somnolent, les lapins sont assoupis, la
basse-cour est endormie. Bruno le cochon
est le seul à ne pas se réjouir du beau
temps aujourd'hui.
animaux sont choyés et dorlotés. Il se
délecte chaque jour de sa nourriture
préférée, de tendres épis de maïs. Enfin, il
y a devant sa porcherie une grande flaque
de boue douce et fraîche dans laquelle il adore se rouler. Mais Bruno est bien morose, car il se sent seul et mal aimé. Il en a assez d'entendre toujours les mêmes réflexions : "Bruno, tu es trop gros...". "Pouah ! Bruno, tu sent mauvais !" "Mais enfin, Bruno, tu as vu comme tu es sale ?"
A chaque fois, ces paroles dites en riant le blessent profondément. Lui, ça ne le
fait vraiment pas rigoler... Alors, c'est décidé, aujourd'hui Bruno va s'en aller.
Il va chercher un coin tranquille où il pourra se salir à loisir, sans entendre aucune
moquerie. Le coeur lourd, il prépare son baluchon en se demandant s'il retrouvera
un endroit aussi plaisant.
Quand Bruno passe devant les canards en partant, ils font comme s'il était
transparent. Ils se dandinent fièrement ou nagent en glissant sur l'eau lisse de la mare. Alors que le cochon se retourne une dernière fois, il aperçoit un caneton
qui trottine près de la flaque. C'est Arsène, l'un des petits de Béatrice. Soudain,
Bruno entend "plouf" et voit Arsène s'enfoncer dans la boue : il a glissé, ses
pattes palmées ont dérapé.
vers la flaque.
- J'arrive, Arsène !
Mais Arsène a déjà disparu. Son cri a alerté
toute la basse-cour, sa maman est affolée.
- Mon petit, au secours, mon petit...
Les poules, les canards et les oies se sont approchés. Terrifiés à l'idée de se salir, ils
trépignent sur le bord. Et assistent au plongeon de Bruno qui les éclabousse : Ils ont
de la boue partout !
Après une attente insoutenable, Arsène reparaît à la surface, essouflé et apeuré.
Dégoulinant, il se hisse sur le bord. Après l'avoir débarbouillé, Béatrice n'oublie
pas de la gronder :
- Mais enfin, Arsène, qu'est-ce qui t'est passé par la tête ? Pourquoi t'es-tu approché
de cette flaque dégoûtante ?
Bruno. On l'avait oublié... Béatrice s'approche de lui.
- Monsieur Bruno, je vous dois un grand merci... et aussi quelques excuses.
La cane a soudain honte d'avoir toujours été si dure avec Bruno qui n'a pas hésité à
sauver son caneton.
- Où alliez-vous avec ce baluchon ? Vous partiez en vacances ?
- Eh bien, je...je voulais...
- Si vous avez un moment, j'aimerais bien vous offrir
un petit rafraîchissement.
L'invitation de Béatrice soulève un enthousiasme
général. Et c'est ainsi que la journée se poursuit
près de la mare aux canards. On distingue bien
Bruno au milieu des poules, des canards et des
oies. C'est vrai qu'il est plus gros qu'eux, un peu
plus sale aussi certainement. Mais personne n'y prête attention. Et surtout pas Arsène qui ne quitte plus son sauveur. Le soir venu, le petit caneton raccompagne le cochon.
- Bonne nuit, Bruno. Et merci...
- De rien, mon petit. Mais à l'avenir, tâche dêtre plus prudent.
- Promis. Je pourrai venir te voir demain ?
- Eh bien... pourquoi pas, si ta maman le permet.
- Bien sûr qu'elle voudra, après ce que tu as fait pour moi.
Bruno regarde Arsène s'éloigner. Il ne sait pas ce qu'il va faire demain, encore
moins s'il partira au loin. Il va déjà attendre la visite du caneton...
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire