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mercredi 15 août 2012

Le koala et le kangourou

De nos jours, le koala vit dans un
grand arbre appelé eucalyptus. Il
n'en descend jamais pour boire,
car il se désaltère en mâchant des
feuilles d'eucalyptus à longueur de
journée.

Pourtant, il y a très longtemps, le
koala vivait à terre en compagnie
de son ami le kangourou. A cette
époque, le koala avait une superbe
queue mousseuse et vaporeuse qui
était plus grande que lui. Il en était
si fier qu'il passait les trois quarts
du temps à la caresser et à la peigner à l'aide de ses longues griffes.

Mais un jour, le koala perdit sa magnifique queue. Dès lors, il resta perché dans son arbre
à tout jamais. Voici son histoire.

Une terrible sécheresse s'était abattue sur le pays. Comme il n'y avait plus une seule goutte
d'eau dans les lacs et les rivières, tous les animaux avaient horriblement soif.

- S'il ne pleut pas bientôt, nous allons mourir, dit le koala au kangourou. Que faire ?
- Je crois avoir trouvé la solution, répondit le kangourou. Quand j'étais tout rikiki et
   encore dans la poche de ma mère, notre région fut frappée de sécheresse. Alors ma
   mère est allée dans le lit de la rivière, elle a creusé un trou à un endroit bien précis et le
   trou s'est soudain remplie d'eau.
- Saurais-tu retrouver cet endroit ? demanda le koala.
- Oui, je crois. D'après mes souvenirs, c'était quelque part où il n'y avait pas de boue
   sèche et craquelée, ni de gros rochers pointus, mais du gravier très menu.

Les deux amis se hâtèrent d'aller à la rivière. Ils parcoururent le lit à sec, sautillèrent sur
la boue sèche et craquelée, escaladèrent les gros rochers pointus et arrivèrent enfin à un
emplacement couvert de fin gravillons.

- Commence à creuser le premier, dit le koala à son compagnon.

Le kangourou commença donc à fouiller le sol avec ses petites pattes de devant, gratt..,
gratt, gratt ! Il travailla dur et longtemps, mais le trou n'était pas encore assez profond. Au
bout d'un moment, il dit au koala :

- A ton tour, maintenant !

Le koala se prélassait à l'ombre, tout en caressant sa superbe queue.

- Je ne sais pas comment m'y prendre, gémit-il.. Montre-moi encore un peu.

Le kangourou se pencha au-dessus du trou et se remit à creuser, creuser, creuser pour
évacuer le gravier, gratt, gratt, gratt ! Puis il se redressa et dit au koala :

- A présent, à toi de travailler !

Le koala était en train de peigner sa superbe queue.

- Ma queue me fait mal, pleurnicha-t-il. J'ai dû m'enfoncer une écharde.

Le kangourou grogna, mais il se pencha de nouveau au-dessus du trou et se remit à
creuser, encore et encore, gratt, gratt, gratt, et les gravillons giclaient hors du trou, tchaf,
tchaf, tchaf ! Au bout d'un moment, le kangourou s'écria :

- Je sens que l'eau n'est pas loin, viens me remplacer !

Le koala s'approcha du trou. Effectivement, l'eau n'était pas loin. Il l'entendit monter et
la vit bientôt affleurer au fond du trou. Aussitôt, il plongea la tête la première et commença
à se désaltérer, glou, glou, glou.

- Sors de là, koala, et laisse-moi boire à mon tour ! cria le kangourou.

Cependant, le koala continua de s'abreuver à longues gorgées, ggllou, ggllou, ggllou.

- C'est moi qui ai fait tout le
   travail ! protesta le kangourou.
   Pousse-toi, je mérite de boire
   le premier.

Le koala fit la sourde oreille et ne
bougea pas d'un poil. Seule sa
longue queue mousseuse et
vaporeuse dépassait du trou. Le 
kangourou l'attrapa mais, lorsqu'il
tira dessus - dans la simple intention de faire sortir le koala de son trou -, elle se brisa net.

Le koala, honteux d'avoir perdu sa superbe queue, fila se réfugier en haut d'un eucalyptus.
Il n'en est plus jamais redescendu. Mais, à mon humble avis, ce vilain paresseux ne l'a pas
volé.

Les vingt contes les plus drôles du monde (Judy Sierra - Gallimard Jeunesse) 

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