Un paysan et une paysanne n'avaient pas d'enfants. Tous les deux en concevaient
beaucoup de tristesse. Ils avaient épuisé tous les pèlerinages qui existaient alors,
s'adressant sans succès à toutes les saintes et à tous les saints, nombreux dans le
Limousin. Ils avaient fini par désespérer car la vieillesse était venue leur interdire
tout espoir.
Or, un jour que le paysan était sorti pour aller fumer la pipe chez un voisin, la
neige se mit à tomber à flocons épais et à former une couche sur les toits, dans
les jardins et les rues.
Notre homme vit à son retour les enfants du village qui roulaient de gros blocs de
neige, les empilaient, leur façonnaient une tête tant bien que mal, et en faisaient
des hommes de neige. Vite, vite, il courut trouver sa femme :
- Femme, femme, viens donc dans la rue ramasser la neige comme font les enfants.
Nous en feront un petit garçon de neige. Ne pouvant en avoir un vivant, nous
aurons au moins le plaisir de conserver celui-là quelques jours.
- Tu as raison, mon cher mari, allons faire un petit garçon de neige.
Le vieillard et sa femme firent un tas de neige et façonnèrent un petit garçon.
Tous les enfants avaient cessé leurs jeux pour contempler les deux vieux, et les
voisins étaient sortis de leur maison se demandant si l'homme et la femme
avaient perdu la raison.
Mais voilà que le petit bonhomme de neige est bientôt achevé. Il est charmant
au possible. Les enfants admirent l'œuvre et ne pensent plus à rire. Les voisins
sont stupéfaits de voir le petit bonhomme de neige se mette à agiter bras et
jambes et embrasser le vieillard et sa femme. Le Bon Dieu avait enfin accompli
le souhait des pauvres gens et leur avait accordé un petit enfant de neige.
Ce fut une merveille dans tout le pays. On venait de partout voir le petit garçon
né d'une façon si extraordinaire et l'on reconnaissait unanimement qu'il était d'un
caractère unique et d'une douceur sans égale. Seulement, on disait qu'il n'avait
point de sang, que son corps était froid comme glace et qu'il ne pouvait
supporter la grande chaleur du foyer.
Tout l'hiver, l'enfant de neige resta gai, jovial et de fort belle humeur. Mais, dès
que le soleil printanier reparut, le garçon se montra triste et on le vit moins
souvent. Puis, vers la fin du printemps, il rechercha l'intérieur des bois et tous
les endroits ombragés.
Sa tristesse augmentait et il pleurait presque toujours, ce qui désolait ses vieux
parents et ses camarades du village.
Lors de la Saint-Jean, les enfants réunirent du bois et de la paille, et ils firent
un grand feu de joie, autour duquel ils se mirent à danser. Mais le petit garçon
de neige n'était pas là. Ses amis allèrent le chercher et l'entraînèrent dans leur
ronde autour du foyer allumé en l'honneur de Saint-Jean.
L'enfant dansa fort joyeusement. Mais, quand le feu fut à moitié éteint, l'on
s'aperçut que le petit garçon de neige avait disparu, fondu à la flamme, et
qu'il n'avait laissé qu'un peu d'eau qui coula entre les doigts de ses petits
camarades.
Histoires des quatre saisons - Marilyn Plénard - Elies France
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