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samedi 5 novembre 2016

Landisoa et les trois cailloux



Sa mère dormait encore quand Landisoa se réveilla. La lumière filtrait
à travers les murs de bambou. Landisoa partit dans le brouillard du petit
matin.

Landisoa passa le village, passa le fleuve, passa les champs, se retrouva
dans les collines. Elle marchait encore tandis que le brouillard semblait
s'épaissir.

Elle s'arrêta enfin devant un étang rempli de nénuphars. Là, un voropotsy,
un oiseau tout blanc, l'arrêta et lui demanda :

- Que fais-tu ici ? si loin de chez toi ?
- Je vais, répondit Landisoa, je vais.

A-t-on déjà entendu pareille réponse ?

L'oiseau lui demanda à boire. Landisoa prit un peu d'eau de l'étang et
servit le voropotsy dans ses mains. Celui-ci, reconnaissant, lui donna
trois cailloux : un caillou multicolore, un caillou argenté, un caillou
noir. Il disparut juste après.

Landisoa le regarda s'envoler et rêva de partir aussi. Elle passa l'étang.
Elle répéta à l'infini :

- Je vais. Je vais.

Et sa voix porta sur tout l'étang et sa voix réveilla tous les animaux :
les oiseaux, les papillons, les libellules... Le brouillard devenait plus
épais encore.

Landisoa ne voyait plus devant elle que la blancheur du brouillard.
Elle jeta le caillou multicolore et vit un animal par terre. C'était le
serpent arc-en-ciel.

- Monte sur mon dos, lui dit-il. Je te sors d'ici.

Le serpent arc-en-ciel se redressa au-dessus du brouillard, l'emmena
très haut et la déposa sur la plus haute des montagnes. Les Montagnes
étaient bleues. Le brouillard s'étendait en bas. Landisoa voyait, reposant
dessus, des traits argentés.

Elle regarda les cailloux dans sa main. Elle jeta celui qui avait la même
couleur argentée. Les traits s'animèrent d'un coup. Les traits argentés
étaient des éclairs, des serpents-éclairs.

- Pourquoi nous déranges-tu ? s'écrièrent-ils.
- Je vais, répondit précipitamment Landisoa, je vais.

Les éclairs tombaient tout autour d'elle. Elle essaya de s'enfuir mais les
rochers étaient trop abrupts. Elle tremblait de peur quand elle se souvint
de son dernier caillou, le noir. Elle le jeta au milieu des éclairs.

Une grande obscurité emplit tout à coup la montagne. Un vorombe,
un oiseau géant, avait surgi de nulle part et attiré les éclairs dans ses
serres terribles. De plus, ses ailes étaient tellement immenses qu'elles
cachaient le soleil. On aurait dit les ailes de la nuit.

L'oiseau ferma les yeux de Landisoa qui tremblait encore. Il l'emmena
au pays des rêves. Ils survolaient les villages, survolaient les fleuves,
survolaient les mers. Landisoa était heureuse mais, petit à petit, les
contours de la case de sa mère se dessinèrent dans son esprit. Elle
rouvrit les yeux.

- Dépose-moi, s'il te plait, demanda-t-elle à l'oiseau de nuit, je vais.
- Tu vas ?
- Je vais dans les bras de Nény, ma maman...

Vorombe déposa Landisoa près de la case. Elle rentra sur la pointe
des pieds, embrassa sa mère qui se réveilla. Elles s'étreignirent.

- Tu as bien dormi, ma chéri ? Bien rêvé ?
- Oui, répondit-elle.

Dans sa main, il y avait, une fois encore, trois cailloux...

Mais je ne vous dirai pas leurs couleurs...

Landisoa et les trois cailloux (Raharimanana - Jean A.Ravelona - Tsipika - Edicef)

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