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dimanche 19 août 2012

Cendrillon

Il était une fois, dans un pays lointain, une très jolie fillette.
Elle vivait avec son père, qui était veuf, dans une agréable
maison. Son père se remaria pour qu'elle ne grandisse pas
seule. Malheureusement son père mourut peu après. La
nouvelle mère de la jeune fille, une marâtre, se mit alors à
la traiter bien durement. Avec ses deux filles, Anastasie et
Javotte, qui étaient aussi laides que méchantes, Lady
Tremaine fit de la douce enfant leur servante.

Elle ne l'appelèrent plus que Cendrillon car elle vidait tous
les jours les cendres des cheminées. Un beau matin, un
messager très distingué apporte une lettre portant le sceau royal. Lady Tremaine s'empresse de l'ouvrir et de la lire. Elle appelle aussitôt ses filles :

- Anastasie ! Javotte ! Le roi donne un grand bal au château, en l'honneur de son
   Altesse le prince... Toutes les jeunes filles à marier devront lui être présentées ce
   soir...
- Puis-je vous accompagner ? demande Cendrillon.

Ses vilaines soeurs pouffent de rire.

- Toi ? Au bal ? Regarde-toi ! Tu n'es qu'une souillon !
   Tu ferais peur même à un monstre !

Cendrillon se défend.

- Mais sa majesté invite toutes les jeunes filles en âge
   de se marier. Donc, je suis invitée !

- Hum ? ! Oui, c'est exact ! reconnaît Lady Tremaine
   avec un sourire cruel. Au fond, je ne vois pas pourquoi tu n'irais pas... Si tu as terminé
   tout ton travail... et si tu trouves une robe convenable à te mettre...
- Oh ! Merci ! répond Cendrillon, reconnaissante.

Et elle se précipite vers sa petite chambre, sous les toits. Là, elle retrouve ses amies les
souris, Gus et Jaq. Comme toutes les souris et tous les oiseaux, elles aiment beaucoup la
gentille Cendrillon.

- Pourquoi es-tu si joyeuse ? lui fait comprendre Jaq en couinant...
- Je suis invitée au bal du château, comme toutes les jeunes filles du royaume ! Le prince
   doit choisir parmi elles sa futur épouse.
- Hourra, semblent dire les souris toutes en choeur.
- C'était la robe de ma pauvre maman... Elle est démodée... Je crois pouvoir l'arranger !
   se dit Cendrillon en mettant la robe devant elle. Avec quelques rubans, elle sera
   convenable !

Mais comme la jeune fille sort sa boîte à couture, une voix impérieuse retentit dans l'escalier :

- Cendrillon ! Descends ici, tout de suite !

Cendrillon, le coeur serré, abandonne à regrets ses projets de couture pour rejoindre la cuisine.

- Tu laveras le carrelage, et puis les fenêtres !
   lui ordonne sa marâtre.
- Mais je l'ai déjà fait hier, proteste Cendrillon.
- Qu'à cela ne tienne, recommence !

Et cendrillon se met tristement à l'ouvrage. Mais la marâtre veille; dès qu'elle termine une
tâche, elle lui en invente une nouvelle. Sans parler des deux soeurs qui la dérangent
continuellement :

- Cendrillon, trouves-moi mes souliers !
- Cendrillon, où as-tu mis mon peigne ?
- Cendrillon, où as-tu rangé mon écharpe ?
- Je crois que je n'irai pas au bal, songe Cendrillon découragée. Elles ne me laisseront pas le
   temps de préparer ma robe !
- Pauvre enfant; comme elles la traitent mal ! Elles lui font faire tout leur travail,
   ronchonne Gus.
- C'est terrible, elle n'aura jamais fini sa robe à temps, ajoute Jaq.

Soudain une souris s'adresse à ses soeurs :

- Retouchons nous-même la robe de Cendrillon ! Nous devrons avoir terminé avant qu'elle
   ne revienne ! Elle n'aura plus qu'à s'habiller !

Les souris s'occupent de trouver les ciseaux, du fil et des aiguilles, tandis que Gus et Jaq se
faufilent dans la chambre des deux soeurs occupées à se pomponner pour le bal. Malgré
leur garde-robe somptueuse, elles se plaignent et le sol est jonché de robes et de parures.

- Ah non ! Je refuse de porter cet affreux ruban de soie, proteste Javotte en le jettant
   rageusement par terre.
- Ce collier de perles ne vas pas du tout à mon cou délicat, grogne Anastasie en le laissant
   tomber négligemment à ses pieds.

Jaq attrape le ruban de soie et Gus le collier de perles.

- Silence, murmure Jaq, si nous réveillons Lucifer, nous sommes perdus.

Ils se hâtent jusqu'à la chambre de Cendrillon où tout le monde s'active gaiement.

- Regardez ! s'écrie Gus, tout fier, voici un ruban de soie et un
   collier de perles !
- Avec ça, la robe de Cendrillon sera sûrement la plus belle de
   toutes, s'extasie Jaq.

Une souris mesure... et un oiseau coupe... Un oiseau plisse... et
une souris coud... C'est un labeur pour de si petits animaux, car
les ciseaux sont bien lourds et les tissus bien grands. En revanche, l'enfilage des aiguilles et la couture sont une vraie partie de plaisir.

Pendant ce temps, Cendrillon doit aider les soeurs à ajuster leurs robes, mais son esprit est
occupé par ce qui l'attend dans sa chambre.

- Vous êtes prêtes, mes filles ? demande la marâtre.

Et toutes trois, hautaines, détournent la tête, laissant Cendrillon rejoindre sa chambre,
le coeur lourd.

- Ce n'est pas grave ! Ce bal sera certainement très long et très ennuyeux... Oh ! J'aurais
   tant aimé y aller !

Elle en a les larmes aux yeux en ouvrant la porte de sa chambre.

- Oh ! Mais... est-ce bien ma robe ? Elle est merveilleuse ! Qui a pu réaliser ce prodige ?
   s'exclame-t-elle ravie.
- C'est nous ! piaillent et couinent tous ses petits amis.

Cendrillon se dépêche de rejoindre ses soeurs. Heureuse de se voir si belle dans sa robe,
Cendrillon descend en hâte l'escalier.

- Attendez-moi ! crie-t-elle. Ma robe est prête !
   N'est-ce pas qu'elle est jolie ?

La marâtre et ses filles fixent Cendrillon avec consternation. Où a-t-elle pu dénicher cette
robe ? Soudain les deux filles reconnaissent leurs parures.

- Oh ! Mon ruban de soie ! hurle Javotte en tirant brutalement sur les pans de la robe.
- Ces perles sont à moi, siffle Anastasie en lui arrachant le collier dont les perles se
   répandent sur le sol.

D'un coup, la robe de Cendrillon se retrouve en lambeaux !

- Cette tenue convient beaucoup mieux à ton rôle de servante, déclare la marâtre. Venez
   mes filles, le prince vous attend !

Et elles partent pour le château, laissant derrière elles Cendrillon en pleurs. Ses petits amis
ont assisté à la scène.

- Comme elles sont méchantes, soupire Gus.
- Et laides, ajoute Jaq. Hélas, il est trop tard pour réparer ce gâchis à présent.

Désespérée, Cendrillon se précipite dans le jardin, suivie des petites souris qui voudraient
tant calmer son chagrin.

- Ce n'est pas juste, j'avais tant rêvé d'aller au bal, sanglote-t-elle. Jamais plus je n'aurai
   cette chance.
- Ne perds jamais l'espoir mon enfant ! murmure une douce voix à l'oreille de Cendrillon.

Surprise, elle lève les yeux et aperçoit près d'elle une vieille dame qui lui sourit tendrement.

- Qui êtes-vous ? s'étonne Cendrillon en séchant ses larmes.
- Je suis ta Marraine, la Fée ! répond-elle. Je suis venue exaucer ton souhait.

Elle regarde attentivement autour d'elle.

- Ai-je bien tout ? Récapitulons... une citrouille, un
   cheval, un chien et... Oh ! J'allais oublier les souris.
- Sauvons-nous vite ! s'écrie Jaq.

Et tout le monde détale dans le jardin. Mais la marraine
de Cendrillon est vraiment une fée. Elle arrête les
fuyard d'un coup de baguette magique.

- Voyons... la formule magique à présent, s'exclame la
   fée en réfléchissant.
   BIDDIBI-BOBBIDI-BIDDIBI-BOO CONDUISEZ CENDRILLON AU BAL DU CHATEAU !

Tout en prononçant les mots mystèrieux, la bonne fée agite avec grâce sa baguette. Une
poussière étincelante éclaire soudain la nuit... Elle retombe d'abord sur les souris, qui se
changent en quatre superbes chevaux, puis sur la citrouille, qui se transforme en carrosse,
et enfin sur le cheval, qui devient un élégant cocher. Quant à Pataud, le chien, le voici
transformé en laquais...

- Monte dans ton carrosse, mon enfant, et amuse-toi bien au bal ! dit la fée.
- Mais... ma robe, marraine ? demande-t-elle dans un souffle.
- Oh, j'oubliais ta robe. Je vais arranger ça !

La baguette magique tournoie maintenant autour de ses haillons, les changeant peu à peu en
une robe féerique. De délicats souliers en verre apparaissent à ses pieds menus, Cendrillon
ressemble maintenant à une princesse.

- Du fond du coeur, je vous remercie, marraine, dit-elle.
- Dieu te bénisse, mon enfant, répond la fée en poussant Cendrillon dans le carrosse. Mais
   n'oublie pas : le sortilège cessera au douzième coup de minuit. Tu redeviendras alors
   Cendrillon.
- Je ne l'oublierai pas, promet Cendrillon.

Et le bel attelage s'élance à vive allure vers le château. Au château, la fête bat son plein, mais
le roi n'a pas l'air satisfait.

- Le prince a déjà dansé avec la moitié des jeunes filles
   du royaume, sans en trouver une seule à son goût. Je
   crains de n'avoir jamais ni bru, ni petits-enfants.
- Votre majesté ne manque-t-elle pas un peu... de
   patience ? réplique le Grand Duc.

C'est alors que Cendrillon entre dans la salle de bal.
Tous les regards se tournent vers la jeune fille, y compris ceux du prince qui se dirige, médusé, vers cette apparition.

- Voulez-vous m'accorder cette danse ? demande-t-il en s'inclinant respectueusement.

A partir de cet instant, le prince subjugué ne danse plus qu'avec elle, oubliant toutes
les autres prétendantes.

- Qui cela peut-il être ? Quelqu'un la connaît-il ici ?

Les invités s'interrogent, tandis que le roi les contemple, un large sourire aux lèvres.

- Comme elle est belle, murmure-t-il au Grand Duc.

Mais le temps passe vite et minuit approche. Hâte-toi,
Cendrillon, il est l'heure de rentrer ! Affolée,
Cendrillon descend en courant le grand escalier... Et y
perd un de ses souliers de verre. Le prince s'élance à
sa poursuite, mais Cendrillon a déjà disparu. Tout ce
qui reste de la jeune fille, c'est ce charmant soulier de
verre qu'elle a perdu et qu'il rapporte au Grand Duc.

- J'épouserai la jeune fille qui chaussera ce soulier. Retrouvez-là, je vous en prie !

Au douzième coup de minuit, le sortilège prend fin. Cendrillon se retrouve assise sur une
citrouille, en haillons, avec quatre souris, un vieux cheval, un chien... et un soulier de verre.

- C'est le plus beaux jour de ma vie, soupire-t-elle.

Dès le lendemain, le Grand Duc commence à parcourir le royaume avec le soulier de verre
qui trône sur un coussin de brocart. Aucune des nombreuses jeunes filles qui se pressent
pour l'essayer ne réussit à y enfiler son pied. Mais Cendrillon apprend la quête du Grand
Duc et laisse éclater une joie qui paraît suspecte à sa belle-mère.

- Je vais enfermer Cendrillon dans sa chambre, décide
   la marâtre inquiète.

Les fidèles Gus et Jaq ont tout vu et entreprennent de
sauver leur amie. La marâtre a beau dissimuler la clé
dans sa poche... rien n'arrête les hardis compagnons. Ils dérobent la clé et la hissent à grand peine jusqu'au sommet de l'escalier, pour la glisser enfin sous la porte de leur amie. Le Grand Duc arrive. La marâtre se réjouit déjà : elle est sûre qu'une de ses filles chaussera le soulier de verre.

Javotte essaie le soulier la première, mais... son pied est bien trop long. Puis, c'est le tour
d'Anastasie, mais... son pied est bien trop large.

- Y a-t-il d'autres jeunes filles dans votre maison ? interroge le Grand Duc.
- Non, répond la marâtre, déçue et furieuse. Mes filles ne peuvent-elles faire un dernier
   essai ?

A cet instant, Cendrillon descend les marches.

- Qui est-ce ? demande le Grand Duc surpris.
- Ce n'est qu'une humble servante, Monseigneur, dit lady Tremaine.

Soudain, le soulier de verre glisse du coussin sur le sol, se brissant en morceaux, au grand
soulagement de l'affreuse marâtre. Cendrillon a-t-elle perdu sa
dernière chance ? Heureusement, Cendrillon sort de dessous
son tablier le deuxième soulier de verre. Il lui va parfaitement.

Enchanté, le Grand Duc annonce alors à Cendrillon que le
Prince désire l'épouser et l'invite à le suivre au château.
Quelques jours plus tard, le mariage princier est l'occasion
de fêtes magnifiques dans tout le royaume. Et naturellement,
tous les fidèles amis de Cendrillon en sont les invités d'honneur.

Cendrillon (Disney - Hachette)

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