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vendredi 22 juillet 2011

Les deux grenouilles

Il était une fois deux petites grenouilles qui vivaient dans le même étang.
L'une d'elles était courageuse, travailleuse et
gaie, tandis que l'autre était paresseuse et de
caractère maussade. Pourtant elles
s'entendaient très bien, ces deux grenouilles,
et vivaient en bonnes camarades. Un soir,
elles sortirent faire un petit tour. Et tout en
se promenant, elles aperçurent une
maisonnette.

- Allons voir de plus près, proposa la première grenouillette.

Sous la maison il y avait une cave. Et de cette cave venait une odeur délicieuse :
cela sentait le moisi, l'humidité, les champignons; juste une odeur pour plaire
aux grenouilles !

- Hum ! que ça sent bon ! dit le seconde grenouille.

Elles passèrent par le soupirail et se mirent à jouer. Elles sautaient sur les tonneaux,
jouaient à cache-cache parmi les bouteilles et les pots et s'amusaient vraiment
beaucoup, quand tout d'un coup, elles glissèrent et tombèrent toutes les deux dans
une jarre pleine de crème.

Les grenouilles sont bonnes nageuses, comme chacun sait, mais elles avaient beau
agiter leurs pattes, elles ne parvenaient pas à se dégager de la crème ni à grimper 
contre les parois lisses et glissantes de la jarre; elles retombaient continuellement.
La grenouille paresseuse et peureuse se découragea vite.

- A quoi bon lutter ? dit-elle. Je vais me fatiguer
   en vain. Autant en finir tout de suite.

- Mais non ! disait l'autre. Nage, ne perds pas
   courage ! On ne sait jamais, tâchons de
   gagner du temps...

- Non, non, disait la paresseuse. Tant pis,
   j'abandonne... Et puis, cette crème
   est écoeurante...

Et elle se laissa couler et se noya. L'autre grenouille continuait à se débattre de
toutes ses forces. Elle essayait de grimper sur la paroi de la jarre, glissait, puis
recommençait sans se lasser. La courageuse petite bête frappait, frappait la
crème en détendant ses longues cuisses.

- Je ne veux pas me noyer, se répétait-elle, je ne veux pas me noyer... Allons
   encore un peu de courage... 

Mais ses forces diminuaient. La tête commençait à lui tourner.

- Vais-je vraiment me noyer ? se disait-elle. Allons, encore un petit effort...
   Je vais quand même arriver à me sauver... On n'a jamais vu une grenouille
   périr dans un pot de crème !

Et elle agitait, agitait ses pattes, malgré la fatigue qui l'envahissait, l'engourdissait,
l'affaiblissait de plus en plus. La grenouille semblait
perdue. Et quelque chose changea soudain. La
crème n'était plus molle ni liquide, la crème
n'était plus crème, les pattes de la grenouille ne
s'enfonçaient plus, mais pouvaient prendre
appui sur une base solide.

- Ouf ! soupira la grenouille à bout de forces.

Et elle regarda autour d'elle :
ELLE ETAIT ASSISE SUR DU BEURRE !

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