Il y a toujours eu de grands explorateurs pour nous faire rêver avec leurs récits
de voyages extraordinaires en Amérique, en Chine ou aux Indes... Mais, l'un
deux, Gulliver, a découvert des pays bien plus fabuleux encore. Il passait sa vie
sur les mers au temps où seul le bateau permettait d'atteindre de nouveaux
mondes lointains.
Un jour, il s'embarqua sur un grand navire baptisé "l'aventure", et ce voyage
l'entraîna justement dans une incroyable aventure !
Une terrible tempête avait éclaté et poussé le navire tantôt vers l'Est, tantôt
vers l'Ouest. L'équipage et même le capitaine ne savaient plus du tout où ils
se trouvaient. Chacun observait l'horizon avec autant d'inquiétude que d'espoir,
lorsqu'enfin on cria :
- Terre ! Terre !
Quelques matelots sautèrent aussitôt dans une chaloupe pour se rendre sur cette
île inconnue, et Gulliver, impatient, partit avec eux. Tandis que les autres
restaient près du rivage, il préféra explorer l'intérieur des terres.
Très vite, il s'arrêta, stupéfait : une immense prairie s'étalait devant lui, mais
l'herbe qui y poussait était étrangement haute, aussi haute que des arbres !
Il revint sur la plage pour en parler à ses compagnons, mais ne les trouva
plus. Il aperçut seulement leur chaloupe au loin sur la mer.
Il se demandait ce qui avait bien pu les faire fuir ainsi, lorsqu'il vit un homme,
grand comme une maison venir dans sa direction. Un seul pas de géant en
valait dix des siens. Gulliver, paniqué, recula, recula, mais il se trouva bientôt
coincé contre un rocher.
La chaussure du géant, aussi grosse qu'une barque, allait l'écraser; Gulliver
hurla de terreur. Le géant l'entendit, s'arrêta net, regarda autour de lui et finit
par l'apercevoir à ses pieds. Il le prit entre deux doigts pour le hisser jusqu'à
ses yeux.
Gulliver, craignant de tomber de si haut, cria de toute ses forces :
- Noble étranger, je vous en supplie, ne me faites pas de mal !
Le géant le déposa délicatement dans la paume de son autre main et l'observa
avec de grand yeux ahuris, mais lorsque Gulliver lui fit une profonde révérence,
il en fut sidéré.
Il mit vite sa trouvaille dans son énorme mouchoir et se hâta de rentrer chez
lui. Sa femme poussa d'abord un cri de frayeur comme elle l'aurait fait devant
un gros insecte, mais, peu à peu, elle s'habitua à cet homme minuscule, puis
finit par le regarder avec curiosité et même avec une certaine tendresse.
L'heure du repas arriva, et les trois enfants de la famille vinrent s'asseoir à
table.
Leur père leur montra alors la toute petite créature, et ils furent si surpris et
amusés qu'ils applaudirent. Puis on servit une sorte de ragoût dans un plat
de la taille d'une baignoire. Gulliver y goûta avec plaisir. On lui versa du cidre
dans le plus petit verre, qui ne contenait que six litres, et, en essayant de le
soulever, il lança bien fort :
- A votre santé !
Les géants éclatèrent tous de rire, ce qui fit plus de bruit que cinq coups de
tonnerre à la fois. En se bouchant les oreilles, Gulliver se dit qu'à l'avenir
il essaierait d'être moins drôle ! Un chat de la grosseur d'une vache sauta
soudain sur les genoux de la femme. Heureusement pour Gulliver, elle le
garda bien serré contre elle.
- Bradinyouchcluckmoutouh, caluzianaroumtraloukernizizi !
Ce qui semblait vouloir dire : "c'est qu'il l'avalerait comme une vulgaire
souris !"
Imaginez l'inquiétude que devait ressentir Gulliver devant tous ces nouveaux
dangers qui le guettaient...
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