froid aux mains, froid aux pieds, mais froid aux yeux,
jamais. Son père avait peur du gendarme. Sa mère
avait peur du dentiste. Ses copains avaient peur du
loup, de la maîtresse et du noir, lui jamais.
Sur le plongeoir de la pistoche, là où les autres ont la
pétoche, il allait sans trembler. Quand les autres se
faisaient un sang d'encre pour un devoir mal fait, il
gardait son sang-froid. La chair de poule, il ne l'avait qu'en sortant du bain si quelqu'un faisait un courant d'air.
- La porte !
La peur donne des ailes, lut-il un jour dans une sombre histoire de bandits.
Jojo essaya de faire peur à toutes sortes de bêtes pour voir si elles s'envolaient. Aux chats,
aux chiens, aux hamsters ou aux poissons rouges. Aucune de ces bêtes ne s'envolait. À sa
mère, il fit une belle trouille.
Mais à part la gifle qu'il récolta, il n'apprit rien de neuf. Ses parents s'inquiétaient.
- Tant qu'il n'aura pas eu une peur bleue, ce gamin sera insupportable.
Un jour que Jojo était à l'école, ils se déguisèrent. Le
père en Dracula, la mère en sorcière. Quand Jojo
arriva le soir, ces deux guignols ne l'effrayèrent point.
- Où sont mes parents ?
- Tes parents ? Je les ai transformés en lézards !
souvint que le matin même, il avait arraché la queue
d'une de ces bestioles, juste pour lui faire peur. Jojo
devint vert de peur. Il avait peut-être coupé son père
ou sa mère en deux !
Dracula se dédraculassa, la sorcière se désorciérisa,
pour rassurer Jojo. Depuis qu'il a eu peur, Jojo
respecte les bêtes; leur faire peur ne l'amuse plus.
- Pardon, pigeons.
Jojo sans peur (Bruno Heitz - Circonflexe)
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