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jeudi 21 juillet 2011

Mon mini-roi à moi

Le petit prince Jean-benoît ressemblait
beaucoup à son papa, le roi Jean.
Tout le monde était d'accord là-dessus.
Les courtisans disaient :

- C'est tout le portrait de son père !

ou bien :

- Ils se ressemblent comme deux gouttes d'eau.

ou encore :

- C'est son père en miniature.

La grand-mère du petit prince montrait de vieilles photos. On y voyait le roi
quand il était petit.

- C'est fou comme le prince et le roi se ressemblent au même âge, disait la
   grand-mère.

La mère du petit prince en était tout attendrie. Quelquefois, le soir, elle serrait
tendrement son fils dans ses bras en murmurant :

- Mon mini-roi à moi.

Ceux qui s'occupait du petit prince
Jean-Benoît étaient aussi de cet avis.
Il y avait d'abord son maître de calcul.
La nuit, il l'emmenait tout en haut de la
grande tour du château. Là, il lui
apprenait à compter les étoiles. Le maître
s'extasiait toujours :

- Oh, prince Jean-Benoît, mais vous savez
   compter jusqu'à cent... Je vois que vous
   êtes aussi fort en calcul que le roi votre
père. Plus tard, vous ferez comme lui : vous pourrez compter tous les habitants de votre royaume, qui sont aussi nombreux que les étoiles dans le ciel.

Il y avait aussi son professeur de cheval. Tous les matins, il l'emmenait faire
une promenade dans les bois. Et tous les matins, le professeur était émerveillé :

- Prince Jean-Benoît, vous galopez presque aussi vite que le vent. Vous serez
   un grand cavalier, comme le roi votre père, qui est plus rapide que toutes
   les tempêtes du monde...

Il y avait encore sa gouvernante, une vieille dame qui s'était occupée du roi
quand il était petit. Parfois, le prince Jean-Benoît s'amusait à lui mettre une
araignée sur la tête, un faux sucre dans sa tisane, ou un bonbon au poivre
dans sa bonbonnière. Au lieu de se fâcher, elle souriait avec indulgence :

- Il est farceur... hi ! hi ! hi ! comme le roi son père. N'est-ce pas adorable ?

Un jour, on servit au petit prince un délicieux
gâteau fourré au chocolat et à la crème
chantilly. Le petit prince en reprit trois fois,
car il était très gourmand. Puis il dit :

- Ce gâteau est délicieux. Je voudrais savoir
   qui l'a fait.

- C'est Hanna, la cuisinière.

- Eh bien, j'aimerais qu'elle m'apprenne à faire des gâteaux.

- Mais mon prince, vous n'y pensez pas ! ce n'est pas une occupation
   pour un fils de roi. Jamais votre père, à qui vous ressemblez tant, n'a
   eu envie de faire un gâteau. C'EST IMPOSSIBLE !

Le petit prince Jean-Benoît réfléchit : tout le monde tenait à ce qu'il ressemble
au roi son père. Si bien qu'il n'avait même plus le droit d'agir différemment de lui.
Alors il se fâcha tout rouge et décida :

- Et bien, puisque tout le monde veut que je ressemble à mon papa, je vais lui
   ressembler tout à fait ! On va voir ce qu'on va voir !!!

Le lendemain matin, pendant sa promenade à cheval, il perdit son chapeau dans
les branches d'un arbre et oublia d'aller le rechercher. Son professeur fut surpris.
A midi, il repoussa son assiette d'endives en déclarant qu'il détestait ça, les
endives. Et il ajouta :

- J'exige qu'à l'avenir on ne me serve plus jamais d'endives.

Sa gouvernante en fut choquée. Le soir, dans
la grande tour, il compta les étoiles jusqu'à
102, puis partit sans rien ranger, ni ses livres,
ni ses cahiers, ni ses crayons. Son maître n'en
revenait pas ! Enfin, au moment de lui dire
bonsoir, sa maman, la reine, le trouva en train
de lire des bandes dessinées en cachette dans
son lit. Cela l'étonna beaucoup.

Le lendemain, tous se présentèrent devant le roi : Le professeur de cheval, la gouvernante, le maîte et la reine. Ils dirent :

- Sire, le prince doit être malade. Lui qui d'habitude est si sage, a été hier fort
   désobéissant. Il a : 
   - Oublié d'aller rechercher son chapeau
   - Refusé de manger ses endives
   - Négligé de ranger ses cahiers
   - Lu des B.D. en cachette.

- Oh ! oh ! dit le roi Jean. Tout cela me surprend fort. Prince Jean-Benoît,
   est-ce possible, est-ce vrai, ce qu'on me raconte là ?

- Oui, dit Jean-Benoît. C'es possible et vrai, puisque je suis tout le portrait de mon
   papa. Est-ce qu'on ne dit pas toujours en souriant dans le palais : "que c'est drôle,
   le roi est tête en l'air, il perd toujours sa couronne ! Attention, il ne faut pas servir
   d'endives au roi : il déteste ça. Oh, le roi n'est pas très ordonné, il ne range jamais
   rien. Chut ! il ne faut pas ennuyer le roi. Ce soir, il travaille tard.

Le roi rougit et tira sur sa courte barbe, d'un air perplexe. Finalement, il dit :

- Alors, tu me ressembles tant que ça ? Je ne savais pas que tu avais mes qualités.
   Après tout, tu peux bien avoir aussi mes
   défauts.

- Je veux bien avoir un peu de vos qualités et
   un peu de vos défauts. Mais je ne veux pas
   vous ressembler tout à fait. Il y a quelque
   chose que j'aimerais faire et que vous n'avez
   jamais fait.

- Quoi donc mon fils ?

- Je veux apprendre à faire des gâteaux.

- Apprendre à faire des gâteaux ? Mais, à ton âge, jamais je n'ai fait ça, jamais je...

Brusquement, le roi s'arrêta. Il réfléchit :

- Mon fils a raison. Il n'est obligé de me ressembler complètement.

Alors, il ordonna :

- Appelez Hanna, la cuisinière.

Et il décréta :

- A partir d'aujourd'hui et dorénavant, je décide qu'Hanna, la cuisinière, apprendra
   à mon fils à faire des pâtisseries.

Ainsi fut ordonné et fait. Tous les jours, le roi se régalait des nouveaux et délicieux
gâteaux préparés par le prince Jean-Benoît. Il en était émerveillé :

- Quand même, heureusement qu'il ne me ressemble pas tout à fait, ce petit !
   Autrement, je n'aurais jamais goûté toutes ces merveilles...

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