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dimanche 26 mai 2019

Le Noël de Thibaud le louveteau

Thibaud le louveteau connaissait peu de monde 
dans cette forêt où ses parents l’avaient amené. 
Par nature, la famille se tenait souvent à l’écart 
des autres habitants, si bien que Thibaud 
n’avait pas encore trouvé de véritable ami. 
Sur les sentiers recouverts de neige, il avait 
déjà croisé deux voisins discrets, François 
le putois et Blandeuil l’écureuil. Après une phase 
d’observation, ils avaient échangé quelques 
paroles. À tous les trois, on avait appris la 
méfiance, ce qui rend les échanges prudents.

Thibaud ne savait pas s’ils apprécieraient de jouer avec lui, il n’osait même 
pas leur demander, de peur d’essuyer un refus. Au moment où il allait se décider 
enfin, les préparatifs de Noël avaient incité chacun à rester chez soi. Ses parents 
lui avaient organisé un beau réveillon. L’heure de se coucher approcha. Sa 
maman se coula près de lui et il fut enveloppé dans son souffle chaud.

- A quoi penses-tu, Thibaud ? lui demanda-t-elle.
- Au Père Noël, maman. C’est vrai qu’il apporte des cadeaux ?
- Oui. Qu’aimerais-tu recevoir ?

La première réponse qui vint à l’esprit de Thibaud 
fut : “Des copains”. Mais il savait qu’on ne met 
pas des copains dans un papier cadeau au pied 
d’un sapin.

- Je ne sais pas, répondit-il.
- Le Père Noël saura trouver ce qui te fait 
  plaisir, dit sa maman avant de l’embrasser 
  sur le front.
- Je le verrai ? fit Thibaud qui sentait le 
  sommeil le gagner.
- Non, chéri, on ne voit pas le Père Noël, 
  sauf avec son cœur. Il faut dormir,
  maintenant. Bonne nuit.

Mais sa maman se trompait… Il n’était pas minuit quand Thibaud entendit du bruit 
près de lui. Il ouvrit les yeux. Un bonhomme barbu se tenait là, vêtu d’un bonnet et 
d’un manteau rouge. Ses yeux bleus débordaient de tendresse.

- Oh, pardon, je t’ai réveillé Thibaud ! s’excusa-t-il.
- Vous connaissez mon nom ?

Le Père Noël sourit. 


- Bien sûr.
- Maman m’a dit que je ne vous verrais pas, dit 
  Thibaud.
- En temps normal, elle aurait eu raison, dit Le 
  Père Noël, mais je suis un peu perturbé.
- Que vous arrive-t-il ? 

- Rien qui te concerne, Thibaud, mais… Le Père 
  Noël hésita, se pencha vers lui et poursuivit : 
  Bon, après tout, je peux te le confier : j’ai perdu 
  un cadeau. Celui de François le putois, que tu 
connais un peu je crois.

C’est ennuyeux. Thibaud n’hésita pas une seconde. Il se redressa et lança :

- Donnez-lui le mien !
- Tu veux dire, que je lui donne le cadeau qui t’était destiné ?
- Oui. C’est vrai, j’aime bien les cadeaux, mais je serais triste de savoir que j’en 
  ai reçu un et pas lui.

Le sourire du Père Noël réapparut, plus large qu’avant. Il s’approcha du louveteau 
et dit :

- C’est étrange ce que tu me proposes là, Thibaud.
- Pourquoi ?
- Je vais te raconter une petite histoire. Avant de 
   venir te rendre visite, je suis passé chez François 
   le putois. Je lui ai avoué avoir perdu le cadeau de 
   Blandeuil l’écureuil. Comme toi, sans hésiter, il 
   m’a suggéré de lui donner le sien. Puis je suis 
   allé chez Blandeuil, et je lui ai dit que j’avais 
   perdu ton cadeau. Sans réfléchir, 

   il m’a proposé de te donner le sien… Je crois, 
   mon petit ami, que tous les trois, vous avez des 
   choses en commun. 
   Maintenant, tu vas te rendormir, et demain matin, il est possible que tu trouves près 
   de ton lit un cadeau qu’aurait retrouvé ce Père Noël décidément bien distrait…

Les paupières de Thibaud se mirent à peser lourd 
et le sommeil l’envahit sans qu’il puisse lutter. Le
lendemain, il sut en se réveillant pour de bon que 
le Père Noël avait dit vrai. Un paquet l’attendait. 
En l’ouvrant, il découvrit un énorme sac de billes 
de toutes les couleurs. 
Il s’imagina tout de suite construire dans la neige 
un circuit compliqué, avec des virages, des ponts, 
des tunnels. De quoi faire des courses du tonnerre, 
pour peu qu’on ait des copains avec qui les organiser !

Il sortit en courant de chez lui. Il n’eut pas beaucoup de chemin à parcourir. Deux silhouettes l’attendaient un peu plus loin, 
celles de Blandeuil et François. Ils lui firent un signe de la patte. Il le leur rendit et 
    courut les rejoindre.



Le noël de Thibaud le louveteau - Stéphane Daniel – Illustration Johanna Crainmark.

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