dans cette forêt où ses parents l’avaient amené.
Par
nature, la famille se tenait souvent à l’écart
des autres habitants, si bien que Thibaud
n’avait pas encore trouvé de
véritable ami.
Sur les sentiers recouverts de neige, il avait
déjà
croisé deux voisins discrets, François
le putois et Blandeuil
l’écureuil. Après une phase
d’observation, ils avaient échangé
quelques
paroles. À tous les trois, on avait appris la
méfiance, ce
qui rend les échanges prudents.
Thibaud ne savait pas s’ils
apprécieraient de jouer avec lui, il n’osait même
pas leur demander, de peur d’essuyer un refus. Au moment où il allait se
décider
enfin, les préparatifs de Noël avaient incité chacun à
rester chez soi. Ses parents
lui avaient organisé un beau réveillon.
L’heure de se coucher approcha. Sa
maman se coula près de lui et
il fut enveloppé dans son souffle chaud.
- A quoi penses-tu, Thibaud ? lui
demanda-t-elle.
- Au Père Noël, maman. C’est vrai
qu’il apporte des cadeaux ?
- Oui. Qu’aimerais-tu recevoir ?
fut : “Des copains”. Mais il savait qu’on
ne met
pas des copains dans un papier cadeau au pied
d’un sapin.
- Je ne sais pas, répondit-il.
- Le Père Noël saura trouver ce qui te
fait
plaisir, dit sa maman avant de l’embrasser
sur le front.
- Je le verrai ? fit Thibaud qui sentait
le
sommeil le gagner.
- Non, chéri, on ne voit pas le Père
Noël,
sauf avec son cœur. Il faut dormir,
maintenant. Bonne nuit.
Mais sa maman se trompait… Il n’était
pas minuit quand Thibaud entendit du bruit
d’un manteau rouge. Ses yeux bleus débordaient de tendresse.
- Oh, pardon, je t’ai réveillé
Thibaud ! s’excusa-t-il.
Le Père Noël sourit.
- Bien sûr.
- Maman m’a dit que je ne vous verrais
pas, dit
Thibaud.
- En temps normal, elle aurait eu raison,
dit Le
Père Noël, mais je suis un peu perturbé.
- Que vous arrive-t-il ?
Noël hésita, se pencha vers lui et poursuivit :
Bon,
après tout, je peux te le confier : j’ai perdu
un cadeau. Celui de François le putois, que tu
connais un peu je crois.
C’est ennuyeux. Thibaud n’hésita
pas une seconde. Il se redressa et lança :
- Donnez-lui le mien !
- Tu veux dire, que je lui donne le
cadeau qui t’était destiné ?
- Oui. C’est vrai, j’aime bien les
cadeaux, mais je serais triste de savoir que j’en
ai reçu un et
pas lui.
Le sourire du Père Noël réapparut,
plus large qu’avant. Il s’approcha du louveteau
et dit :
- C’est étrange ce que tu me proposes
là, Thibaud.
- Pourquoi ?
- Je vais te raconter une petite
histoire. Avant de
venir te rendre visite, je suis passé chez François
le putois. Je lui ai avoué avoir perdu le cadeau de
Blandeuil l’écureuil. Comme toi, sans hésiter, il
m’a suggéré
de lui donner le sien. Puis je suis
allé chez Blandeuil, et je lui
ai dit que j’avais
perdu ton cadeau. Sans réfléchir,
mon petit ami, que tous
les trois, vous avez des
choses en commun.
Maintenant, tu vas te
rendormir, et demain matin, il est possible que tu trouves près
de ton lit un cadeau qu’aurait retrouvé ce Père Noël décidément
bien distrait…
et le sommeil l’envahit sans qu’il puisse lutter. Le
lendemain, il sut en se réveillant pour de bon que
le Père Noël
avait dit vrai. Un paquet l’attendait.
En l’ouvrant, il découvrit
un énorme sac de billes
de toutes les couleurs.
un circuit compliqué, avec des virages, des ponts,
des tunnels. De quoi faire des courses du
tonnerre,
pour peu qu’on ait des copains avec qui les organiser !
Il sortit en courant de chez lui. Il n’eut pas beaucoup de chemin à parcourir. Deux silhouettes l’attendaient un peu plus loin,
celles de Blandeuil et François. Ils lui firent un signe de la patte. Il le
leur rendit et
courut les rejoindre.
Le noël de Thibaud le louveteau - Stéphane Daniel – Illustration
Johanna Crainmark.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire