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mardi 24 avril 2012

Le cheval et la plume enchantée

Quelque part loin de là, vivait un couple
marié depuis des lustres. A un âge
avancé, ils eurent un fils. Hélas, quand
leur enfant n'était pas encore tout à
fait un homme, les parents rendirent
l'âme. C'est alors qu'un vieux mendiant
de passage fit à l'adolescent une
proposition étrange :

- Cela te dirait de vaquer avec moi de par le vaste monde pour y chercher
   fortune ?
- Cela me dirait, assura le garçon.
- Il faudra venir en aide à quiconque sera dans la détresse... ajouta le mendiant.
- Je suis d'accord.
- Alors, tu dois dire à haute et intelligible voix : Que ce vieux mendiant se
   métamorphose en cheval fringuant !

Le garçon de faire le voeu, le vieux mendiant de se métamorphoser en cheval
fringuant, le garçon de sauter sur son dos, et tous deux de vaquer de par le
vaste monde pour y chercher fortune.

Un beau matin, alors qu'ils sont en route, le garçon ramasse sur la berge d'une
rivière un poisson près de s'asphyxier. Il
remet à l'eau le gardon, qui le remercie :

- A l'avenir, si tu te trouves dans l'ennui,
   appelle-moi. Je saurai me souvenir de
   toi.

Le jour suivant, les compères parviennent au pied d'une montagne. Le cheval
recommande :

- Ne touche ni n'emporte rien de ce qui lui appartient.

Volette une plume jusque dans la bouche du garçon. Il la recrache, et la recrache,
et la recrache, rien à faire, la plume volette, et volette, et volette jusque dans sa
bouche. Le jeune homme la trouve jolie, l'attrape et la fourre dans sa poche.
Au-delà de la montagne, les voyageurs touchent aux marches d'une forteresse :
y habite un géant solitaire souffrant la faim, à qui le garçon offre le contenu de sa
gibecière. Rassasié, le géant le remercie :

- A l'avenir, si tu te trouves dans l'ennui, appelle-moi. Je
   saurai me souvenir de toi.

Chemin faisant, le cheval s'inquiète :

- N'aurais-tu pas emporté une chose qui appartient à la
   montagne ?
- Rien que cette plume.
- Cette plume est enchantée et source d'ennuie.
   Maintenant que tu l'as, hélas, il te faut la garder,
   soupire le cheval.

Après des kilomètres, les tours d'un palais surgissent à l'horizon. Le garçon se
présente à l'entrée :

- Auriez-vous du travail pour moi ?
- Le maître d'écriture a besoin d'un nouvel aide. Si tu es intéressé, tu peux t'inscrire
   pour passer les épreuves.

Comme le garçon est engagé, les copistes s'interrogent :

- D'où vient à ce si jeune garçon un tel talent pour l'écriture ?

Un jour un copiste vola la plume et la montre au maître d'écriture :

- Maître, celui qui a obtenu la plume peut obtenir l'oiseau auquel elle appartient.

Aussitôt, le maître d'écriture exige du garçon
qu'il aille lui chercher l'oiseau. Le cheval
lui indique la marche à suivre :

- Réclame trois jours de congé et trois sacs
   d'or.

Il s'en vont chercher l'oiseau, qui est laid et
sale, le capturent et le rapportent au maître
d'écriture :

- Maître, cet oiseau n'est pas si mal mais la femme à qui il appartient est bien mieux.

Le maître d'écriture exige du garçon qu'il lui ramène la femme à qui appartient
l'oiseau. Le cheval sermonne le jeune homme :

- Je te l'avais dit que cette plume allait te causer des ennuis. Réclame trois jours
   de congé et trois sacs d'or, puis dis à haute et intelligible voix : Que ce cheval
   fringuant se métamorphose en bateau sachant voguer !

Chargé de tissus précieux, le bateau vogue jusqu'au château de la femme à qui
appartient l'oiseau. Elle monte sur le bateau, admire les soieries. Le garçon en
profite et lève l'encre. Alors, la femme jette ses clefs à l'eau. A l'arrivée de la
femme à qui appartient l'oiseau, le copiste qui a volé la plume murmure au maître
d'écriture :

- Maître, celui qui a obtenu la femme obtient le château.

Le cheval indique au garçon la marche à suivre :

- Réclame trois jours de congé et trois sacs d'or, et allons de ce pas nous
   rappeler au bon souvenir du géant et à celui du gardon.

Venir en aide au garçon ? Le géant et le gardon ne demandent pas mieux.

- Toi, géant, dit le cheval, bloque l'accès du château de la femme à qui
   appartient l'oiseau avec une chaîne gigantesque et toi, gardon, frétille dans
   les douves et rapporte les clés de la femme à qui appartient l'oiseau.

Quand le garçon rend ses clés à la femme,
elle l'interroge :

- Qu'est-ce que tu préfères, avoir la tête
   coupée ou que ton maître ait la tête
   coupée ?
- Avoir la tête coupée, répond le garçon.
- Tu as bien répondu. C'est celle de ton
   maître qui va rouler sur le sol.

C'est ainsi que le garçon qui avait dérobé
à la montagne la plume de l'oiseau qui appartient à la femme épousa cette dernière.

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