le vieillard.
- Je te dis qu'il n'y a pas de place chez moi, se fâcha-t-il.
- Tant pis pour toi, murmura le vieillard.
Sur ces parole, le vieux disparut,
comme si la terre l'avait englouti.
Dès le lendemain, la chaleur
devint étouffante, le ruisseau
s'assécha complètement et la
mer redevint salée. La plantation
mourut, le sol s'effrita et l'homme,
qui avait tout perdu, dut
abandonner sa maison. On
raconte que, sur le chemin de
son exil, il entendit une voix qui lui disait :
- Nul n'a le droit de repousser son prochain dans le besoin, qui plus est un vieillard.
Par ta faute, la terre que tu as ensemencée restera pour toujours un désert.
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