publicité

jeudi 23 février 2012

Comment la poche est venue au kangourou

Maman kangourou était épuisé par son
bébé, le jeune Joey, qui lui donnait du
fil à retordre. Dès qu'elle avait le dos
tourné, il sautillait à droite et à gauche
pour explorer le monde. Elle avait peur
de finir par le perdre. Un matin, alors
que Joey et sa mère broutaient dans les
plaines, un wombat très vieux et affaiblit
rampa jusqu'à eux.

- Je suis malade et aveugle, dit-il. J'ai faim
   et soif. Et je n'ai pas un seul ami au
   monde.

Maman kangourou eut pitié de lui.

- Je veux bien être ton amie, dit-elle. Accroche-toi à ma queue, et je vais
   te trouver un endroit ou boire.

Et ils se mirent en route. Le trajet ne fut pas facile. Le vieux wombat passait
son temps à lâcher la queue de maman kangourou, et Joey à traîner derrière.
Mais enfin, ils atteignirent un point d'eau. Alors, le vieux wombat put boire,
boire et boire encore. Puis il recommença à se plaindre :

- Oh la la, comme j'ai faim ! Je suis affamé, je
   n'ai pas mangé depuis des jours !
- Accroche-toi à ma queue, répondit maman
   kangourou. Je vais t'emmener dans un
   endroit où l'herbe est tendre.

Et ils repartirent. Cette fois, le voyage fut
encore plus difficile. Le vieux wombat
passait son temps à décrocher. Joey était
fatigué et grognon, et il voulait que sa mère
le porte. Mais les petits bras de maman
kangourou étaient trop courts. Péniblement, ils poursuivirent leur chemin. Enfin, ils parvinrent à une riante étendue d'herbe grasse. Et le vieux wombat mangea, mangea et mangea encore.

Maman kangourou le ragardait, heureuse qu'il eût enfin l'air content. Soudain, elle
se figea. Elle resta parfaitement droite et immobile. Son nez frémit. Elle sentait un
danger. Un instant plus tard, un chasseur armé d'un boomerang courait vers eux,
les yeux rivés sur le wombat.

- Si je ne viens pas en aide à cette pauvre vieille bête, se dit maman kangourou, le
   chasseur va la tuer.

Elle fit des bonds devant le chasseur pour attirer l'attention, puis s'eloigna dans les
plaines. Le chasseur se dit qu'un steak de kangourou serait bien meilleur qu'un
vieux wombat coriace. Il s'élança sur les traces demaman kangourou. Il lança son
boomerang. Mais maman kangourou courait plus vite que le chasseur, et elle
esquivait son boomerang. Elle le fit courir,courir et courir encore. A travers les
broussailles. D'un bond à l'autre de la plaine. Par-delà les collines. Jusqu'à ce que
le chasseur,  épuisé et déçu, rentrât chez lui.

Alors maman kangourou revint à l'endroit où elle avait laissé son Joey et le
wombat. Ils n'étaient plus là. Affolée, maman kangourou s'élança à leur
recherche. Elle fouilla les broussailles. Elle scruta les rochers, et l'ombrage
des arbres. Sans cesser de crier :

- Joey, Joey ! Où es-tu ?

Enfin, elle le trouva,endormi sous un eucalyptus. Elle le berça dans ses petits bras.

- Oh, Joey ! murmura-t-elle. Cette fois-ci, j'ai bien cru que je t'avais perdu.

Elle lui demanda ce qu'était devenu le vieux wombat. Mais tout ce que put lui dire
Joey fut qu'il avait "disparu comme par enchantement". Ce que ni Joey ni sa mère
ne savaient, c'était que le vieux wombat tout faible, en réalité, n'était pas du tout
un wombat. C'était un esprit du créateur qui était descendu sur terre pour trouver
et récompenser l'animal le plus gentil et le plus doux.

L'esprit créateur avait décidé qu'aucun animal ne pouvait être plus gentil et plus
doux que maman kangourou. Aussi, cette nuit-là, pendant que maman kangourou
dormait, l'esprit laissa un cadeau à côté d'elle : un sac tressé avec de la ficelle.
Quand maman kangourou se réveilla et vit le sac, elle se demanda tout d'abord
ce qu'elle allait en faire. Elle le noua autour de sa taille. Et en un instant, l'esprit
le transforma en une poche.


Le petit Joey avait désormais un
endroit où se reposer, dormir,
rester au chaud et se cacher.
Maman kangourou avait un
endroit où elle pouvait garder
son Joey tout contre elle tant
qu'il était petit ou quand il était
en danger. Depuis lors, les kangourous et autres marsupiaux sont les seuls animaux au monde pourvus d'une poche, dans laquelle ils font naître leurs enfants et s'en occupent.

1 commentaire: