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mercredi 22 février 2012

Le petit chaperon vert

Il était une fois une petite fille que tout le monde
appelait "petit chaperon vert" parce qu'elle
portait une sorte de capuchon pointu et vert. Sa
grande soeur portait un chaperon jaune et sa
meilleure amie un chaperon bleu. Mais elle avait
une ennemie (une petite fille qu'elle détestait
parce que c'était une menteuse) qui portait un
chaperon rouge... et celle-là, elle la détestait
vraiment.

Un jour, sa mère lui dit :

- Petit chaperon vert, ta grand-mère est très malade.
- Oh non ! fit la petite fille qui aimait beaucoup sa grand-mère.
- Il faut lui porter des médicaments et des bonnes choses à manger, mais ni
   ta soeur, ni ton père ne sont là. Est-ce que tu as le courage d'y aller, malgré
   le loup qui rôde, affamé, dans la forêt ?
- Bien sûr, répondit la petite fille.
- Voilà, prends ce panier et va, mais fais bien attention au loup !
- Oui, oui, dit la petite fille.

Elle partit courageusement après avoir mis son chaperon vert. Et dans les bois,
qui rencontra-t-elle ? Le petit chaperon rouge, qui cueillait des fleurs et ramassait
des girolles ! Elle aussi avait un panier rempli de médicaments et de nourriture, et
le petit chaperon vert pensa que sa grand-mère aussi devait être malade. Comme
elle la détestait, elle ne lui dit pas bonjour et passa son chemin.

Elle n'avait pas fait cent pas qu'un énorme loup noir la croisa en courant, hors
d'haleine. Elle n'eut même pas le temps d'avoir vraiment peur, tellement le loup
allait vite; et il ne fit pas attention à la petite fille tout de vert vêtue, assise dans
les herbes vertes de la forêt. Une fois remise de ses émotions elle reprit son
chemin.

Arrivée chez sa grand-mère, le petit chaperon
vert tira la chevillette pour que la bobinette
puisse choir, et la porte s'ouvrit. La petite fille
donna ses médicaments et les bonnes choses
à manger à sa grand-mère. La vieille dame ne
voulut même pas y goûter tellement elle se
sentait mal.

- Ne t'approche pas de bmoi, dit-elle à la petite fille, tu es mbignonne à croquer bais
   j'ai un gros rhumbe et tu risques de l'attraper. Il ne mbanquerait plus que ça !
- Bien, grand-mère, dit la petite fille. Alors je m'en vais. Au revoir ! Ah ! J'ai
   oublié de te le dire : j'ai rencontré le loup.
- Hein ? dit la grand-mère. Mbon dieu ! Et tu n'as pas eu peur ?
- Pas du tout, dit la petite fille. Il courait tellement vite qu'il n'a pas eu le temps de
   me voir.
- Mbon dieu ! répéta la grand-mère. Quelle chance tu as eue !

Elle lui fit un baiser sur la main et la petite fille s'en alla. Sur le chemin du retour,
elle croisa le petit chaperon rouge qui continuait à cueillir des fleurs bien
tranquillement.

- Tu sais, lui dit le petit chaperon vert, je ne t'aime pas mais je voudrais quand
   même te prévenir : j'ai vu le loup, tout à l'heure !
- Moi aussi, moi aussi, chantonna le petit chaperon rouge en lui tirant la langue.
   Il m'a même demandé ce-que-je-faisais dans les bois et-où-j'allais avec mon
   panier, nananananère !
- Attention, il est très méchant ! dit le petit chaperon vert. Tu chantes, tu chantes,
   mais tu sais ce qui peut arriver ? Eh bien, il peut te manger et même manger
   ta grand-mère !
- Manger ma grand-mère ? fit le petit chaperon rouge en levant les yeux au
   ciel. Pfff ! Tu dis n'importe quoi !
- On verra, dit le petit chaperon vert, on verra !

Le petit chaperon rouge lui tira une dernière
fois la langue et continua à cueillir des fleurs
comme si de rien n'était. Le petit chaperon
vert rentra à la maison.

- Alors ? lui dit sa maman. Tout s'est bien passé ?
- Très bien, dit le petit chaperon vert.
   Mère-grand a simplement un gros
   rhume et elle n'a pas voulu m'embrasser.
   Je lui ai quand même donné tout ce que tu as préparé pour elle.
- Bien, dit sa maman. Et tu n'as rencontré personne dans le bois ?
- Si ! Le petit chaperon rouge. Et puis le loup, aussi.
- Mon dieu ! fit la maman. Le petit chaperon rouge ? Mais c'est terrible, ce que tu
   me dis là ! Le loup va la manger ! Ne sais-tu pas que le loup mange tout ce qui
   est rouge ? La viande rouge, les fruits rouges, mais surtout les petites filles
   habillées en rouge ?
- Mais non, maman, ne t'inquiète pas, dit la petite fille. J'ai vu le petit chaperon
   rouge après avoir vu le loup et d'ailleurs, le loup courait à toute vitesse, il
   avait l'air très pressé.
- Ah bon ! fit la maman avec un soupir de soulagement. Tu me rassures. Mais quand
   même, je ne suis pas tout à fait tranquille, tu ne voudrais pas la raccompagner
   chez elle ? Je sais que tu n'aimes pas tellement le petit chaperon rouge, mais si
   jamais il arrivait quelque chose, ce serait terrible ! Et toi, habillée en vert, avec
   ton chaperon vert parmi les hautes herbes vertes de la forêt verte, tu ne risque
   pas grand-chose et c'est d'ailleurs pour ça que je t'habille toujours en vert.

Le petit chaperon vert retourna courageusement dans le bois bien que la nuit fût
sur le point de tomber et qu'elle détestât le petit chaperon rouge. A peine
avait-elle fait deux cents pas qu'elle rencontra des chasseurs qui transportaient
le loup ligoté sur une branche, tout à fait mort. Et qui les accompagnait ? Le petit
chaperon rouge, qui courut vers elle dès qu'elle l'aperçut, en chantant :

- Tu avais raison, tu avais raison, le loup m'a mangée, le loup m'a mangée,
   et-il-a-aussi mangé ma grand-mère, nananananère.
- Je ne te crois pas ! dit le petit chaperon vert. Tu es une menteuse. J'ai dit
   ça pour te faire peur et toi tu crois que c'est la vérité ?
- Et même qu'on nous a sorties toutes les deux du ventre du loup,
   nananananère ! répondit le petit chaperon rouge.

Mais Le petit chaperon vert lui tournait déjà le dos et rentrait à la maison en
haussant les épaules. Arrivées chez elle, elle dit à sa mère :

- Maman, le petit chaperon rouge est rentré chez elle et les
   chasseurs ont tué le loup !... Et tu sais ce qu'elle m'a dit,
   cette menteuse de petit chaperon rouge ? Que le loup 
   l'avait mangée, et même qu'il avait mangé sa grand-mère !
   Et qu'on les avait sorties du ventre du loup toutes les deux !

- Oh ! dit la maman. Tu sais, il y a des enfants qui mentent et ce
   n'est pas bien du tout. C'est pourquoi je te demande de ne
   jamais mentir.
- Je te le promets, dit le petit chaperon vert.

Et sa mère lui fit un baiser.

- D'ailleurs, un jour, personne ne la croira plus, si elle ment tout le temps, ajouta le
   petit chaperon vert.
- Exactement, dit sa mère.

Et toutes les deux se mirent au coin du feu en attendant que le dîner cuise. Dehors,
le  vent soufflait à faire bien froid, au coeur de la forêt.


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