Conte des indiens d'Amérique du nord
Iagloo, le conteur, est vieux et rabougri, et son visage est de la couleur de la
coquille de noix. Ses yeux, deux fois plus grands que ceux des autres hommes,
contemplent les plumes brillantes du ventre de l'oiseau en vol.
A ses oreilles, deux fois plus grandes que celles des autres hommes, tonnent
les notes les plus ténues. Ses jambes souples et ses bras sont forts : il court
plus vite et plus longtemps que les autres hommes et il porte dans ses bras
des charges plus lourdes, que n'en portent les autres hommes.
Au temps où les rivières et les lacs sont gelés, au temps, où les pêcheurs ne
prennent plus le poisson, au temps où la neige engourdit les forêts, au temps
où les chasseurs ne prennent plus le gibier, au temps où les flocons dansent,
Iagoo conte et chacun boit ses paroles.
Puis, durant plusieurs lunes, il disparaît du monde des autres hommes. Au
cours de son dernier voyage, il a rencontré un ours aux griffes d'acier et aux
yeux de feu, des moustiques dont les ailes étaient larges comme les voiles
miroitantes d'un bateau, des lézards dont les crêtes étaient aussi denses que
la crinière des chevaux.
Il a cueilli un nénuphar à la feuille si large qu'il s'est est fait un manteau, il
s'est aventuré au cœur d'un buisson si épais qu'une journée entière n'a pas
suffi pour la traverser.
Le visage de Iagoo est de la couleur de la coquille de noix, et il est si vieux
et rabougri qu'il se souvient des ans où les chênes étaient des fruits. Au
cours de son dernier voyage, il a croisé le sentier des guerriers, et, quand
il sera encore plus vieux et toujours plus rabougri, toujours et encore
Iagloo contera leurs rudes exploits
Histoires d'arts et métiers - Marilyn Plénard - Flies France
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