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dimanche 26 octobre 2014

Pierre Lapin

 
Il était une fois quatre petits lapins qui s'appelaient Flopsaut, Trotsaut,
Queue-de-Coton et Pierre. Ils habitaient avec leur mère sur un banc
de sable à l'abri des racines d'un grand sapin.

- Mes enfants, dit un jour Madame Lapin, vous pouvez vous promener
   dans les champs ou le long du chemin, mais n'allez pas dans le jardin
   de Monsieur MacGregor. Votre père a eu un accident là-bas, Madame
   MacGregor en a fait un pâté. Allez vous amuser, mais ne faites pas de
   bêtises. Je vais faire des courses.

Madame Lapin prit son panier et son parapluie et s'en alla, à travers bois,
chez le boulanger. Elle acheta une miche de pain bis et cinq petits pains
aux raisins.

Flopsaut, Trotsaut et Queue-de-Coton, qui étaient de bons petits lapins,
descendirent le long du chemin pour cueillir des mûres. Mais Pierre qui
était très désobéissant courut tout droit au jardin de Monsieur MacGregor
et se glissa sous le portail.

Tout d'abord, il mangea des laitues puis des haricots verts et enfin des
radis. Alors, ne se sentant pas très bien, il chercha du persil. Mais autour
d'une serre où poussait des concombres, il tomba sur Monsieur MacGrégor.

Monsieur MacGrégor était à quatre pattes, en train de planter des choux,
mais il se releva aussitôt et courut après Pierre en brandissant un râteau
et en criant :

- Au voleur !

Pierre était terrifié. Il courut en tout sens dans le jardin, car il ne retrouvait
plus le chemin de la sortie. Il perdit une de ses chaussures parmi les choux
et l'autre parmi les pommes de terre.

Après avoir perdu ses chaussures, il se mit à courir à quatre pattes. Il
courait de plus en plus vite et je crois qu'il aurait réussi à s'enfuir s'il ne
s'était pas pris les pattes dans le filet qui protégeait les groseilliers. Les
boutons de sa veste s'accrochèrent dans les mailles et il ne pouvait plus
s'en dépêtrer. C'était une veste toute neuve avec des boutons en cuivre.

Pierre se crut perdu et il versa de grosses larmes. Mais des moineaux,
entendant ses sanglots, vinrent se poser auprès de lui et le supplièrent
de se ressaisir.

Monsieur MacGregor surgit. Il tenait à la main un tamis pour capturer
Pierre. Mais celui-ci parvint à se dégager juste à temps, abandonnant
sa veste derrière lui. Alors il se précipita dans la cabane à outils et
sauta dans un arrosoir. L'arrosoir aurait été une très bonne cachette
s'il n'avait pas été plein d'eau.

Monsieur MacGregor était sûr que le lapin se cachait dans la cabane
à outils, peut-être sous un pot de fleurs renversé. Il retourna tous les
pots de fleurs et regarda sous chacun d'eux. Un instant plus tard, Pierre
éternua : ! Atchoum !

Monsieur MacGregor se précipita sur lui. Il essaya de poser son pied sur
le lapin mais Pierre sauta par une fenêtre, renversant au passage trois
pots de fleurs. La fenêtre était trop petite pour Monsieur MacGregor
et, d'ailleurs, il était fatigué de courir après Pierre. Aussi retourna-t-il
travailler dans son jardin.

Pierre s'assit pour se reposer. Il était hors d'haleine et tremblait de peur.
Il n'avait pas la moindre idée du chemin à prendre pour rentrer chez lui.
Et, en plus, il était tout mouillé à cause de l'arrosoir.

Peu après, il commença à explorer les environs, à petits pas, regardant
tout autour de lui. Il trouva une porte dans un mur. Mais elle était fermée
et il n'y avait pas moyen pour un petit lapin dodu de se glisser dessous.

Une vieille souris allait et venait sur le pas de la porte emportant des pois
et des haricots pour nourrir sa famille qui habitait dans le bois. Pierre lui
demanda le chemin à prendre pour rejoindre le portail, mais elle avait un
si gros pois dans la bouche qu'elle ne pouvait pas lui répondre. Elle se
contenta de le regarder en hochant la tête. Pierre se mit à pleurer.

Puis il essaya de retrouver son chemin en parcourant le jardin mais il
était de plus en plus perdu. Bientôt, il arriva près d'un bassin ou Monsieur
MacGregor avait l'habitude de remplir ses arrosoirs. Un chat blanc
observait attentivement des poissons dorés.

Il était assis, tout à fait immobile, mais de temps en temps le bout de sa
queue remuait. Pierre estima plus prudent de passer son chemin sans
parler au chat. Son cousin Jeannot l'avait mis en garde contre les chats.

Pierre revint vers la cabane à outils et soudain, tout près de lui, il entendit
le bruit d'une binette raclant la terre, cric, cric, cric... Pierre se cacha sous
un buisson. Mais bientôt, ne voyant rien venir, il reparut, grimpa dans une
brouette et observa ce qui se passait.

Il vit d'abord Monsieur MacGregor qui sarclait les oignons. Il tournait le
dos à Pierre et là-bas, au fond, il y avait le portail. Pierre descendit de la
brouette le plus silencieusement possible, puis il se mit à courir aussi vite
qu'il le put le long d'une allée derrière les groseilliers.

Monsieur MacGregor l'aperçut au coin de l'allée, mais Pierre ne s'en
soucia guère. Il se glissa sous le portail et parvint à s'échapper dans les
bois. Monsieur MacGrégor se servit de la veste et des chaussures de
Pierre pour fabriquer un épouvantail et faire peur aux corbeaux.

Pierre courut sans s'arrêter ni même jeter un coup d'œil derrière lui
jusqu'au grand sapin où il habitait. Il était si fatigué qu'il se laissa tomber
sur le sable douillet qui recouvrait le sol du terrier et ferma les yeux.
Sa mère était en train de faire la cuisine. Elle se demanda ce que Pierre
avait fait de ses vêtements. C'était la deuxième veste et la deuxième
paire de chaussures qu'il perdait en quinze jours !

Je dois vous dire que Pierre ne se sentit pas très bien pendant toute la
soirée. Sa mère le mit au lit, lui prépara une infusion de camomille et lui
en fit boire une bonne dose ! C'était comme un médicament : une
cuillerée à soupe le soir avant de se coucher !

Flopsaut, Trotsaut et Queue-de-Coton, en revanche, eurent du pain, du
lait et des mûres pour leur dîner.


Pierre Lapin - Beatrix Potter - Folio Benjamin

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