l'absence de sa mère, la fille affamée mangea sept pains entiers. A son retour, la mère
se mit en colère et la frappa. Le fils du roi, passant par là, entendit les cris et demanda :
- Qu'y a-t-il ?
- Rien, rien, Majesté ! J'ai une fille qui est une vraie merveille.
- C'est extraordinaire ! s'exclama le fils du roi. Présentez-la-moi.
La mère refusa, car sa fille était si laide qu'il se serait enfui aussitôt.
- Alors, donnez-la-moi pour épouse, insista le fils du roi.
- D'accord, dit la mère toute heureuse de s'en séparer.
- Dans une semaine j'enverrai mes serviteurs la chercher.
maison. Comme d'habitude, la jeune fille était vêtue
de haillons et de tresses d'ail, car elle était si pauvre
qu'elle n'avait rien d'autre à se mettre sur le dos. En
la voyant, les serviteurs du roi murmurèrent :
- Le fils du roi ne va quand même pas épouser une fille
aussi laide...
Mais ils obéirent à leur maître et installèrent la fiancée dans le carrosse qui se mit en route.
Un peu plus loin, le carrosse passa près d'une fontaine où se trouvaient trois fées. L'un des
serviteurs leur dit :
- Nous conduisons la future princesse. Il faut crier "vive l'épouse !"
- Vive l'épouse ! vive l'épouse ! répétèrent les trois fées.
Mais en apercevant la jeune fille si laide et si mal vêtue, elles éclatèrent de rire. Ha, ha, ha !
La première qui avait avalé quelque chose de travers, rit tellement que sa gorge se dégagea.
Ha, ha, ha ! La deuxième qui avait une poussière dans l'oeil droit, pleura de rire et la
poussière glissa sur sa joue. Ha, ha, ha ! La troisième qui avait une épine plantée dans le
talon, sauta de joie et l'épine sortit.
Quand elles eurent fini de rire, les trois fées réfléchirent :
- Grâce à cette pauvre Tresses d'ail, nous voilà débarrassées de nos ennuis. Il faudrait
la récompenser.
Alors la première prononça ses mots :
- Que tout ce qu'elle porte soit en or !
dit la deuxième.
- Qu'elle aille tout droit au paradis après
sa mort ! ajouta la troisième.
La carrosse s'arrêta devant le palais du roi, et les
serviteurs ouvrirent la porte. Quelle ne fut pas leur surprise ! La jeune fille était belle
comme le jour et ses vêtements scintillaient. Le fils du roi l'accueillit somptueusement
et l'épousa.
la battre en découvrant la vérité ! Elle se rendit donc au palais. Quand sa fille s'approcha
d'elle et se présenta :
- Maman, je suis Tresses d'ail.
La mère ne reconnut que sa voix. Elle se frotta les yeux et l'interrogea avec jalousie :
- Comment as-tu fait pour devenir aussi jolie et être aussi bien vêtue ?
Tresses d'ail ne savait pas ce qu'il lui était vraiment arrivé, et elle inventa une explication :
- Près d'une fontaine, j'ai rencontré des bargers et je leur ai demandé de me peler la peau, en
échange d'une peau d'argent.
La mère ne réfléchit même pas. Elle fit demi-tour sans un mot gentil ni un regard pour sa
fille, et elle courut jusqu'à la fontaine. Les fées ne s'y trouvaient plus, mais il y avait des
bergers.
que vous lui peliez la peau ?
- De l'argent ? s'étonnèrent les bergers qui comprirent
vite la chance qui s'offrait à eux. De l'argent ? Oui,
c'est à nous, évidement.
- Tenez : voilà tout ce que j'ai ! dit la mère. Faites-m'en
autant. Je veux devenir aussi jolie qu'elle.
Sitôt dit, sitôt fait... Ils lui pelèrent la peau, et la méchante
femme en mourut. Quant à Tresses d'ail et au fils du roi,
ils vécurent longtemps heureux.
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